lundi 14 juillet 2025
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CENTRE CULTUREL RENÉ-CHAR : Laisser des traces

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MARION ROCH © Marcel Hartmann

La chanson sera particulièrement choyée avec Gabriel Saglio, fondateur des Vieilles Pies, et ses compositions chaloupées ou Les Fatals Picards dont le mélange punk-rock-reggae ne se présente plus, tandis que Marion Roch, coup de cœur de l’Académie Charles Cros, distille ses textes intenses et que les cinq musiciens de la « saga » B.A.B.A de la Chanson poursuivront leur exploration de l’alphabet en musique par les lettres « CDEF », suscitant d’hilarantes rencontres. On partira pour de lointains voyages grâce au Duo Mazhar (en arabe, mazhar c’est l’eau de fleur d’oranger) et ses musiques et transes du Levant, et au trio A vuci longa, qui explore les vocalités de la culture populaire sicilienne. On rira en musique avec Une vie de pianiste de Paul Staïcu, on se laissera porter par le « trio atypique » constitué d’un hautbois (Patrice Barsey), d’un bandonéon (Yvonne Hahn) et d’un accordéon (Éric Pisani). Les marionnettes de Monsieur Blanc répondront à l’humour de Fairy. Le handicap sera évoqué avec Tourette de la compagnie Joli mai, portrait tout en finesse d’une jeune fille qui oscille entre révolte et appétit de vivre. Deux événements scanderont le premier semestre : les 42ème Rencontres internationales Accordéon et Cultures, et les Rencontres Cinéma, Histoire(s) d’un regard.  

MARYVONNE COLOMBANI

Centre culturel René-Char
Digne-les-Bains
04 92 30 87 10 
centreculturelrenechar.fr

THÉÂTRES EN DRACÉNIE : Cirques d’ailleurs et danses d’ici

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Les géans de la montagne © Simon Gosselin

Zibeline. Comment avez-vous choisi les spectacles de cette saison ?

Maria Claverie-Ricard. Hormis la dimension pluridisciplinaire et éclectique, et la volonté de toucher le plus de personnes possibles, il n’y a pas d’axe particulier. Il y a d’un côté des spectacles qui peuvent paraître un peu pointus, mais qui sont en même temps très accessibles, et des spectacles plus populaires, à voir et à découvrir notamment en famille. Ceci dit, le théâtre est conventionné scène art et création, on a donc aussi, avec des artistes associés, des créations. Et un axe danse contemporaine important, historique, depuis plus de vingt ans, qu’on a renforcé il y a huit ans en créant un festival, L’Imprudanse. Il a lieu en mars-avril, et rencontre un franc-succès. On va le faire passer d’une à trois semaines pour l’édition 2024. 

De la danse est également programmée en ce début de saison ?

L’un de nos artistes associés est le chorégraphe Nassim Batou. On entame la troisième saison avec lui, en l’accompagnant sur sa prochaine pièce, Notre dernière nuit dont la création se fera lors du festival. Il commence ses répétitions mi-septembre, ce qui nous permet de proposer au public de venir le rencontrer, pour découvrir l’envers du décor, et les différentes phases de répétition d’un spectacle. Ainsi que tout l’aspect technique, qu’il va retravailler pendant la même période, sur sa pièce très connue, Dividus. Puis Sebastien Ly sera en résidence pour sa prochaine chorégraphie Sideral, ce qui va nous permettre de proposer le même type de rendez-vous. Mais il va y avoir également un très grand moment, en novembre, avec la compagnie taïwanaise B Dance, qu’on attend avec impatience, Alice. Une vingtaine de danseurs à la technique irréprochable, un spectacle à la scénographie et à l’écriture absolument magnifiques. 

ALICE BDANCE by © Chao-Sheng

Et en ce qui concerne les rendez-vous cirque ?

Pour moi le cirque et la danse sont des cousins très germains. On a la chance d’ouvrir la saison avec Les 7 doigts de la main, compagnie canadienne, et leur dernière création Duel Reality, ré-écriture du mythe de Roméo et Juliette. Ils l’ont présenté au festival international d’Édimbourg pendant tout le mois d’août, ils ont eu une réception publique et critique dithyrambique ! En novembre, pour l’une de nos multiples programmations décentralisées, qu’on va présenter au Thoronet, en partenariat avec le Pôle des Arts du Cirque de Revest, on a la Cie franco-italienne Circo Zoé, avec Deserance, du cirque de chapiteau dans toute sa splendeur. Et au mois de décembre, deux grands spectacles, à voir et à partager absolument en famille. Glob, duo de clowns canadiens tout en douceur et en finesse. Et les incroyables suisses de Mummenschanz, qui fête ses 50 ans. Là on n’est pas vraiment dans le cirque, on est plutôt sur du théâtre d’objet et de la magie, accompagnés de multiples prouesses acrobatiques. Un univers totalement déjanté, très drôle, plein de personnages très différents, un moment magnifique.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARC VOIRY

MONTPELLIER : Alternatives terrestres

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MOVING EARTH _ Trilogie Terrestre © Bruno Simao

Si la metteuse en scène Frédérique Aït-Touati (qui est aussi historienne de la littérature et des sciences) a choisi d’appeler sa compagnie Zone Critique, ce n’est pas pour faire joli. La « zone critique » est l’appellation qu’ont donné les géochimistes à la mince pellicule superficielle de la terre où l’eau, le sol, le sous-sol et le monde du vivant interagissent. S’y concentrent la vie, les activités humaines, et leurs ressources. Référence parfaite pour le projet de la compagnie, qui tout en explorant différents modes d’écriture théâtrale, interroge les imaginaires scientifiques et écologiques. En 2016, Frédérique Aït-Touati s’est associée au philosophe et anthropologue Bruno Latour (décédé en 2022), penseur majeur de l’anthropocène, se consacrant notamment à l’étude des manières qu’ont les êtres humains d’habiter les écosystèmes. Collaboration artistique qui a abouti en 2020, après plusieurs étapes, à La Trilogie terrestre, ensemble de trois conférences-performances, présenté en intégrale pour la première fois en 2022 à au festival Les Anthroposcènes au Tangram, puis au festival Crossing the Lines du FIAF à New York.

Renouveler les représentations 

Interprétée par l’acteur Duncan Evennou, au sein d’un dispositif scénique, vidéo et lumières de Patrick Laffont de Lojo, La Trilogie terrestre texte de Bruno Latour, mise en scène de Frédérique Aït-Touati, concrétise sur scène plusieurs années de réflexion, « d’essais scéniques » et d’expérimentations philosophiques. Elle comprend Inside (2016), qui invite à changer notre regard sur le globe terrestre à travers des représentations alternatives : voir la Terre non plus de loin, bille bleue perdue dans le cosmos, mais en coupe. Puis Moving earth (2019) qui interroge notre expérience de la terre en mouvement, et notre façon de marcher : non plus sur la Terre, mais avec ! Quant à Viral (2020) elle présente la contagion comme processus essentiel à la constitution de notre monde. Car nous sommes incapables de survivre sans la superposition et l’entrelacement avec les autres vivants. Autrement dit, sans contagion. 

MARC VOIRY

La Trilogie de la terre
28 et 29 septembre
Théâtre La Vignette, Montpellier
04 67 14 55 98
theatre.univ-montp3.fr

THÉÂTRE DU BOIS DE L’AUNE : Jamais trop grand le théâtre !

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L'arbre à sang est donné le 7 octobre @PierreGondard

Zébuline. Pourquoi ce mot d’ordre « voir trop grand » ? 

Patrick Ranchain. Justement ! Il faut voir trop grand dans un monde étriqué et continuer à envisager le futur. Est-ce un rapport au monde naïf ? Les gens ne viennent pas au théâtre pour voir ce qu’il y aux infos. Dans le « trop grand » j’aimerais inclure les représentations, les multiplier, faire vivre les spectacles sur une réelle durée. La production c’est bien, l’aide qui l’accompagne aussi, mais 90% des structures ont dans leur cahier des charges cette fonction de soutien à la création, et il n’y a pas suffisamment de suivi pour la diffusion. 

On parle toujours de la gratuité comme facteur incitatif…

Faux, totalement ! La gratuité vient en fait au secours des personnes qui ont déjà l’habitude d’aller au théâtre et qui, par raison économique, ne peuvent plus se permettre d’assister à des représentations. Ce n’est pas la gratuité qui amène les gens au théâtre. Le meilleur endroit de la gratuité est celui qui permettrait à ceux qui ne sont jamais venus au théâtre et n’en ont pas éprouvé le besoin de s’y rendre et d’y revenir. La rencontre de l’imaginaire des autres, la confrontation des idées, des esthétiques, ne semblent ni nécessaires ni urgentes, mais, et c’est la beauté des arts, sont justement pour cela nécessaires et urgentes.

Il y a une responsabilité des théâtres ? Ce sont des lieux engagés?

Le théâtre est politique au sens qu’il est dans la cité, et qu’il a donc une responsabilité citoyenne. Ainsi, alors que le spectre du RN se profile avec de plus en plus de force, il ne faut pas se cantonner dans une lettre ouverte collective et indignée, deux mois avant les élections. C’est aujourd’hui que nous devons être dynamiques. Il me plaît de croire encore que les petits gestes que l’on fait au théâtre modifient les choses. Les mots doivent être justes, à l’endroit de nos actes. 

Tout part du plateau dans un théâtre, c’est toujours ça, quel que soit le théâtre. Si le plateau est beau, on fait un rétroplanning et tout devient beau. Quand on passe la porte du hall du Bois de l’Aune, se passe quelque chose de l’ordre de l’hospitalité. L’équipe y est dynamique parce que le plateau est beau. Désormais on peut venir prendre un café, lire les journaux C’est ça une maison dans laquelle on se sent bien, un lieu ouvert, au sens de l’agora.

Comment s’élabore la saison ? 

Ce ne sont pas les spectacles qui importent mais les personnes, leurs démarches artistiques. Cette année, je me suis rendu compte que la majorité des spectacles racontent des histoires. Il y a beaucoup de compagnies de la région, des compagnonnages, des nouveaux, les projets participatifs de Taoufik Izzediou et Élise Vigneron, le projet au long cours de Marie Vialle, la générosité d’Agnès Régolo, l’incroyable présence de Julien Anduvar à qui j’ai confié l’ouverture de saison, une énergie iconoclaste et d’une hospitalité attentive… J’aime à reprendre la phrase du poète portugais Miguel Torga, « l’universel c’est le local moins les murs »… 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Théâtre du Bois de l’Aune
Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 
boisdelaune.fr

LES THÉÂTRES : Pour une saison lumineuse

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C’est au théâtre du Jeu de Paume que la conférence de presse annonçant la saison nouvelle a eu lieu, le public de journalistes et professionnels installé sur scène face aux rangées de fauteuils tendus de velours rouge. Dominique Bluzet, directeur des Théâtres, endossait, renouant avec ses amours premières, le rôle de l’acteur. Par cœur,  avec une faconde et un esprit d’escalier jubilatoires, et quelques précisions bienvenues sur cette entreprise de théâtre unique en France. Extraits !

A quoi ça sert un théâtre ? 

« Je voudrais d’abord raconter ce que nous sommes devenus. Depuis deux ou trois ans, l’activité des théâtres a été possible grâce à l’implication des collectivités, avec plus de 88% de moyenne de fréquentation, 35 000 artistes, 185 000 spectateurs et 220 000 avec les tournées. 

Les Théâtres sont une machine extraordinaire, ce sont des maisons avec de la ville autour, ce qui amène à un changement d’appréhension de notre territoire. Le Gymnase reste fermé pour travaux jusqu’en 2025 – et je remercie les théâtres qui nous accueillent en attendant- mais ces travaux illustrent bien notre changement de vision de cette maison de théâtre qui en 2025 sera au cœur d’un quartier reconstruit avec brasserie, restaurants autour. 

Bien sûr, la première mission du théâtre est d’amener les gens dans les salles, de leur offrir des aventures artistiques et humaines hors normes, en accompagnant les jeunes compagnies comme celle des Estivants et faire venir les grands artistes du moment. 

Mais se pose la question clé : à quoi ça sert un théâtre ? sa finalité est-elle uniquement celle de la représentation ? quelle est sa place dans la vie des gens, en quoi cela est-il important pour eux, en quoi cela les change-t-il ? 

Grâce à Aller vers, construit avec le Département, et Garçon un demi, dispositif dans les cafés, le spectacle s’est déplacé dans les EHPADs, les places de villages, les cafés. Mon équipe, merveilleuse, et moi nous interrogeons sans cesse sur notre rapport aux gens du territoire, ceux qui viennent et ceux qui ne viennent pas. 

Ainsi on ne conçoit plus le Festival de Pâques sans les  concerts décentralisés et les master classes. Avec l’ASSAMI, on va vers les gens en souffrance sociale ou physique ; tout citoyen, quel que soit son état, est en droit d’accéder à la culture. 

Pour les enfants il y a les opérations de médiation, mais aussi au festival de Pâques le Festival des Enfants, avec des tranches d’âge définies, qui expliquera depuis la partition jusqu’aux répétitions et la représentation le travail d’un grand orchestre. Le bus des enfants sera à leur disposition pour les amener au théâtre. »

Utopie en actes 

Et d’enchainer sur la présentation des spectacles, choisis dans un souci d’équilibre, mais aussi sur des fidélités et des coups de cœur. Sans abandonner l’utopie, sa foi dans un théâtre qui peut sauver le monde : « dans un monde où les ténèbres gagnent, on revendique accès à la lumière ».

C’est pourquoi il soutient le travail de Kamel Guemari, le « Che Guevara des MacDo » et l’Après-M fast food coopératif qui est aussi un lieu culturel et social. Car le directeur des Théâtres s’interroge depuis des années sur son rôle, affirmant que si « les spectacles, c’est le boulot des artistes » le sien est de mobiliser les énergies, par exemple par le mécénat, mais aussi convaincre les décideurs publics de la nécessité, voire de la rentabilité, d’une entreprise culturelle comme la sienne. Car le budget est important, et nécessite de soulever des montagnes pour produire ou accueillir 180 spectacles et concerts. 

Dominique Bluzet souligne encore « la chance d’exister sur un territoire avide de culture », des collectivités aux entreprises et aux spectateurs, qui lui permet de concilier proximité et international, chaleur et grand plateau… 

180 spectacles

J’ai trop d’amis © Christophe Raynaud de Lage

Il est des spectacles « producteurs d’émotions » auxquels les équipes des théâtres s’attachent particulièrement : Les vagues de Virginia Woolf interprétée par Élise Vigneron, poète du froid avec ses marionnettes de glace qui fondent le temps de la représentation ;  John a-dreams, la pièce de Serge Valletti revisite le thème d’Hamlet avec l’immense acteur Patrick Pineau ; le facétieux et profond Quand j’étais petite je voterai d’Émilie Capliez, adaptation du roman de Boris Le Roy.  

Côté danse nous embarquerons avec Josette Baïz, sélectionnée dans le cadre de l’Olympiade Culturelle 2024 pour  sa création Antipodes. Le voisin Angelin preljocaj aussi sera présent, avec sa création en mai, et la reprise de Blanche-Neige avant les fêtes..  

La venue du Ballet de l’Opéra de Paris se pérennise, comme celle de la Comédie Française,  complétées par l’Orchestre Philharmonique de Hong-Kong, l’Orchestre des Champs-Élysées…

Le festival Actoral s’invite aux Bernardines pour un Tea Time entre Christophe Fiat et Fred Nevché

Le festival Nouveaux Horizons, entièrement gratuit, fête sa quatrième édition, avec pléthore de propositions de haut vol mêlant musique dite classique et musiques contemporaines et de création, interprétées par huit virtuoses accompagnés par Renaud Capuçon et l’altiste Gérard Caussé : six créations mondiales par six compositeurs d’aujourd’hui.

Virtuosité et dépassement : en septembre Renaud Capuçon au violon et Kit Armstrong au piano donneront l’intégrale des Sonates pour violon de Mozart, une véritable gageure !

Calembours indisciplinaires  

La danse, le théâtre, la musique se côtoient et s’entrecroisent dans les divers lieux de la programmation. Dans  l’épaisse brochure programmatique de l’année 2023-2024, intitulée Lumière, se décline en calembours de circonstance, « en été, le clavier est toujours bien tempéré », « c’est comme ça qu’en automne, on chopin rhume », « inspirez, shakespearez, c’est le printemps »… L’espièglerie se poursuit et se fait saisonnière… 

MARYVONNE COLOMBANI

Les Théâtres 
Aix-en-Provence, Marseille
08 2013 2013 
lestheatres.net
Premières dates
26 au 29 septembre Actoral (voir notre article ici)
27 au 30 septembre Ballet de l’Opéra de Paris
29 au 30 septembre Intégrale des Sonates pour violon de Mozart

Qui brûle des livres ?

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À l'image de cette inscription, la librairie a reçu un soutien immédiat et chaleureux des habitants du quartier de la Plaine © G.C.

Il faut, avant que les travaux de rénovation ne soient effectués, passer par le couloir voisin. À l’intérieur, un pan de mur encore noirci, des rayons dégarnis. Une jeune femme venue commander de livres tend un sachet kraft à la libraire : « ce sont des prunes de mon jardin ». Autour de Mathilde Offroy et ses deux collègues, le soutien a été immédiat et chaleureux, à l’image du quartier de la Plaine où est implantée la librairie. « Il y a eu beaucoup de monde à l’apéro de soutien, les gens voulaient nous prêter des outils, nous apporter une aide financière. Mais les travaux vont être pris en charge par l’assurance, hors une franchise que nous allons pouvoir résorber sans conséquences. » 

Un rayon de la librairie où le feu s’est propagé © G.C.

Mathilde n’a pas peur, explique-t-elle. Pourtant, lorsque les pompiers sont intervenus dans la nuit du dimanche 10 septembre, ils ont tout de suite constaté qu’il s’agissait d’un incendie volontaire. Une simple vitre cassée, « juste assez pour mettre le feu à des cartons vides faciles à enflammer », et pas de revendication. Qui peut brûler des livres et mettre des vies en danger ? « Incendier le rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation  n’est pas un acte facile à revendiquer », soupire la libraire. « Nous avons porté plainte, cependant il n’y a pas eu d’enquête jusque-là. » Personne ne veut formuler d’accusation sans plus d’éléments (et les jours passant, il sera difficile d’en réunir), toutefois, relève-t-elle, « c’est une sale rentrée pour les librairies ». À Paris, deux établissements associatifs (La Brèche et Michèle Firk) ont été vandalisés pour leur positionnement militant, anti-raciste, féministe. « L’Hydre n’est pas une librairie militante, dans la mesure où nous sommes un commerce, même s’il s’agit d’une Scop, conclut Mathilde. Mais nous avons un positionnement politique à travers le choix de livres que nous proposons, et les rencontres que l’on organise, des vecteurs d’émancipation. »

GAËLLE CLOAREC

La réaction de Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille, en charge de la Culture 
« Cet incendie n'est pas anodin, déjà parce qu'il s'agit d'une librairie, un lieu culturel, mais encore plus parce qu'elle porte des valeurs engagées. Je les ai appelées, pour témoigner de notre solidarité, et je compte y passer. Vous m'apprenez qu'aucune enquête n'est encore diligentée, cela peut être une piste pour les aider : nous pourrions inviter à ce que la justice et la police fassent leur boulot. Si la plainte est banalisée et traitée avec le mépris, si cela ne bouge pas, je pourrais écrire à la Procureure de la République, car l'incendie criminel est caractérisé. En tout cas le message que je souhaite faire passer est que la meilleure aide que l'on puisse leur apporter est de fréquenter encore plus ce lieu. Il faut protéger et encourager les librairies, leur situation économique n'est déjà pas simple, si en plus surviennent ce genre d'actes délictueux, cela n'encourage pas à poursuivre leur activité et à donner envie à d'autres d'en ouvrir. C'est pour cela qu'il ne faut pas relativiser ! » G.C.

Magistral Trio Joubran

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Le Trio Joubran au festival Arabesques © Luc Jennepin

Ce dimanche 17 septembre, c’est devant un amphithéâtre du Domaine d’O plein à craquer que le Trio Joubran clôture l’édition 2023 du festival Arabesques. Magistral, ce concert se révèle à l’image des trois frères palestiniens qui composent le prestigieux trio : déterminé et engagé comme Samir (l’aîné), virtuose et délicat comme Wissam, fougueux et créatif comme Adnan (le plus jeune). Dans la lignée d’une famille d’oudistes sur quatre générations, ils sont depuis vingt ans les ambassadeurs musicaux de la Palestine libre à travers le monde. En faisant référence aux difficultés tragiques qui ont récemment touchées le Maroc et la Libye, Samir déclare sur scène : « Un artiste fait partie intégrante de l’univers qui l’entoure. Si nous voulons rester fidèles à nous-mêmes, nous ne pouvons pas venir sur scène et prétendre que tout va bien alors que le monde va mal« . 

Palestine au cœur

Le Trio Joubran s’est forgé une réputation à travers le monde grâce à l’intelligence avec laquelle les trois frères se sont approprié la musique traditionnelle classique arabe pour en redéfinir les codes grâce à leur maîtrise du oud. Ce luth oriental devient alors un instrument capable d’explorer des champs musicaux bien plus vastes, évoquant des territoires se rapprochant du jazz comme de la musique flamenco, en laissant une grande place à l’improvisation et à la rythmique. Des mots résonnent, que l’on devine être ceux du grand poète de la liberté, Mahmoud Darwich. À défaut de les comprendre, l’émotion intensément poétique et politique qu’ils portent nous atteint sans requérir une traduction. « Nous avons grand espoir qu’un jour nous pourrons rentrer chez nous« , lâche Samir dans un souffle. Avant que les oud reprennent leur course folle, se répondent avec malice, caracolent entre les rythmiques endiablées, accompagnés par deux percussionnistes (dont l’incroyable percussionniste-chanteur iranien Habib Meftah) et un violoncelliste librement… inspirés.

ALICE ROLAND

Le Trio Joubran était en concert le 17 septembre au Domaine d’O, Montpellier

CARRÉ SAINTE-MAXIME : Sous le signe du Carré

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La vie est une fete © philippe lebruman

Au Carré Sainte-Maxime, la première partie de saison invite Mourad Merzouki, Chimène Badi, Luc Langevin, Axel Bauer, Thibault de Montalembert, Gaspard Proust, Blanca Li, Les Chiens de Navarre et Fary ! Un anniversaire qui ne va pas attendre pour organiser sa fête : les 29 et 30 septembre, Nuits singulières #1, de 19h30 jusqu’au bout de la nuit, bar géant et garden-party, auxquelles se mêleront les 25 danseurs et les musiciens de la Cie Käfig, de Mourad Merzouki, figure pionnière et incontournable de la scène hip-hop française. Il recrée pour l’occasion Kaléidoscope, melting-pot spectaculaire embrassant trente ans de ses chorégraphies, créée l’année dernière à l’occasion de son départ du CCN de Créteil. 

Humour vache et chansons d’auteur

Les adeptes de comédie grinçante et/ou délirante vont être servis : Demain la revanche (10 novembre) de l’auteur « moliérisé » Sébastien Thiéry s’amuse avec un quadra paumé et amnésique qui débarque une nuit chez ses parents pour régler ses comptes… Joué par l’humoriste Gaspard Proust (son premier rôle au théâtre) avec Jean-Luc Moreau et Brigitte Catillon. Dans l’embarras du choix (9 décembre – nomination Molière 2022 de la meilleure comédie), de Sebastien Azzopardi et Sacha Danino, c’est un trentenaire tout aussi paumé, paralysé à l’idée de faire les mauvais choix de vie, qui s’en remet totalement aux avis du public pour influer sur son avenir, ses amours, son travail, ses relations amicales et familiales… Chalenge d’impros en vue ! Quant aux Chiens de Navarre, ils sont lâchés dans l’univers psychiatrique : La vie est une fête (13 janvier), ça fait mal et ça fait rire. Côté concerts, de la chanson française avec Axel Bauer (20 octobre), qui a signé les années 1980 avec son méga-tube Cargo, et vient de sortir son septième opus Radio Londres, en compagnie notamment de Boris Bergman, parolier historique d’Alain Bashung. Chimène Badi interprétera elle ses reprises des chansons cultes d’Edith Piaf (17 novembre), à qui elle rend un hommage vibrant dans son dernier album.

Inspiration Shakespeare

Shakespeare est dans la place ! Le cirque contemporain du collectif québécois Les 7 Doigts, Duel Reality (3 novembre) revisite à la croisée du cirque, du théâtre et de la danse le mythe shakespearien de Roméo et Juliette. Olivier Saccomano et Nathalie Garraud traversent d’interrogations politiques et théâtrales contemporaines les figures d’Hamlet et d’Ophélie, avec Un Hamlet de moins (22 novembre), quatre jeunes gens coincés sur un escalier et dans la pièce de Shakespeare depuis 420 ans, cherchent leur chemin ; et Institut Ophélie (25 novembre) que les deux co-directeurs du théâtre des 13 vents de Montpellier décrivent comme un « espace-temps réglé comme une montre folle, voué sans doute à la liquidation, où on fomente encore des œuvres et des batailles… ».

MARC VOIRY

Le Carré
Sainte-Maxime
04 94 56 77 77 
carre-sainte-maxime.fr

Dans la tête des designers

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© Anaïse Mourocq

4e édition pour la France Design Week, une manifestation nationale lancée en 2020 pour célébrer le design dans toute sa diversité. Cette année, il s’agit de valoriser l’innovation et le savoir-faire auprès du grand public. Installée à Montpellier, mais aussi à Crest et Lyon, l’agence de design entreautre co-organise pour l’occasion avec la designeuse montpelliéraine Camille Boyer une exposition collective intitulée DESIGNS du 21 au 27 septembre à la Halle Tropisme. Présentée au sein des 230m 2 de l’espace La Menuiserie, l’exposition DESIGNS met en lumière vingt projets, comme autant de façons d’explorer la multiplicité des champs du design : design produit, design graphique, design numérique, design typographique, design recherche… Il est fascinant de réaliser à quel point les domaines d’application sont vastes, de la mobilité au mobilier en passant par la médiation ou le médical. On peut ainsi découvrir les coulisses de la création de projets de tous genres : une cheminée, des tasses, des bactéries, des textiles recyclés, un vélo en bois, un fauteuil…

Défis à relever

Et l’arrêt de bus en terre éco-conçu Terra signé par l’agence entreautre, laquelle s’évertue à mettre un design engagé au service de la simplicité afin de concevoir des projets innovants à impacts positifs. DESIGNS est une façon comme une autre d’entrer dans la tête de ses concepteurs, tous basés à Montpellier et dans les environs, aux pratiques très différentes les uns des autres. Entre échantillons, esquisses et prototype, le visiteur peut ainsi s’immerger dans leurs questionnements, leurs processus de travail, se passionner pour leurs pistes de recherche, comprendre les défis à relever. Également au programme : des animations et ateliers pour petits et grands… À savoir que nombre des designers exposés participent également au parcours Vitrines Bleues organisé par le collectif Indigo d’Oc dans le centre-ville de Montpellier jusqu’au 27 septembre. 

ALICE ROLLAND

France Design Week
La Halle Tropisme, Montpellier 
Du 21 au 27 septembre
04 67 04 08 10
tropisme.coop

Le 6mic pense l’avenir 

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Pomme © Lian BENOIT

Zébuline. L’été du 6mic a été marqué par une nouvelle édition du Tour du 6mic. En êtes-vous satisfait ? 

Stéphane Delhaye. Oui ça a été une belle édition. On a découvert des artistes d’autres lieux de la musique actuelle en France dans une ambiance agréable et festive. Pour l’ensemble des groupes, ils sont tous très contents et nos partenaires aussi. Certaines personnes de l’encadrement et des salles viennent avec eux jusqu’au 6mic, ça nous permet de leur faire découvrir le lieu et de créer des contacts un peu plus privilégiers. À l’avenir, on espère que les autres lieux sauront s’en souvenir et que l’on puisse exporter nos groupes de la région. 

L’été maintenant fini, quelles sont selon vous les trois dates à ne pas louper cet automne au 6mic ?

C’est difficile mais je veux bien me prêter au jeu : je dirais Pete Doherty et Frédéric Lo (25 octobre), Sarah McCoy (2 novembre), et Gogo Penguin (6 décembre). Mais dans toutes les dates que l’on a, il y en a pour tous les gouts, toutes les esthétiques, tous les calibres. Je pense à une date exceptionnelle avec Macy Gray (18 novembre), l’âme de la soul américaine ; Albin de la Simone (22 novembre), qui nous présente son nouvel album ; La Rumeur (25 novembre), pour que les jeunes découvrent le rap des darons (!) ; ou encore Charlie Winston (29 novembre), Izia (30 novembre), Adé (8 décembre), Pomme (24 novembre) pour la nouvelle génération… et puis Ludwig von 88 (9 novembre) pour les vieux punks. 

Le 6mic c’est aussi un dispositif d’accompagnement pour les jeunes artistes, qu’est-il prévu cette année ?

Nous avons ouvert la saison le 13 septembre avec Aurore. C’est très symbolique pour nous de commencer par une soirée dédiée aux artistes émergents amateurs. Il y en aura également en octobre et en novembre. Avec eux, nous effectuons un repérage, puis des rendez-vous sous la forme d’un diagnostic, pour savoir leur niveau, leurs attentes, vers quoi ils veulent aller. On les aiguille dans ce chemin. Il y a un travail effectué avec des coachs scéniques, vocaux… ça dure en général plusieurs mois. L’objectif c’est de les amener à être plus performants, à sublimer leur musique, sans pour autant les formater. Il y a ensuite une résidence dans le club qui dure deux ou trois jours, pour mettre en place et parfaire leur set. Elle donne lieu à une sortie de résidence, gratuite et en public, pour que tout le monde puisse venir découvrir les artistes émergents du territoire. 

Vous faites partie du réseau Provence Culture, lancé au printemps dernier. Que pouvez-vous nous dire de l’intérêt d’une telle structure ? 

Les douze plus gros opérateurs culturels du territoire aixois se sont regroupés au sein de l’association Provence Culture. L’idée est de mieux se connaître, de mieux travailler ensemble. Permettre la création ou la mise en place de projets communs pour mieux faciliter les déplacements et la circulation des publics et des œuvres. C’est aussi un laboratoire d’idées. Il y a un certains nombres de sujet qui nous impactent tous et sur lesquels nous devons collectivement avoir des réflexions et, pourquoi pas, des prises de position. Je pense notamment à la transition écologique. On sait que le climat est en train de changer, et sur notre territoire, la canicule va devenir une donnée permanente en été. On a eu un exposé de spécialistes de Météo France, pour nous expliquer l’importance des changements climatiques à l’œuvre, pour prendre conscience de l’impact que ça va avoir sur nos activités et mieux les anticiper. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

6mic
Aix-en-Provence
6mic-aix.fr