« Le fantôme de Rachid Tahanous hante » est-il écrit sur la pochette du disque. Le spectre de cette figure populaire qui mélangeait raï algérien et rock français, décédée en 2018, plane tout au long des neuf morceaux que compte le disque. Sur la scène de l’Espace Julien (Marseille), les artistes Rodolphe Burger, Mehdi Haddab et Sofiane Saidi entendent rendre hommage à celui qui les a réunis.
Ils viennent de France ou d’Algérie. Ou plus précisément de Malakoff ou du Sahara comme le proclame haut et fort le titre éponyme de l’album. Plutôt que de mentionner Paris ou Oran, ils se concentrent sur ces périphéries oubliées voire méprisées de leurs pays respectifs. Cette ville tranquille de la banlieue sud de Paris entre en résonance avec le Sahara, désert humain où s’évaporent nos différences.
Célébrer ce qui lie et non ce qui sépare
Plus rap et politique, le morceau La Terre Feu(Que sera votre vie ?) fait peser une ambiance de western sur fond de guitare et oud électriques. La désillusion vis-à-vis de la gauche au pouvoir se fait également ressentir. Elle « essaiera de temps en temps » chante de sa voix monocorde un Rodolphe Burger désabusé. Quant à « la droite » ? Il ne prend pas la peine de terminer sa phrase comme pour signifier qu’il n’attend plus rien d’elle.
Car le raï est avant tout politique. Symbole de l’oppression subie par les paysans fellahs de l’Ouest Algérien sous l’empire colonial français, le mot signifie « opinion » ou « jugement » selon les traductions de l’arabe vers le français. Mais il n’est pas question de traduire pour les trois compères. Les deux langues se mêlent dans une transe sensuelle alliant le rock indé d’un Rodolphe Burger au raï envoûtant d’un Sofiane Saidi sur fond d’oud électrique et électrisant d’un Mehdi Haddab.
Cet « hydre à trois têtes », comme ils aiment à s’appeler, célèbre ce qui les lie plutôt que ce qui les sépare. Leurs inspirations sont nombreuses dans ce domaine : des grands maîtres du raï comme Khaled et Cheb Mami aux figures plus contemporaines comme Acid Arab, dont la présence fut remarquée l’an passé aux Rencontres d’Averroès. À noter l’absence de voix féminines dans les influences comme sur l’album… dommage pour un groupe qui s’appelle Mademoiselle.
GARIS GENTET
Mademoiselle 18 novembre à 20 heures Espace Julien, Marseille
Les Rencontres d’Averroès ont préparé une célébration grandiose pour célébrer leur 30e anniversaire, clôturant ainsi ce week-end culturel en apothéose. Car en invitant les derviches tourneurs avec Noureddine Khourchid, célèbre voix de la mosquée des Omeyyades de Damas, c’est tout un pan de la culture soufie qui prend place sur la scène du Silo ce 19 novembre à Marseille.
Ce spectacle trouve ses racines dans la tradition soufie Mevlevi (ou Mawlawiyya) en Turquie. Dans cette religion, les croyants se réunissent pendant le Sama, une cérémonie où la musique et la danse ont une place centrale. Ici, les chants religieux sont dédiés à l’amour du prophète et destinées à offrir à ceux qui les écoutent une aspiration spirituelle. Cette tradition a perduré tout au long des siècles par la transmission de père en fils, et ses chants résonnent encore aujourd’hui en harmonie avec la danse tourbillonnante des derviches tourneurs. Une coutume qui reste, toutefois, réservée aux hommes.
Une expérience visuelle unique
De Paris à New York, la danse enivrante des derviches tourneurs rayonne désormais à l’international, devenant même une attraction touristique prisée dans certaines régions. Un succès qui s’explique d’abord par cette danse tournoyante, offrant une expérience visuelle unique pour les spectateurs. Et leurs costumes identifiables, parés de blanc et composés de robes et de chapeaux coniques.
Parmi les rares groupes à perpétuer cette tradition millénaire, les derviches tourneurs de Damas demeurent l’un des seuls à maintenir vivace cet héritage ancestral. Le 19 novembre prochain, les danseurs, Yazan Al-Jamal, Ahmad Altair et Hatem Al-Jamal, enchanteront le public avec leur performance. Les chants harmonieux des cinq munshid retentiront dans l’enceinte du Silo. Au son des mélodies hypnotisantes du oud de Mohamed Kodmani, et du daff des musiciens Mohamed Kahil et Hamdi Malas, les spectateurs seront transportés sur l’autre rive de la Méditerranée le temps d’une soirée.
LIZA COSSARD
Noureddine Khourchid et les derviches tourneurs de Damas 19 novembre Silo, Marseille
En ce 14 novembre 2023 le Festival Musiques Interdites dédie les Kindertotenlieder, les Chants de enfants morts de Gustav Mahler « à tous les enfants victimes », refusant de dire un mot de plus, de nommer même des différences.
Ils ne font pas exception. La veille au Camp des Milles il était question de l’antisémitisme génocidaire ; Films Femmes Méditerranée le 22 novembre invite Hiam Abbas à retourner à Tibériade, le Théâtre Joliette programme un temps fort palestinien, et Milk, bouleversante tragédie des mères palestiniennes qui pleurent leurs enfants morts et leurs corps vidés, leur seins inutiles…
La tragédie de cet Orient si proche est sur toutes nos scènes, programmées bien avant le 7 octobre, comme si une fois de plus les artistes avaient pressenti et anticipé les gouffres du réel. La réponse politique à cette clairvoyance, à cette empathie sensible, reste pourtant aveugle, opposant les deux camps sans mesurer la douleur inexprimable des enfants morts. Tués par l’un ou l’autre, de l’un ou l’autre côté.
Antisémites
Refuser le racisme et l’antisémitisme relevait il y a 40 ans, en France, du même combat. Aujourd’hui on les distingue, on les oppose, on attise les haines en perpétuant les préjugés. Ceux des antisémites ont la peau dure : intellectuel, riche, privilégié, insidieux et fuyant, le juif fantasmé est envié et le juif réel assassiné au nom de cette envie.
Les violences antisémites ont connu des accalmies au fil de l’histoire mais le préjugé envers les juifs reste tenace et menaçant. Idiot et révélateur quand Mélenchon parle de Yaël Braun-Pivet qui « campe » à Tel Aviv. Mais tout aussi inacceptable quand elle même affirme que « rien ne doit empêcher Israël de se défendre ». Aucun peuple ne peut recevoir de blanc-seing sur ses actes à venir, et le pays hébreu en voulant échapper à la loi internationale participe à la distinction mortifère du peuple juif.
Au-delà de l’empathie sensible des artistes, qui exprime et relaie les douleurs ineffables, il faudra pourtant construire une réponse politique à la recrudescence des actes antisémites en France, aux horreurs du terrorisme islamiste, aux crimes de l’armée israélienne. La présence du Rassemblement national et Stéphane Ravier, qui n’a jamais caché son racisme provocateur, au défilé du 12 novembre, ne contribue pas à lever les ambiguïtés et les confusions.
À ceux-là qui ne veulent que mort et vengeance, la réponse à donner est peut-être ce poème de Frédéric Rückert mis en musique par Malher. Pour que tous les parents, tous les humains comprennent l’impérieuse nécessité de paix.
Quand ta mère apparaît à la porte, Et que je tourne la tête pour la voir, Ce n’est pas sur son visage que tombe mon regard, Mais à l’endroit, plus près du seuil, Où serait ton visage, Si, rayonnante de joie, Tu entrais avec elle, comme autrefois, mon enfant
En première partie, la chanteuse-compositrice Liquid Jane (Jeanne Carrion) séduisait le public par la vivacité de sa voix, de ses textes, son empathie, son humour. Accompagnée de « Simon au synthé et Ben à la batterie » (ainsi les présenta-t-elle), elle proposait des chansons de son répertoire et quelques nouveautés en avant-première. Les textes renvoient au vécu, s’attachent à des détails drôles, épinglent ceux qui ont trahi leur parole, les êtres aimés puis détestés, dessinant un univers prenant servi par une voix juste et pure aux envols affirmés. Sa pop-rock-néo-soul aborde les ombres pour les transmuter en lumière. « Je suis fière de partager la scène avec Sarah McCoy, une femme aussi forte » déclarait-elle avant un dernier bis.
Diva-lionne
Il est vrai que la diva Sarah McCoy impose d’emblée une âme, un style, une approche, vivante, pugnace, mutine, blessée parfois, rebelle toujours. Seule sur scène, à genoux, elle lance son premier morceau a cappella, bouleversante de fragilité et de force. Sur le tapis électro-pop-jazzy décliné avec un talent fou par ses deux complices, Jeff Halam (basse) et Antoine Kerninon (batterie, machines), (on les avait déjà entendus en trio au Théâtre Durance en novembre 2022), sa voix puissante et nuancée déploie mots et mélodies, ostinato envoûtant d’Oracle, blues crépusculaire de Weaponize me… La vie de la chanteuse continue de nourrir ses créations soulignées par un piano qui flirte avec les ombres dans un nouveau répertoire qu’elle qualifie de « thermonucléaire », tant le bouillonnement des instruments sous-tend les incantations vocales. Le spectacle reprend les compositions de High Priestess, album qui expose « la dissection et l’interrogation de soi et de la santé mentale avec un couteau musical douloureux mais gentil » (ibid). Le refrain de Weaponize me, « each lie was just a bullet in your gun, but all it took was one, to weaponize me » (« chaque mensonge n’était qu’une balle dans ton fusil, mais il n’en fallait qu’un seul pour m’armer ») montre la jeune femme debout face aux violences reçues. Le rire homérique de la diva-lionne emporte tout, triomphe des petitesses de la vie. Si le cœur reste vulnérable, jamais l’artiste ne se pose en victime. Se moquant de ceux qui se « mettent à la place des êtres dans la peine », et serinent « I’m sorry », elle répond « I’m sorry, take it all » et se désaltère d’un verre de vin rouge disposé à côté d’elle avant de convoquer les fantômes des pianistes comme Rachmaninov au cœur d’une rêverie aux accents telluriques sur le piano. Sa première chanson en français, La fenêtre, invite les « souvenirs noirs et blancs » alors que la pluie tombe sur Paris égrenant des souvenirs douloureux. L’amour ne met pas cependant la chanteuse en état de faiblesse : elle rugit avec sa voix de blues, refait des détours par la soul, s’enracine dans la pop, orchestre les contours d’un univers personnel qui fascine l’auditeur. La musique plane, groove, s’enivre de beats obstinés, émeut, subjugue, clame une liberté qui se conquiert et c’est très beau.
MARYVONNE COLOMBANI
Concert donné le 2 novembre 2023 au 6mic, Aix-en-Provence.
Zébuline. Dans votre travail, vous revenez souvent sur le thème de « nostalgie d’empires ». Au sein du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, les rôles de la Russie et de la Turquie en sont-ils des manifestations ?
Hamit Bozarslan. Concernant la Russie, il faut lire le texte de Poutine du 21 février 2022, pour déceler cette nostalgie qui est extrêmement brutale et guerrière. C’est un discours préparatif à la guerre, dans lequel il désigne deux ennemis. Tout d’abord Lénine car il aurait trahi et démantelé l’empire russe, notamment dans le cas ukrainien. Et puis il y a Gorbatchev qui aurait réitéré cette trahison. Le fait que la Caucase et l’Arménie échappent à la Russie pose aussi problème à Poutine. Pour la Turquie, les choses sont un peu plus complexes. Erdogan exprime une violente nostalgie d’empire à de multiples reprises. Il se réfère souvent à l’Empire ottoman et à la « mère patrie ». Si l’Azerbaïdjan ne faisait pas partie de l’Empire ottoman, le projet azerbaïdjanais d’Erdogan peut tout de même traduire une nostalgie d’empire qui obéit à une idée de continuité de la turcité. Pour lui, le peuple turc doit être unifié, quel qu’en soit le prix pour les autres.
L’offensive de l’Azerbaïdjan, soutenue par la Turquie, s’inscrit-elle dans une volonté de reconstituer le grand empire de la mer Noire à la mer Caspienne ?
Il y a effectivement une dimension turque, mais aussi russe et azerbaïdjanaise dans ce conflit. On a l’impression qu’il y a une sorte de convergence entre ces trois dimensions. Dès le début du XXe siècle, on voit émerger un nationalisme assez concurrentiel. Il y a d’un côté un ultra-nationalisme azéri et de l’autre, un réveil arménien, qui se veut inter-impérial, c’est à dire agissant à la fois dans le cadre de l’empire russe, de l’empire ottoman et de l’empire persan. L’empire ottoman est finissant, en ce sens-là on ne peut pas parler de contexte impérial en tant que tel. Or, ce dernier organise le génocide arménien pour de multiples raisons. La première étant le darwinisme social, la deuxième, la peur que l’Arménie n’échappe au contrôle de l’empire ottoman. L’idée est d’éliminer les arméniens pour pouvoir homogénéiser la société. Le but de l’effacement de cette population est la réalisation du grand empire touranien, censé s’étendre des Balkans jusqu’à la Chine pour regrouper la totalité des populations dites turciques. Aujourd’hui, on a l’impression que cette idée de grand empire touranien n’est pas abandonnée, bien que celui-ci ne puisse pas être entièrement réalisé. Ainsi, l’Arménie pose problème pour l’unification continue, dans cette volonté de constituer un petit Touran, entre la Turquie et l’Azerbaïdjan. Il y a très clairement une continuité entre la logique du génocide de 1915 et ce qui se passe aujourd’hui. La troisième dimension du conflit, c’est la volonté de punition de l’Arménie par la Russie. La Russie n’a pas pu la contrôler totalement, et même si elle fait partie de son giron, ce pays a fait sa révolution et l’a confirmé par un vote démocratique au lendemain de la guerre de 2020. L’Arménie s’est ouverte vers l’Occident, notamment vers les États-Unis et s’est désolidarisée de la Russie par rapport à la guerre en Ukraine.
« Il y a très clairement une continuité entre la logique du génocide de 1915 et ce qui se passe aujourd’hui »
À la lumière de cette actualité comme de l’histoire, comment définiriez-vous un empire ?
Hamit Bozarslan.La définition d’un empire est difficile à fixer. Son principe est double. Le premier c’est qu’il y a une distinction très nette entre les gouvernés et les gouverneurs. D’un côté, il y a la catégorie de ceux qui sont autorisés à gouverner, c’est à dire une toute petite élite […] et de l’autre, une très vaste majorité de gouvernés qui n’ont ni le droit à la citoyenneté ni le droit de s’exprimer sur la trajectoire du devenir de l’empire. Le deuxième principe, c’est qu’un empire est à la fois pacifique et sur-coercitif. Pacifique parce que l’objectif de l’empire est de maintenir un équilibre économique, par exemple en prélevant des impôts pour les convertir en biens culturels ou en projets grandioses. Mais il est aussi sur-coercitif au sens où l’empire, au moment d’une crise, peut devenir extrêmement brutal. On le voit souvent, que ce soit en Chine, en Russie ou en Turquie, il y a une très violente nostalgie d’empire dans ces pays-là. Il n’y a pas d’empires en tant que tels mais les conditions impériales y sont présentes.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LAURY CAPLAT ET RENAUD GUISSANI
AU PROGRAMME
Le samedi 18 novembre à 15 heures, la journaliste à RFI Juliette Rengeval anime la troisième table ronde des Rencontres d’Averroès « Retour d’empires ? ». Au côté des quatre intervenants, Karen Barkey, professeure de sociologie (à New York), Sylvie Kauffmann, journaliste spécialiste de la géopolitique européenne, de Salam Kawakibi, directeur du Centre Arabe de recherches et d’études politiques, et de Hamit Bozarslan, il est question de la résurgence des empires et de leurs mémoires. Se dessine-t-il un « empire du chaos » sous nos yeux ? Ou existe-t-il un possible horizon commun ? L.C. et R.G.
Une du blog en ligne Rihla le lendemain des deux explosions dans le port de Beyrouth le 4 août 2022
S’entretenir avec Nahla Chahal n’est pas une mince affaire. Rendez-vous est pris par visioconférence « sauf si la guerre s’étend et qu’on nous coupe les connexions ». Une phrase qui fait froid dans le dos tant l’actualité au Proche-Orient se télescope avec fracas au thème choisi pour la 30e édition des Rencontres d’Averroès : « Tout empire périra ? ».
Le dimanche 19 novembre 2023 se tient la quatrième et dernière table ronde de ces Rencontres. L’occasion de s’extraire de la notion d’empire pour aller « au-delà » et tenter de trouver des « salves d’avenir » selon les mots de Thierry Fabre empruntés à René Char. D’avenir, il est peu question au Liban dans un pays où « l’on vit au jour le jour » selon Nahla Chahal, rédactrice en chef du journal libanais Assafir Al-Arabi, invitée de cette table ronde.
Pauvreté, faim et corruption
Dans un contexte de crise politique et économique, la guerre Israël-Hamas vient jeter de l’huile sur le feu social qui embrase déjà le Pays du cèdre. 80% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté en 2022, selon les estimations de l’Onu. La faim tenaille près de deux millions d’entre eux sur fond de dévaluation de la livre libanaise et d’inflation. Mais derrière tous ces chiffres, il y a des vies humaines. « C’est un contexte de misère ! » alerte Nahla Chahal.
Dans un pays considéré autrefois comme la « Suisse du Moyen-Orient », l’électricité n’est disponible que deux heures dans la journée. « L’eau que l’on boit est gravement polluée » tandis que le système éducatif est « en train de s’effondrer complètement » témoigne-t-elle. Elle affirme que pour 100 dollars d’aide internationale pour les écoles publiques, 1% de cette somme se retrouve réellement dans les infrastructures. Preuve s’il en fallait du niveau élevé de corruption dans le pays… sous l’œil complice des Occidentaux, selon la militante franco-libanaise.
L’ombre portée des empires
Les puissances étrangères, dont la France, achètent un « semblant de paix sociale » par les aides financières accordées au pays. Semblant car l’argent n’arrive jamais dans la main des Libanaises et des Libanais du fait d’un « inimaginable » réseau de corruption.
Puis, l’ombre de l’ancien empire colonial français n’est jamais bien loin. L’ancien ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a été envoyé au Liban par Emmanuel Macron le 7 juin 2023 afin de trouver une issue à l’impasse politique. Mais pour Nahla Chahal, « il ne suffit pas de débarquer avec des grands principes ». Elle juge l’attitude de la France « hautaine » si ce n’est « franchement inutile » tant les émissaires tricolores ne connaissent pas la culture du compromis qui prévaut historiquement au Liban.
L’après-empire selon Nahla Chahal
Pour la militante franco-libanaise, l’empire est une grille de lecture du passé. Dans un monde où le « pouvoir est fluide », les définitions antiques de l’empire ne tiennent plus. L’après-empire, c’est se soucier de l’avenir. Autrement, c’est ce même « futur sans avenir » libanais qui guette le monde entier.
Au-delà de l’attitude française qui frise le néocolonialisme, c’est la vision des Occidentaux vis-à-vis de ce pays qui est à blâmer. « C’est compliqué » est peut-être la phrase la plus prononcée par Nahla Chahal lors de l’entretien. Diversités ethnique, linguistique ou confessionnelle se concentrent ici. « Vers l’Orient compliqué, je voguais avec des idées simples » disait en son temps le général Charles de Gaulle. Une phrase plus actuelle que jamais…
« Un futur sans avenir »
Le portrait dépeint du Liban est sombre. Mais quid de l’avenir ? Pas radieux non plus, selon la chercheuse franco-libanaise. Les bombardements israeliens se multiplient dans le Sud du pays, région dominée par le Hezbollah, groupe armé chiite et allié du Hamas palestinien. La crainte d’un débordement du conflit au Liban est dans toutes les têtes. « Tous les matins, on se réveille en se disant : “Ouf, il n’y a pas eu d’escalade cette nuit”. »
Pour Nahla Chahal, « un futur sans avenir » attend le Liban reprenant ainsi une formule de l’écrivain Daniel Pennac. Et cette incertitude plane également sur la venue de la journaliste à Marseille le 19 novembre prochain : « Je ne peux pas tourner le dos à mon pays, venir à une conférence, qui m’intéresse beaucoup par ailleurs, et risquer de ne pas pouvoir rentrer chez moi si Israël lance son offensive. »
LIZA COSSARD ET GARIS GENTET
Les fossiles des empires européens
Pour le géographe français, Michel Foucher, le vieux continent est entré dans un système post-impérial : « les empires n’existent plus en Europe, sauf en Russie ». Toutefois, même si les anciennes frontières des empires n’existent pas matériellement sur les cartes, elles sont présentes dans les mentalités. Michel Foucher parle de frontières-fossiles. Et ces limites fantômes continuent de peser sur les comportements socio-politiques.
Dernier exemple de cette empreinte impériale : les élections générales en Pologne le 15 octobre dernier. L’ancien territoire tsariste et austro-hongrois de la Pologne a majoritairement voté pour les conservateurs. Tandis que la région historiquement dominée par l’empire allemand et la Prusse, davantage modernisée, a voté pour Donald Tusk, le candidat pro-européen. Pour Michel Foucher, « le rideau de fer n’existe plus, mais dans les têtes, il a encore un effet ». L.C. ET G.G.
À l’image d’un orage prêt à gronder, le meurtre du chauffeur de bus Émile Guerlache le 25 aout 1973 par Salah Bougrine, un passager algérien atteint de troubles mentaux, fait éclater les haines raciales à Marseille. En l’espace de dix jours, 17 assassinats sanglants sont perpétrés dans les ruelles marseillaises, dont celui de Ladji Lounes, jeune algérien de 16 ans, abattu froidement par un brigadier.
Une intensité des violences qui trouve son point culminant lors de l’attentat au consulat d’Algérie le 14 décembre 1973, faisant quatre morts. Ce dernier est revendiqué par le groupe Charles-Martel, des anciens de l’OAS, nostalgiques de l’Algérie française. Si l’on parle d’une « flambée raciste », il s’agit en réalité d’un problème déjà latent au sein de la société.
En 1972, la crise économique marque la fin des « Trente Glorieuses » et encourage la montée de la xénophobie. Les idées simplistes telles que la « menace arabe » ressurgissent : face au chômage, l’Algérien est le bouc émissaire idéal. La circulaire Fontanet en 1973 accentue à son tour la controverse sur l’immigration, en réglementant les entrées dans l’Hexagone. En parallèle, il ne faut pas oublier l’autre visage des tueries de 73 : l’expression d’une rancœur liée à la guerre d’Algérie, présente dans une partie de l’opinion.
Une surenchère de violences xénophobes étroitement liée au traitement médiatique, de tous bords politiques. À droite, Gabriel Domenech, rédacteur en chef du Méridional, ancien de l’OAS et futur membre du Front national, fait un appel au meurtre dans son éditorial : « Assez de violeurs algériens, assez de proxénètes algériens, assez de fous algériens, assez des tueurs algériens. »À gauche, le Nouvel Observateur publie un sondage avec comme question : « Peut-on vivre avec les Arabes ? ».« On vient ethniciser les questions sociales », souligne Samia Chabani, présidente de l’association Ancrages, qui valorise la mémoire des migrations à Marseille.
Un malaise face aux ratonnades qui s’installe aussi du côté des pouvoirs publics. Le président de la République, Georges Pompidou, adopte une réponse timide. S’il met en garde les Français de ne pas tomber dans « l’engrenage du racisme » dans son allocution du 30 août, un mois plus tard il déclare « qu’il y a finalement bien peu d’actes qui puissent être suspectés, même indirectement, de réaction raciste. » Conclusion de cette passivité, les enquêtes sont bâclées et se terminent pour la plupart par des non-lieux ou de la prison avec sursis. Pour Rachida Brahim, auteure de Larace tue deux fois, 73 « n’a pas du tout été traité comme un massacre ».
Une réplique des pratiques coloniales
L’indifférence des autorités françaises à l’égard des assassinats de 1973 les relègue au rang d’incidents anodins. Il y a une « déracialisation de ces crimes » explique Samia Chabani. La mort d’Émile Guerlache est médiatisée sous le prisme de l’origine raciale du coupable, laissant de côté ses problèmes psychiatriques. Tandis que les crimes contre les Algériens les jours suivants sont traités comme de vulgaires faits divers.
Pourtant, ces ratonnades sont le reflet de l’histoire coloniale française en Algérie. Elles perpétuent des schémas de « répliques coloniales » visant à maintenir la marginalisation et la ségrégation des Algériens, tout en portant des connotations raciales héritées de la période de la guerre et de la colonisation.
De manière frappante, les ratonnades de 1956 à Alger, étudiées par Sylvie Thénault, historienne et spécialiste de la guerre d’indépendance algérienne, suivent le même schéma que celles de Marseille 73. La mort d’Amédée Froger, leader de l’Algérie française, avait conduit à un déchaînement meurtrier sur les musulmans.
Le saviez vous ?
Le magnifique bâtiment accueillant la marque japonaise Uniqlo rue Saint-Ferréol abrite en réalité un passé méconnu par les Marseillais. Il fut le siège de la Compagnie algérienne, une banque de dépôt franco-algérienne, témoignage « de l’entreprise capitaliste qu’est la colonisation », explique Samia Chabani, directrice de l’association Ancrages.
La haine anti-algérien tue
Ces assassinats continuent de se reproduire inlassablement. En 1983, Habib Grimzi, touriste algérien, est jeté de l’express 343 Bordeaux-Vintimille par trois futurs légionnaires. Simplement parce qu’il est arabe. En 1986, Malik Oussekine et Abdel Benyahia sont tués le même soir dans les rues de Paris à cause de leur origine.
Cette posture d’anciens bourreaux-colonisateurs va de pair avec la montée institutionnelle du sentiment anti-algérien incarnée par le Front national, foncièrement xénophobe. En 1995, Ibrahim Ali, un jeune comorien, est tué par des colleurs de ce parti à Marseille. Bruno Mégret, conseiller régional et membre du FN, a attribué ce meurtre à « l’immigration massive et incontrôlée ».
L’imaginaire de la colonisation est plus présent que jamais aujourd’hui en France, accentué par l’insuffisance de poursuites judiciaires pour les crimes raciaux. Bien que les vidéos permettent de montrer aux Français les bavures policières, peu de coupables sont punis par la loi. Pour Amnesty International, « cette impunité de fait et le déni des autorités permettent la répétition des violences ». La mort de Zineb Redouane en 2018 et de Nahel Merzouk en juin dernier lors d’un contrôle routier nous poussent à nous demander : quand l’intolérance prendra-t-elle fin ?
APOLLINE RICHARD ET LIZA COSSARD
AU PROGRAMME
Le samedi 18 novembre à 10 heures, le journaliste de Médiapart, Joseph Confavreux, animera la deuxième table ronde des Rencontres d’Averroès « Jeux d’empires ? ». La question des différences d’administration coloniale et de domination au Maghreb sera discuté par les intervenants présents : Edhem Eldem, professeur d’histoire à Istanbul, Robert Gildea, professeur d’histoire contemporaine, M’Hamed Oualdi, professeur à Sciences-Po Paris et spécialiste de l’histoire du Maghreb moderne et contemporain ainsi que Sylvie Thénault, experte de la colonisation et de la guerre d’indépendance algérienne.
Un univers unique, caractérisé par la vie solitaire de l’artiste qu’est Kamel Khélif, comme par l’expression technique des jeux d’ombres et lumières qui définit son art. C’est à travers des planches au fusain, crayon gras et encre de chine qu’il parvient à transporter ses lecteurs, d’Alger à Marseille, ses villes de cœurs et « villes d’exil ».
Qui se cache derrière l’artiste ?
Auteur, peintre et dessinateur, Kamel Khélif arrive à Marseille depuis son Algérie natale en 1964, alors âgé de 5 ans, pour y rejoindre son père dans le bidonville de Sainte-Marthe.
Il s’installe plus tard dans le quartier de Noailles qu’il n’a jamais quitté à ce jour. C’est un lieu qui lui tient à cœur, une source d’inspiration que l’on perçoit dans ses œuvres, tant il traduit de la diversité des populations qui fait la ville de Marseille. Ce n’est donc pas un hasard si Kamel Khélif aborde d’une manière essentielle dans ses illustrations des sujets comme l’exil et le déplacement, tant les migrations sont intrinsèques à l’histoire de la cité phocéenne.
Au fil de ces trente années consacrées à ses dessins, l’artiste peintre marseillais, souvent mieux connu à l’étranger qu’en France, a également su s’exprimer au travers d’ouvrages, toujours à l’aide d’illustrations singulières. On les retrouve par exemple dans Les exilés, La jeune fille et la mort, Premier hiver, ou dans sa dernière BD Même si c’est la nuit [lire encadré ci-dessous] parut aux éditions Otium en 2019.
Cette soirée sera donc l’occasion de rencontrer cet artiste complexe, de s’imprégner de son histoire et de ses réalités méditerranéennes comme un indice pour comprendre ses récits emprunts d’ombres, de nuances et de rêves.
APOLLINE RICHARD
Le voyage imaginaire de Kamel Khélif 16 novembre, 19 heures La Criée, Théâtre national de Marseille
« Essayer de toujours rester ailleurs »
Dans la BD de 98 planches intitulée Même si c’est la nuit, Kamel Khélif nous amène dans une déambulation nocturne et mélancolique d’une ville que l’on reconnait vite : Marseille, bien que l’auteur ne l’a nomme jamais. Dans le froid, la nuit, il quitte son appartement délabré et fini par se retrouver dans le quartier Belsunce. Au long de cette marche, il est poursuivi par des souvenirs, sur le fil du rasoir entre rêve et réalité.
Dans cette œuvre que l’on pourrait qualifier d’introspective, tant elle s’inspire de la vie de son auteur : un artiste solitaire, ne pouvant plus dessiner, anonyme, mais qui tout comme lui vient d’Algérie, qu’il a quittée très jeune. Ainsi, le personnage principal est à l’image de l’artiste qui ne sait plus trouver l’équilibre avec le réel et les autres, isolé par ses dessins. Pour Kamel Khélif, c’est cette distance qui définit l’artiste, inévitablement mélancolique car étranger au monde par son métier.
La question de l’identité est centrale dans ses œuvres, car lui-même ne se définit pas comme français, marseillais ou algérien mais bien comme artiste. Émane de cette décision une certaine liberté, celle de ne jamais rester dans un enfermement artistique, social, idéologique, ou ethnique, et finalement, comme il le dit, « essayer de toujours rester ailleurs ». A.R
Sur l’esplanade de la gare Saint-Charles se croisent plusieurs histoires. Celles des passants qui, valises à la main, s’essoufflent à courir vers le quai. Celles de ceux qui les observent alors que les touristes, à peine arrivés, s’attardent déjà devant la vue. Puis il y a l’histoire de Marseille, dont les monuments et les statues apparaissent comme les symboles et les vestiges d’un héritage colonial, souvent méconnu.
Le point de départ de ce parcours : L’escalier de la gare Saint-Charles. Inauguré à l’occasion de la seconde exposition coloniale de 1927, ce n’est pas un hasard si les statues qui le bordent sont des représentations criantes du fantasme colonial. En bas des marches, deux blocs statuaires signés Louis Botinelly, s’érigent en souvenir à la magnificence de l’empire et du rôle éminent de Marseille dans l’esprit de conquête français. Ces deux silhouettes sculptées ne sont autres que la représentation des colonies d’Afrique et d’Asie. De chaque coté, une femme dénudée est allongée, oisive, dans un fouillis d’objets, l’une présentée au milieu de vases khmers et de dragons, l’autre au côté de singes et de défenses d’éléphants. Pour Nathalie Cazals, anthropologue et intervenante aux rencontres d’Averroès Junior, ces statues sont aussi « le symbole d’une sexualisation des femmes du sud », profondément inspirée par le mythe du bon sauvage. Une violente illustration de la pensée coloniale du XXe siècle. En témoigne le graffiti inscrit sur l’une d’entre-elle : « C’est quand qu’on démolit cette merde colionaliste ? ». À cette question, l’anthropologue répond : «On peut faire plein de choses, ne serait-ce que temporairement, par exemple les recouvrir plusieurs mois par an pour qu’on en parle. Je suis pour des actions très ostentatoires en tout cas. Je pense qu’un panneau historique ne suffit pas. Il faut laisser la parole à la jeunesse anticolonialiste. »
Lever les yeux
L’escalier, passerelle entre la gare et le boulevard d’Athènes, amène avec lui les traces de cet héritage colonial jusqu’au quartier Belsunce. Il s’articule autour des chibanis qui y vivent, des restaurants aux influences nord africaines et orientales et des grossistes qui font de ce quartier, un haut lieu du commerce international. Gilles Aspinas, élu de Belsunce, y perçoit le lien direct entre la mémoire de la colonisation et la construction de ce quartier. Quant à l’avenir de Belsunce, une crainte le taraude:« J’espère que cette population [les chibanis] pourra continuer à vivre à Belsunce et qu’il n’y aura pas de gentrification. Nous avons à Marseille, à ma connaissance, le dernier centre-ville en France qui est populaire. Et ce qui me fait très peur, c’est qu’il se gentrifie, que le prix de l’immobilier augmente et que cette population là ne puisse plus y vivre alors que c’est leur quartier. »
Un peu plus bas, la Canebière est également un point indiscutable de la balade patrimoniale. Entre vélos, passants, et boutiques de souvenirs, c’est un lieu cosmopolite, vivant de ses passages et de ses rencontres intergénérationnelles. En marchant, il suffit de lever les yeux pour entrevoir le témoignage du passé et d’une puissance coloniale fructueuse. Le magasin C&A en est d’ailleurs une illustration. Entre les allées et venues, les piétons peu attentifs ne semblent pas percevoir au-dessus de leur tête les quatres statues de femmes qui s’érigent à l’image de quatres continents. L’Amérique et l’Europe aux extrémités, tels les deux piliers tenant l’édifice, couvertes de toges et de lauriers. L’Asie et l’Afrique au milieu, dont les statues sont moins ornées et dont les corps sont dévoilés jusqu’aux hanches. Stigmate de la sexualisation et d’un attrait pour le sauvage, que symbolisent l’éléphant et le chameau dans leurs mains, et d’un fantasme colonial omniprésent, jusqu’aux coins des rues.
Fantasme et économie
Plus loin, en descendant vers le Vieux Port, la Chambre de commerce se distingue par l’allure grandiose de son édifice construit en 1860, habillé de statues antiques aux références à l’empire grec. Dans le contexte colonial, son objectif dès le XIXe est de convaincre les Marseillais d’investir et de participer à l’économie dans les territoires colonisés. Incarnation de l’impérialisme économique, elle brandit la croix de la cité phocéenne en direction du Vieux Port : Carrefour de la Méditerranée connu pour son transit de main-d’œuvre, de travailleurs exilés et des marchandises rapportées des colonies. «Marseille s’est enrichie grâce à ce commerce colonial avec des denrées qui venaient du sud, que ce soit le café, le sucre ou les esclaves. Après elle exportait les produits finis comme les draps ou le savon », explique Nathalie Cazals. Là-bas où les étales de poissons s’alignent face à la mer, on distingue une plaque qui a perdu de sa brillance au fil du temps. Elle inscrit : « ils fondèrent Marseille d’ou rayonna en occident la civilisation ». Autre cliché colonial qui implique l’existence de peuples civilisés face aux autres, les non-civilisés. « Comment construire une nouvelle narration de Marseille où la géostratégie ne se fait pas apologétique de la colonisation ? » se questionne Samia Chabani, directrice de l’association Ancrages. À travers cette balade urbaine qui rythme les Rencontres d’Averroès Junior, elle nous laisse entrevoir une réponse possible.
LAURY CAPLAT ET APOLLINE RICHARD
Balade organisée par l’association Ancrages avec les élèves du lycée Marie Curie dans le cadre des Rencontres d’Averroès Junior.
Le jeudi 16 novembre est dédié aux Rencontres d’Averroès Junior. Trois parcours sont proposés aux neuf classes de collégiens et lycéens durant la matinée : - « L’antiq’uizz », un atelier ludique pour découvrir l’ère antique. - « L’empire contre-attaque », une conférence sur le rapport entre empire et septième art. - La balade patrimoniale qui retrace les 2600 ans de Marseille en quelques rues. L’après-midi, les 180 élèves se rejoignent autour de l’atelier « Pratiques Médiatiques », une émission radio présentée par les élèves ambassadeurs de chaque classe afin de réaliser un podcast autour de la notion d’empire.
Ces 14 et 15 novembre au Théâtre Joliette avec Andy’s gone, conte immersif et premier volet du projet théâtral Entre nous les murs qui en comprend trois (les deux autres sont programmés à la Joliette en février et mai prochains) du metteur en scène Julien Bouffier et de l’autrice Marie-Claude Verdier. Chacune des trois pièces du projet à été pensée dans un dispositif immersif où le public, équipé de casques audios, est installé dans le même espace que les acteurs·rices et ne fait qu’un avec le peuple d’une cité imaginaire. Face au repli des sociétés contemporaines sur elles-mêmes, craignant les migrants, espérant échapper au dérèglement climatique, Julien Bouffier et Marie-Claude Verdier proposent ici une revisite contemporaine de la tragédie d’Antigone, emblème mythique de la résistance contre l’oppression du pouvoir. Dans Andy’s gone s’affrontent Régine, reine fière et mère éplorée, et sa nièce Alison. Au cœur d’une ville menacée par une catastrophe naturelle de grande ampleur.
MARC VOIRY
Andy’s gone 14 et 15 novembre Théâtre Joliette, Marseille theatrejoliette.fr