mardi 15 juillet 2025
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ESPACE CULTUREL DE CHAILLOL : Une écologie musicale

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Yves Rousseau © Alexandre Chevillard

Zébuline. Comment s’orchestre la nouvelle saison de l’Espace culturel de Chaillol ? Y a-t-il des échos avec la précédente ou le festival estival ?

La vie est faite de liens qui s’approfondissent et de rencontres nouvelles. De même, nos saisons cultivent la fidélité autant que l’ouverture à de nouveaux horizons. C’est dans cet équilibre délicat que s’épanouit la relation aux habitants, qui aiment suivre le travail des artistes sur plusieurs années mais sont également désireux d’aventures musicales renouvelées. L’automne est consacré aux résidences artistiques qui permettent aux musiciens accueillis d’épanouir un geste. Les projets qui en bénéficient sont présentés dans nos saisons. Ainsi, le violoniste et compositeur David Brossier, qui a bénéficié d’une commande d’écriture en 2023, présentera en janvier 2024 le nouveau répertoire du Quintet Bumbac, un travail qui a profité d’un suivi sur plusieurs mois. Le contrebassiste et compositeur de jazz Yves Rousseau sera lui aussi en résidence pour l’écriture d’un solo auquel il songe depuis plusieurs années…

Est-ce que votre rapport au territoire a changé au fil des années ? Dans sa perception, sa relation aux œuvres, aux créations, aux publics, aux lieux…

Comme dans un couple qui dure, la relation entre l’Espace culturel de Chaillol et les Hautes-Alpes est solide, ancrée dans la vie. Elle s’est construite patiemment, dans un dialogue continu, sincère, avec les habitants, les élus, les artistes. Cette longévité – l’Espace Culturel de Chaillol présentera sa 28e saison en 2024 – est très belle. Elle nous donne, à l’équipe et aux nombreux bénévoles qui œuvrent au quotidien, une immense satisfaction. De celle que doit ressentir un jardinier amoureux de son coin de terre et qui, à force de patience et d’attention, sait la richesse du paysage qu’il habite, sa beauté autant que sa vulnérabilité. Envisagée comme un art de la relation, la musique est une écologie.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARYVONNE COLOMBANI

Espace culturel de Chaillol
09 82 20 10 39 / 06 40 11 37 78
festivaldechaillol.com 

FORUM JACQUES PRÉVERT : Carros va bon train

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Pierre Caussin - FJP - Portrait © MichaelKhettabi

Zébuline. Vous êtes une petite scène entourée de nombreux grands théâtres. Quelle est votre identité dans ce paysage ?

Pierre Caussin. Oui, une des plus petites scènes conventionnée de France, entourée des mammouths du littoral ! Notre spécificité est d’abord liée à notre conventionnement Arts, enfance et jeunesse, qui nous amène à programmer du jeune public, mais aussi à nous intéresser aux collégiens et lycéens du territoire, et à travailler avec eux, pour eux, les écritures du réel et les sujets de société, au présent. 

Comme ?

Les relations amoureuses entre deux jeunes filles, la difficulté d’être adolescente en Iran… On a trouvé une autre place, et on travaille avec tous les grands lieux du territoire, en particulier lors de notre temps fort Trajectoires. On est repéré pour cela : on sait coopérer, tisser des trajets communs, et plutôt que pratiquer la concurrence des publics on cherche à le faire circuler, et surtout à le faire augmenter globalement. Les théâtres ici restent marqués par la baisse de public d’après Covid.

Vous êtes conventionnés enfance et jeunesse, dans un département où la population est plutôt âgée. 

Il y a quand même des enfants ! À Carros on a une sociologie des publics avec beaucoup de jeunes, des cités, 35 nationalités, une forte croissance démographique, une vraie mixité sociale. Un vrai changement de population aussi : il reste du foncier constructible, le tram va bientôt venir jusqu’ici… Mais il est important pour nous d’être parvenus au 100% Education Artistique et Culturelle. Nous sommes une des premières villes, avec Cannes, où tous les enfants et tous les jeunes s’impliquent dans un projet culturel. Au terme du bilan des trois dernières années, nous y sommes !

Votre programmation est aussi repérable au nombre de coproductions et de compagnies régionales. 

Voire locales. Oui.  J’aime accompagner les artistes, c’est le premier plaisir de mon métier. Quand je suis arrivé à la direction du Forum, il y avait peu de moyens de productions. Cela reste aujourd’hui modeste, mais grâce aux sept réseaux de coproductions avec lesquels nous travaillons désormais, Traverses le réseau des scènes régionales, Le Réel en jeu, Traffic le réseau des arts de la parole, Fragments, douze théâtres qui parrainent douze compagnies… Lamine Diagne [Cie l’Enelle, ndlr] que nous parrainons va ainsi jouer à Fragments en Ile-de-France. Nous avons aujourd’hui les moyens de soutenir ensemble des créations et de les diffuser. Avec plusieurs partenaires on accompagne mieux… 

Vous les accueillez en résidence également ? 

Oui. Nous accueillons quatre à sept compagnies par an, toujours celles que nous coproduisons par ailleurs. 

Avec des actions pédagogiques en échange ? 

Non. Ce n’est pas une condition. Quand on a un plateau pour quelques semaines, quelques jours parfois, on doit se consacrer à la création. Nous organisons les actions pédagogiques pour ceux qui en ont envie, sans obligation.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Forum Jacques Prévert
Carros
04 93 08 76 07
forumcarros.com

Concert de rentré.e.s

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Manon Lamaison lors du concert d'ouverture de l'Opéra Orchestre National de Montpellier © A.F

Une longue file de spectateurs s’étendait sur toute la place de la Comédie le 23 septembre. Des habitués, abonnés, fans de l’OONM, mais aussi des groupes de jeunes gens qui discutaient pour certains de leur « première fois » à un concert lyrique. Il faut dire que les places à 10 euros, les abonnements moins de 30 ans à 25 euros, sont incitatifs, et parviennent à leur but : renouveler le public de l’opéra, qui a déserté les salles depuis le COVID… Montpellier excepté ! 

Mais le prix des places n’est sans doute pas la clef essentielle de cette réussite. En ce concert de rentrée Chloé Dufresne est à la baguette. Une jeune femme, pour une direction enthousiaste, qui anime les tempi qu’elle aime rapides, dirige de tout son corps et fait sonner les couleurs du merveilleux Orchestre National, un des meilleurs de France, et de son Chœur, tout aussi exceptionnel. Emmenés pour l’un par une premier.e violon, et par une cheffe de chœur. 

Des femmes pour sortir de certaines scléroses du monde lyrique ? Pas de compositrices en ce concert gala qui s’appuie sur le répertoire des grands maîtres (Mozart, Gounod, Bizet, Verdi, Rossini, Donizetti et Delibes), mais un vrai travail sur la représentation. 

Moments de pur bonheur

Manon Lamaison (soprano) se présente sans fioriture ni robe longue, presque timide aux applaudissements. Sublime dans Sous le Ciel étoilé de Lakmé(Léo Delibes), elle prend des risques vocaux insensés, file des aigus sur le souffle, ose des contre-uts pianissimi…  Le principe du récital permet de faire entendre une autre page sublime, Il faut partir de Donizetti : si l’intrigue de La Fille du régiment est aujourd’hui peu acceptable, et l’opéra peu joué, cet air-là est un sommet de délicatesse, atteint avec brio par la jeune soprano.

Le baryton Felix Gygli soulève aussi l’enthousiasme public, dès l’entrée, avec Largo al factotum, le tube du Barbier de Séville de Rossini. Figaro qua, figaro la, le baryton se joue de tous les pièges de cet air de bravoure qui file à toute allure, tonne souvent, et demande un grand talent de comédien comique… 

Le Chœur aussi a ses moments de Gloire immortelle de mes aïeux, tube martial du Faust de Gounod chanté par les hommes en avant-scène, ou un sextet de Lakmé qui mettait en avant ses excellents solistes. 

Les duos de Manon Lamaison et Felix Gygli concluent la soirée avec brio, et avec Mozart !  La scène de séduction entre Don Juan et Zerline (La ci darem la mano) où elle finit par écouter son propre désir et entrainer le séducteur dans les coulisses. Et un merveilleux bis, Papageno comique et Papagena qui donne de la voix, tous les deux surfant sur la rapidité  et la joie du célèbre duo… 

AGNÈS FRESCHEL

Le Gala lyrique de l’Opera Orchestre National Montpellier a eu lieu le 7 octobre

Montpellier Danse : Coudes, bras, épaules…

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FiestAgora © MPT Danse

18h, dans la cour de l’Agora de la Danse, une quarantaine de danseuses et danseurs écoutent attentivement les consignes de la chorégraphe Michele Murray : « 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8… Coudes, bras, épaules… On utilise toutes les possibilités ! Je choisis ce que je suis en train de faire et j’évolue comme si j’étais dans un film… » Puis l’artiste Hamdi Dridi vient en soutien, motivant les danseurs en herbe avec douceur : « N’hésitez pas à donner et prendre, ensuite on va préparer une petite danse avec des répétitions et des accumulations… ». Petit à petit, le mouvement se libère, les gestes occupent l’espace, le tout porté par les mix survitaminés de DJ Sin’dee des Mixeuses solidaires

Entrer dans la danse

Cette Fiestagora #7 de Montpellier Danse met en avant la pratique amateur et ça plaît. 750 personnes étaient au total inscrites pour participer à un ou plusieurs cours de danse de cet événement de rentrée en plein coeur de l’Agora de la Danse. Dont de nombreux ateliers qui durent à l’année, une façon comme une autre de donner envie d’entrer dans la danse et de lever tous les a-prioris qui empêcheraient de tenter l’aventure du mouvement. Sur la scène du théâtre de l’Agora, les élèves du troisième cycle du Conservatoire de Montpellier évoluent comme des professionnels, tout de noir vêtus, avec un sérieux et une précision qui impressionnent de maturité. Le dernier atelier public est animé par Marta Izquierdo Muñoz et Fabrice Ramalingom, les courageux résistent au début de soirée. D’autres préfèrent regarder ce spectacle qui a quelque chose de joyeux, d’apaisant même. 20h15, la cour de l’Agora se transforme en bal électro dans la bonne humeur. Les corps s’expriment sans se soucier des regards ni du jugement. 

ALICE ROLLAND

La Fiestagora #7 a eu lieu le 27 septembre à l’Agora de la Danse, Montpellier 

THÉÂTRE DE L’ŒUVRE : La renaissance toujours à l’Œuvre

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À nos humanités révoltées © Claire Fasulo

Il en aura fallu du temps, et c’est normal, pour relancer la merveilleuse machine du Théâtre de l’Œuvre. Fermé entre 2008 et 2017, une vente de tableau et l’arrivée d’une nouvelle équipe plus tard, le théâtre de Belsunce reste fidèle à son ancrage dans son quartier, et propose de nombreuses ouvertures. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : jusqu’en décembre, ce sont quarante rendez-vous qui attendent les spectateurs, dans une habile cohabitation de théâtre et conférences engagées,  et de musique. 

Du théâtre contestataire

Après une ouverture en musique, portée par le collectif Twerkistan et DJ Doucesoeur, c’est du théâtre qui va animer la suite du mois de septembre. Le collectif Manifeste Rien, déjà passé par là pour Les Rafles la saison dernière, présente du 21 au 23 septembre Pour un nouveau système. Un spectacle toujours animé par les sujets de prédilection du collectif, soit la critique du colonialisme, du patriarcat et du capitalisme – puits sans fond d’inspiration… 

La programmation se poursuit avec Just us – Poèmes à cracher de la compagnie des Hauts Parleurs le 29 septembre, une pièce poétique portée par Sandra Calderan, à l’écriture et à la scène. Autre spectacle attendu, celui du collectif Ico·no·cl·a·ste le 6 octobre. Dans À nos humanités révoltées, une pièce mêlant théâtre, danse et création vidéo, ils reviennent sur la nécessaire « prise de parole des femmes noires face aux systèmes d’oppression ».

Musique et conférences

Si le théâtre a occupé la majeure partie de la programmation de rentrée, c’est la musique qui vient s’imposer sur les planches de la rue Thubaneau jusqu’à Noël. Notamment avec Jazzbois (7 octobre), un trio fusion jazz-hip-hop originaire de Budapest qui a su se faire connaître par l’originalité de ses sons, intriguant le milieu du jazz comme du rap. Ou avec Chistina Rosmini : l’autrice-compositrice-interprète marseillaise présentera sa chanson méditerranéenne non pas une mais trois fois (12 octobre, 9 novembre et 7 décembre). 

On n’oublie pas non plus les conférences qui vont parsemer l’année, et notamment le cycle « Corps et colonialité : ce que le racisme fait au corps » (30 septembre, 13 octobre et 8 décembre). 

NICOLAS SANTUCCI

Théâtre de l’Œuvre
Marseille
04 91 90 17 20
theatre-oeuvre.com

Au Zef, une bande magnétique

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Le chemin du wombat au nez poilu de Joanne Leighton, les 9 et 10 novembre au Zef © Patrick Berger

Des artistes associés qui il y a peu encore, se répartissaient entre La Ruche, accompagnement complet de trois jeunes compagnies de la Région Sud, et La Bande, qui permettait d’avoir toujours des artistes dans les murs, de toute discipline, et tricoter des projets à géométries variables. Depuis la saison dernière les deux piliers n’en font plus qu’un seul, une Bande d’artistes associés, affranchie des contraintes de nombre, de durée, de qualité, de disciplines… On y trouve en ce moment l’interprète et metteure en scène Marion Pelissier, le metteur en scène Michel Schweizer, le danseur et chorégraphe Pierre Rigal, la chorégraphe Joanne Leighton, le circassien Jean-Baptiste André, le musicien et compositeur Loïc Guenin, et le chef cuisinier Emmanuel Perrodin

Bande à l’œuvre

En première partie de saison, on pourra retrouver les propositions de quelques-uns de ces artistes sur la scène du Merlan. Dans l’ordre d’apparition, Nice Trip (18 octobre) de Michel Schweizer avec Mathieu Desseigne-Ravel (acrobate et danseur chez Alain Platel) une chorégraphie avec du fil barbelé comme fil conducteur, la frontière pour destination, et le fiel d’une humanité en repli sur elle-même en toile de fond. Un pamphlet à l’âpreté douce-amère. Loïc Guénin, avec la complicité du photographe Vincent Beaume et de quelques musicien·ne·s inaugurera, en amont de sa création musicale Walden [LE ZEF] en février, l’exposition Walden [Partitions graphiques] dont le vernissage (7 novembre) se fera de façon conviviale et immersive, verres et grignotages en présence de musicien·ne·s, qui interpréteront quelques-unes des partitions exposées. Partitions que le compositeur dessine en arpentant divers sites dans la France entière, depuis 2014, en écoutant leurs écosystèmes, en les retranscrivant sur papier, et en les donnant à jouer, in situ, à de prestigieux ensembles de musiques contemporaines (C Barré, Ars Nova, L’Instant Donné ou l’Intercontemporain). Joanne Leighton proposera elle, dans le cadre du festival Nature et biens communs, une chorégraphie poétique destinée aux enfants Le chemin du wombat au nez poilu (9 et 10 novembre). Spectacle sous forme d’épisodes, où à travers la danse, la narration et la vidéo, deux interprètes nous emmènent dans un voyage solaire et minéral vers un désert australien, une nature nourrie de contes et de légendes. Enfin Marion Pelissier présentera Dédale (30 novembre et 1er décembre), pièce inspirée des mythes de Dédale et d’Icare, aux allures de thriller, avec dispositif vidéo en vue subjective et environnement sonore, qui suit un être condamné à chercher l’issue d’un espace qui n’en a pas. 

Avis de recherche

Quant au chorégraphe Pierre Rigal, il lance d’ores et déjà un avis de recherche pour trouver 200 coureurs et coureuses (déjà capables de courir 45 minutes, de façon fractionnée) pour son projet de Ballet Jogging, entre danse et sport, s’inspirant des murmurations, ces chorégraphies spectaculaires qu’effectuent les nuées d’oiseaux ou les bancs de poissons. Premières sessions d’entraînement au stade Henri Bernus, dans le 13e arrondissement, les mercredi 18 octobre et vendredi 20 octobre de 18h à 21h. La forme finale sera mise en musique, en direct, pour une restitution festive, à quelques jours de l’arrivée de la flamme Olympique à Marseille ! Quant à Loïc Guénin, il recherche des participant·e·s pour son projet de contamination : Virus ! Un projet collectif, expérimental et artistique, fait d’une phrase, de sons et de gestes simples, un virus qui se répand depuis la saison dernière, propagé par un groupe de personnes volontaires, chacune apportant son variant artistique, pour le faire muter jusqu’à l’acte final…

Mais encore

Hors de ces rendez-vous avec la Bande d’artistes associés, les premiers mois de cette nouvelle saison du Zef seront parcourus de nombreuses propositions. Parmi celles-ci, Je suis tous les dieux (du 10 au 12 octobre) de Marion Carriau conte chorégraphique sur les traces d’une des plus anciennes danses traditionnelles indiennes : la Bharata Natyam. De la musique avec la chanteuse malienne Oumou Sangaré (17 novembre), qui renoue avec les rythmes dansants et les mélodies lancinantes de la tradition wassoulou dans son dernier album Timbuktu. Et du théâtre avec notamment 4,7% de liberté (14 et 15 décembre) de Métilde Weyergans et Samuel Hercule, fable moderne qui suit les destins de deux statisticiens, évoluant dans une démarche permanente de rationalisation de la vie, portée par six jeunes comédiens et comédiennes. Un lancer de saison (29 septembre – gratuit sur réservation) festif reviendra sur toute cette  programmation et plus en détail, ponctué d’un interlude musical signé Loïc Guénin, artiste de la Bande, et de Vivace, chorégraphie d’Alban Richard, qui requiert, de la part de ses deux interprètes, vivacité et résistance !

MARC VOIRY

Le Zef
Marseille
04 91 11 19 20 
lezef.org

VÉLO THÉÂTRE : Expériences sensibles

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Prelude © Simon Hernandez

Scène conventionnée pour le théâtre d’objet et le croisement des arts et des sciences, le Vélo Théâtre invite depuis de nombreuses années le public à « partager l’expérience du sensible » à travers des rendez-vous ponctuels, et toute une série de temps forts qui marquent ses saisons : le festival Greli Grelo, biennale internationale de théâtre d’objet, le cycle poésie Les Cris poétiques ou bien encore Le Campement scientifique, événement arts et sciences, créé par le Groupe n+1. Qui se définit comme « un groupe de recherche qui fait du théâtre comme d’autres feraient du camping, en fonction du terrain ». Des invitations sont lancées à des artistes et scientifiques visant à mettre en scène la recherche et à la rendre sensible auprès de chacun·e. Cette année, le campement a lieu du 27 septembre au 8 octobre, à l’occasion de la Fête de la Science 2023.

À l’écoute du vivant 

On y trouvera (au Vélo Théâtre, mais aussi dans divers lieux d’Apt :  Micro-Folie, Musée, Conservatoire, Salle des Fêtes, ou au jardin de la Maison du Parc), un plateau radio participatif, une installation sonore, un jardin d’écoute, de l’archéologie sonore, deux Banquets du vivant, un apéro cartographique, un concert road-movie, quelques conférences spectaculaires et impromptus scientifiques… Le tout orienté par une « attention toute particulière au vivant et à l’écoute du vivant ». Parmi les artistes et scientifiques à la manœuvre : Balthazar Daninos et Mickaël Chouquet du Groupe n+1, Florence Troin ingénieure de recherche cartographe au CNRS, Mathieu Leborgne sociologue, Jeanne Fillon réalisatrice radio, Rafi Martin marionnettiste, Daniele Schön musicien et chercheur CNRS en neurosciences, Alain Savouret compositeur, pianiste et pédagogue, Benjamin Dupé compositeur, guitariste, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie Comme je l’entends. Toutes les propositions sont gratuites (hors banquets et brunch) dans la limite des places disponibles : la réservation est vivement recommandée.

Objets, cinéma et poésie

Les autres rendez-vous d’automne du Vélo Théâtre seront le spectacle déambulatoire, à la fois théâtre d’objets et installation Une poignée de gens… Quelque chose qui ressemble au bonheur (20 octobre) conçu, scénographié et joué par Tania Castaing et Charlot Lemoine. Une méditation poétique sur le voyage, l’errance, l’altérité guidée par André et Luiz, deux chefs de gare accompagnés de Luciano, le musicien. Un peu plus tard (12 novembre), en partenariat avec le 21e Festival des Cinémas d’Afrique du Pays d’Apt, un ciné-goûter, deux heures de projection d’une sélection de courts-métrages concoctée et présentée par un comité de jeunes programmateurs (15/18 ans). Enfin une invitation aux poètes Liliane Giraudon et David Cristoffel (également homme de radio et compositeur) qui liront quelques-uns de leurs poèmes (1er décembre) invitation lancée par Florence Pazzottu et Michaël Batalla pour Les Cris poétiques

MARC VOIRY

Vélo Théâtre
Apt
04 90 04 85 25 
velotheatre.com

OPÉRA ORCHESTRE NATIONAL DE MONTPELLIER : Bienvenu·e·s à Montpellier

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Au choeur de l'orchestre © OONM

Cet automne et cet hiver, un seul opéra sera monté à l’Opéra Comédie : le couturier Christian Lacroix présente pour les fêtes sa Vie Parisienne d’Offenbach, dans sa version intégrale travaillée avec le Palazzetto Bru Zane. Une production déjà applaudie à Paris et Rouen, que dirigera Romain Dumas.

Le réjouissant programme de concerts lyriques donnera largement de quoi se consoler. D’abord avec un grand concert de rentrée le 23 septembre, où la jeune cheffe locale Chloé Dufresne mènera plusieurs grands airs du répertoire, avec Félix Gygli et Manon Lamaison. Le 7 octobre Francesco Angelico dirigera trois jeunes chanteurs autour de Verdi et du verismo. Noëlle Gény sera à la tête de son Chœur le 30 septembre sur des extraits de grandes comédies musicales américaines, et sera de retour le 26 novembre sur des extraits d’opéras et d’œuvres notable de Fauré, comme le Requiem. 

Encore plus de compositrices

Habitué des lieux, le contre-ténor Philippe Jaroussky se frottera à la direction de l’Orchestre fin octobre pour célébrer Mozart aux côtés de la soprano Marie Lys. Son fils spirituel, la star Jakub Josef Orlinski se produira le 12 novembre pour un récital 100% italien. La talentueuse cheffe Clelia Cafiero dirigera le Concert du Nouvel An, où brillera la jeune soprano aveyronnaise Charlotte Bonnet. Le 26 janvier enfin, l’incontournable Messe en Ut de Mozart sera portée par Marc Korovitch en fosse.

L’Opéra Berlioz au Corum accueillera la programmation symphonique. Yi-Chen Lin dirigera le 13 octobre Brahms et le Concerto n°1 de Chostakovitch pour le violoncelle de Bruno Philippe. Dans le même élan qu’à l’Opéra d’Avignon, les œuvres de compositrices féminines prennent chaque saison plus de place ; ainsi le 8 décembre, la compositrice contemporaine Jennifer Higdon s’invitera-t-elle aux côtés la Symphonie n°5 de Tchaïkovski. Le 17 novembre, la violoniste Veronika Eberle jouera la magnifique Concerto de Britten, tandis que le Letton Ainars Rubikis dirigera une œuvre de son compatriote Peteris Vasks et la Symphonie n°1 de Tchaïkovski. Cap sur la Pologne le 12 janvier : la trop méconnue compositrice Grazyna Bacewicz et son concerto pour orchestre à cordes précèderont Chain 2 de Witold Lutoslawski et Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss.

Des formats originaux

La musique de chambre sortira des seules salles montpelliéraines, ce qui permettra aux publics de la région de découvrir de talentueuses formations, comme ce rare quatuor de bassons le 17 décembre à Mauguio.Notable exception, le voyage du 23 novembre à l’Opéra Comédie qui emmènera le public de Marin Marais à Poulenc, en l’excellente compagnie du violoncelliste Jean-Gulhen Queyras et du pianiste Alexandre Tharaud.

La géniale chorégraphe Anna Teresa de Keersmaeker investira l’Opéra mi-novembre pour sa création Mystery Sonatas / for Rosa. L’Opéra accueillera également une riche offre de musiques d’ailleurs, du « gospel symphonique » du rappeur Youssoupha le 2 décembre à la viole d’amour orientale de Jasser Haj Youssef début novembre, ainsi que plusieurs spectacles théâtraux.

L’Opéra proposera encore cette année des formats originaux et inclusifs. Une offre jeunesse bien sûr, avec notamment L’Histoire de Babar de Poulenc proposée le 16 décembre, mais aussi un escape-game la semaine d’Halloween, un concert immersif au cœur des pupitres le 14 octobre, ou une « scène ouverte » à la façon d’un comedy club à l’Opéra Comédie le 9 décembre. N’hésitez pas à pousser la porte !

SUZANNE CANESSA

Opéra Orchestre national de Montpellier
04 67 60 19 99
opera-orchestre-montpellier.fr

CITÉ DE LA MUSIQUE : Manu Théron accueille l’imprévu

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Bongi © Laurent Marseye

Vous êtes à Marseille pour quelques jours seulement, j’imagine que la saison est bouclée au millimètre ?

Manu Théron. Non ! Car si 90% de la saison est déjà bouclée, j’ai laissé des marges d’ouverture. Au cas où un artiste important serait en tournée, ou si un nouveau projet est monté dans l’urgence. Il faut se donner la possibilité d’accueillir l’imprévu. 

Quelle dynamique avez-vous donnée à la programmation déjà établie ? 

Cette saison est différente de la précédente. On était l’an dernier sur une saison de contemplation du monde depuis Marseille. Là, c’est plutôt une saison où le monde se retrouve à Marseille. 

Comment cette idée va-t-elle se traduire au cours de l’année ? 

Par l’invitation de projets fignolés ici par des artistes d’origines diverses. Je veux qu’ils recomposent, en fonction de la vie qu’ils ont ici, des talents qu’ils rencontrent, leur imaginaire. En essayant d’utiliser les dynamiques présentes dans la ville-monde qu’est Marseille. 

La programmation de la Cité doit elle refléter cet aspect de la ville ? 

Absolument. Elle l’était déjà un peu, mais j’avais envie d’accentuer ce tropisme. Notamment parce que les communautés se connaissent mais ne voyagent pas forcément les unes vers les autres. Elles ont besoin d’un lieu pour le faire. On propose un accueil de personnalités qui sont en France, à Marseille, mais dont le destin est aussi ailleurs. Je pense à Bongi, d’origine Sud-Africaine, qui travaille ici depuis dix ans sur les musiques traditionnelles de sa région. Elle ré-imagine cette musique avec les musiciens marseillais. Ce n’est pas seulement elle qui s’implante, c’est aussi sa musique (25 novembre). 

Sentez-vous un intérêt croissant pour Marseille de la part des artistes ?

Marseille a un pouvoir d’attraction ces dernières années qu’elle a rarement eu jusqu’ici. Il y a des musiciens italiens, espagnols, argentins qui commencent à venir habiter ici. Ils arrivent en plus grand nombre ces dernières années parce que le foncier le permet. Un musicien à Marseille peut vivre entièrement de sa musique, ce qui n’est pas forcément le cas à Amsterdam, Londres ou Berlin. On peut se demander si c’était vraiment le souhait de la droite, qui a géré cette ville pendant 25 ans. L’abandonnant à des intérêts fonciers et économiques assez douteux – et qui a conduit à des drames irréversibles. On pensait que cet abandon allait donner lieu à une désertification, une désaffection, et c’est finalement le contraire qui se passe. Des créatifs de toute l’Europe sont venus y habiter, en pensant qu’il y avait quelque chose à construire ici. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Quelques dates présentées par Manu Théron :
Elena Ledda  (6 octobre) : « Une immense chanteuse qui s’interroge sur la maestria dans les musiques traditionnelles. Pour moi la plus grande chanteuse sarde contemporaine. »
Mazhar (7 décembre): « Deux artistes qui ont étudié en Italie et en Turquie. Elles construisent un imaginaire qui s’inspire des endroits où elles ont appris la musique. Une idée de comment les musiques viennent se transformer dans un endroit. »   
Toko Blaze (20 janvier) : « On l’invite pour une création qui n’est pas que musicale, ce sera un conte qui va parler de Marseille et plus particulièrement de la Plaine. »
Maddi Oihenart (3 février): « La plus grande voix féminine basque. »
Mandy Lerouge (23 février) : « Une artiste marseillaise qui fait un travail puissant et intéressant sur les musiques du Nord de l’Argentine. Un spectacle magnifique que la Cité a contribué à produire. »

À Marseille, des Archives en fête

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Jean Faust, joutes dans le Vieux-Port (1905)

Depuis 1593, les archives municipales de Marseille étaient conservées dans divers bâtiment de la ville. Avec l’achat en 1990 des locaux de la Manufacture des tabacs par la mairie et l’État, les voici réunies dans un lieu superbe, qui, depuis sa rénovation en 2001, bénéficie de conditions optimales de stockage des quelque 18 kilomètres linéaires d’archives. 

David Dellepiane, affiche pour les fêtes du XXVe centenaire de la fondation de la ville © Photo David Giancatarina / Archives Municipales de la Ville de Marseille

Ce 16 septembre était inaugurée l’exposition : Fêtes et réjouissances publiques à Marseille, du XVIe au XXe siècle. Isabelle Aillaud, chargée de l’animation culturelle, évoque les fêtes qui révèlent l’évolution des esprits et des convictions, marquent la cohésion des communautés, soulignent l’attachement aux traditions. Ainsi une peinture d’Arnaud-Durbec célèbre en 1859 la Fête pour la Belle de Mai et une de Jean Faust magnifie les Joutes dans le Vieux-Port en 1905. Le lien social est mis en évidence avec les photos de Marseille en liesse le 28 août 1944 pour la Libération. On regarde les affiches de l’exposition coloniale de 1906, on apprécie de revoir celle de David Dellepiane pour le XXVe centenaire de la ville en 1899. L’adjoint à la Culture à la mairie de Marseille, Jean-Marc Coppola, venu pour le lancement de l’exposition, n’a pas manqué de saluer le travail accompli ni d’annoncer que la ville a récemment fait l’acquisition d’un manuscrit inédit de Pagnol, faisant allusion à l’affaire de la Buzine. 

Lumières et pénombre

Olivier Muth, le nouveau directeur des Archives, a évoqué ses projets pour faire davantage vivre et connaître le lieu. Ainsi il a sollicité le Théâtre Ajmer, dirigé par Franck Dimech, qui a proposé une déambulation de la dernière mouture de son spectacle Ici, les pénombres : humour, lucidité et inventivité révèlent l’envers du décor du siècle des Lumières, traçant un portrait accablant de cette époque aux inégalités criantes. L’excellence des comédiens et des textes adaptés des archives de Marseille ont conquis le public.

CHRIS BOURGUE

Fêtes et réjouissances publiques à Marseille, du XVIe au XXe siècle 
Jusqu’au 16 février 2024
archives.marseille.fr