samedi 8 novembre 2025
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[Spécial Saisons] THÉÂTRE DE FONTBLANCHE / GUY OBINO : Vitrolles prend la culture au sérieux 

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IAM © DR

Le théâtre municipal de Fontblanche et la salle de spectacles Guy Obino proposent une pléthore de représentations dans leur seconde partie de saison. Si la majorité des spectacles sont des pièces de théâtre, la danse et le cirque parviennent tout de même à se frayer un chemin dans la programmation. 

Pluridisciplinaire 

Alors que les circassiens n’avaient pas eu voix au chapitre en première partie de saison, ces derniers émergent avec force en 2024. Du 6 février au 15 février, jonglage, cirque sous chapiteau et acrobaties se succèdent (Der Lauf, Elle/s, Citizen) dans un rythme effréné. De quoi ravir les férus de cirque contemporain qui auront d’ailleurs le dernier mot, puisque la saison se clôturera avec la venue des acrobates de Machine de cirque et leur spectacle Robot infidèle (le 28 mai à 20h30). 

Avec trois dates prévues, la danse n’est pas en reste. Cela commencera doucement avec Molo Kheya, qui a pour ambition de mettre autant la philosophie que la chorégraphie en avant (le jeudi 22 février et le vendredi 23 février). Puis la compagnie des Demoiselles du K-barré électriseront l’ambiance en proposant un spectacle humoristique où il faudra faire preuve de lâcher-prise (le vendredi 8 mars à 20h30). Enfin, le chorégraphe français Hervé Koubi amènera sa compagnie à Guy Obino pour Ce que le jour doit à la nuit (le mardi 9 avril à 20h30). Parmi les douze interprètes la majorité viennent de la danse de rue, ce qui promet une représentation au tonus considérable. La programmation sera ponctuée par deux spectacles de théâtre d’objets libellés « Jeune public », Ici et là (le 26 et le 27 mars) et Okilélé (le 18 et le 19 avril). 

Dans la ribambelle de pièces de théâtre qui se joueront au domaine de Fontblanche, un spectacle d’arts numériques se démarque des autres : Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ? (le 16 avril à 20h30). Bien que le nom de la pièce fasse croire à une comédie banale, il n’en est rien. Pour comprendre les raisons de la rupture, les personnages vont mener l’enquête en s’emparant au passage de divers outils numériques. Une manière de dénoncer avec humour notre société hyperconnectée. 

RENAUD GUISSANI 

Théâtre de Fontblanche
Vitrolles
vitrolles13.fr

IAM et la musique locale à Vitrolles !
C’est un grand coup que frappe la direction culturelle de Vitrolles. L’emblématique groupe de rap marseillais IAM repart en tournée pour 14 dates, et commence par la salle de spectacles vitrollaise Guy Obino. Akhenaton et ses comparses y résideront une semaine afin de préparer au mieux leur concert du 3 février. Des artistes locaux des musiques électroniques et actuelles s’empareront à leur tour de la salle de spectacles (le 12 avril à 21h) puis du Stadium de Vitrolles (le 13 avril à partir de 16h). Il s’agit de la première édition du festival Basses fréquences pour les cultures Queer et Underground,organisé par Parea Production. À ne pas manquer ! R.G.

[Spécial Saisons] LE COMOEDIA : Le Comoedia veut faire rire aux éclats

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La délicatesse © Fabienne Rappeneau

La saison 2023-2024 sur le thème « Littérature, personnages et/ou personnalités » se poursuit au théâtre Comoedia d’Aubagne. Cette thématique se glisse dans presque tous les genres représentés, qu’il s’agisse du théâtre, de la musique ou encore de l’humour. Dans la pièce Les Voyageurs du Crime écrite par le dramaturge Julien Lefebvre par exemple, où l’on suit huit comédiens dans l’Orient Express qui deviendra le théâtre d’un mystérieux enlèvement (le 31 janvier à 20h). Le thème se retrouve aussi à travers les personnalités du jazz Kadri Voorand et Mihkel Malgand qui feront halte à Aubagne, lors d’un concert à l’âme nordique (le 7 février à 20h). Ou bien en la personne de l’humoriste Antonia de Rendinger dont le quatrième spectacle – qui a reçu un accueil très chaleureux dans la critique – sera joué au Comoedia. 

La gravité au bagne

Le monde est dans un sale état, or le Comoedia a décidé de s’inspirer du dicton : « mieux vaut en rire qu’en pleurer ». C’est ainsi qu’avant le spectacle d’Antonia de Rendinger on retrouve le stand up Renversée d’Amandine Lourdel et sa multitude de sujets qu’elle aborde avec légèreté (le 29 février à 19h). La dérision continue le 29 mars en la compagnie de la célèbre Cécile Giroud et de son acolyte Yann Stotz. Et pour clôturer la saison en beauté, la deuxième édition du Aubagne Comedy Fest débute à partir du 22 mai. La précédente édition du festival avait été une réussite, notamment grâce à la présence du chanteur Oldelaf ou encore de l’humoriste Roman Doduik, le youtubeur « star des ados ». L’identité des têtes d’affiche et des artistes émergents n’est pas encore connue, la programmation n’étant pas encore complète. À l’issue de l’événement le second trophée « Fada » – une distinction qui récompense les découvertes humoristiques – sera décerné à l’un ou l’une de ces têtes montantes. Une chose est sûre, le Comoedia compte bien faire rire son public. 

RENAUD GUISSANI

Le Comoedia
Aubagne
04 42 18 19 88

[Spécial Saisons] ESPACE CULTUREL DE CHAILLOL : Dans les hauteurs musicales de Chaillol

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Kapsber'girls © P. Morales

Pas un mois sans musique à l’Espace culturel de Chaillol ! De janvier à juin, six propositions, souvent assorties d’un volet d’action culturelle en direction des habitants, seront déclinées dans diverses communes des Hautes-Alpes. Chaque projet est joué plusieurs fois au cœur de divers lieux, églises, salles des fêtes… Se dessinera cette saison, comme pour les précédentes, un fil que chacun se plaira à comprendre à sa façon, guidant les auditeurs à travers l’éclectisme des esthétiques et des formes. S’y posent les questions des héritages musicaux et de leur lignée, de la place des femmes dans la création et la transmission, de la résonnance entre les géographies terrestres et humaines et de sa transmutation en un art vivant et partagé. 

Après avoir ouvert l’année avec Héritages par le Quintet Bumbac, qui nous conviait à un « libre voyage dans les musiques des Balkans », répertoire de compositions originales et de musique traditionnelle orchestrées par David Brossier, on revient à la chanson française avec Noëmi Waysfeld (23 au 25 février). la chanteuse de Soul of Yiddish qui, accompagnée des deux violoncellistes Juliette Salmona (Quatuor Zaïde) et Louis Rode (Trio Karenine), distille les accents en épure de sa voix ambrée sur des textes de Barbara, célébrant au pluriel la « belle Dame brune ». La thématique féminine s’ourle d’un parfum tragique avec le Quatuor Psophos (19 au 31 mars) qui s’empare avec finesse et vivacité du lyrisme poignant de Schubert dans La Jeune Fille et la Mort avant de sublimer ses élans avec le Quatuor n° 11 de Nicolas Bacri, commande du Festival de Pâques 2020. 

Compositions intimes

En écho malicieux aux Dames Brunes, les Kapsber’girls (25 au 28 avril), dont le nom est un clin d’œil au compositeur italien du XVIIIe, Hieronymus Kapsberger, (Alice Duport-Percier, soprano, Gabrielle Varbetian, mezzo-soprano, Garance Boizot, viole de gambe et basse de violon, Albane Imbs, cordes pincées et direction musicale) déclineront avec espièglerie les « brunettes », ce sous-genre musical désignant des chansons strophiques simples très mélodiques qu’affectionnèrent les XVIIe et XVIIIe siècles. La contrebasse jazz d’Yves Rousseau (24 au 26 mai)arpentera en solitaire compositions intimes et réminiscences, dont une sublime reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel. Enfin, Saraï (27 au 30 juin) concocté par Baltazar Montanaro (violon baryton), Sophie Cavez (accordéon diatonique) et Juliette Minvielle (chant et percussions) reprend des« textes de chansons cueillis du Moyen Âge à nos jours, poétiques et féminins (car presque tous écrits par des femmes), et traitant de la question non encore résolue de nos jours, celle de l’amour »(B. Montanaro). Quel programme !

MARYVONNE COLOMBANI

Espace culturel de Chaillol
En itinérance dans les Hautes-Alpes
festivaldechaillol.com

[Spécial Saisons] ESPACE NOVA : SuperNoVa de fin de saison

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Storm © Studio Delestrade - Avignon

L’espace NoVa de Velaux a débuté son année sous le signe de la solidarité, avec un concert caritatif au profit des Restos du Cœur le 25 janvier dernier. D’entraide il en sera toujours question dans la pièce Babïl de la compagnie Du Jour au Lendemain (le 23 février). Les comédiens Raphaël Bocobza et Antoine Laudet y interprètent Tohu et Bohu, des habitants d’un pays qui a décidé de s’unir pour ériger une tour, symbole de sa multitude. Le 9 mars c’est le célèbre compositeur nigérian Keziah Jones qui viendra, affublé de son habituel chapeau, faire bouger l’Espace. Ses chansons pop-rock sont empreintes de messages politiques dénonçant la vision occidentale d’une Afrique guerrière et en proie à la famine. Le natif de Lagos désire au contraire porter la voix de ce continent jeune et urbain, où une culture moderne et contemporaine bat son plein. De Lagos à Lorient il y a une trotte, mais qu’il s’agisse de Keziah Jones ou du groupe FFR, tous deux passent par Velaux. Les incontournables du festival interceltique prévoient d’électriser un peu plus l’ambiance (le vendredi 15 mars). Sur un ton plus calme mais pas moins entrainant, la compagnie Les Estivants se plonge dans la vie de Molière, pleine de rebondissements et d’aventures (le vendredi 29 mars).  Un spectacle qui s’inscrit parfaitement dans la thématique de saison Elles puisque toute la distribution du spectacle, des comédiennes à la régie son en passant par la production, est entièrement féminine. Autre femme, humoriste cette fois, Laurie Peret présente à l’Espace NoVa sa vie rocambolesque le samedi 13 avril. Et pour finir la saison en beauté, les treize danseurs du Ballet de l’Opéra Grand d’Avignon présente sa création Storm le vendredi 17 mai.

Un espace associatif novateur 

Rien de tout cela ne serait possible sans les femmes et les hommes que l’Espace NoVa désigne comme « Citoyens, solidaires et engagés ». Grâce à l’association Culture’mania, d’ailleurs majoritairement constituée de « citoyennes », les soirs de spectacle se déroulent sans accrocs. Ces maniaques de la culture prennent aussi part à la confection et à la mise en place de la programmation culturelle. Pour avoir accès aux rétrospectives des dernières saisons et celle de cette année, c’est vers Clin d’œil qu’il faut se tourner. Les photographes de l’association mettent au premier plan les femmesà l’Espace NoVa. 

RENAUD GUISSANI 

Espace NoVa
Velaux
04 42 87 75 00
espacenova-velaux.com

[Spécial Saison] LE CHANTIER : À l’écoute du monde

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Tant Que Li Siam © Thomas Bohl

« Cultiver les singularités du monde à travers des résidences de création, transmettre au jeune public, polliniser les territoires avec des bonheurs d’oreille » … les propos de Frank Tenaille, directeur artistique du Chantier donnent le cap des propositions de ce lieu unique dans notre région. Après un mois de janvier qui aura suivi les chants des chemins de muletiers du Nord au Sud de l’Italie, on mettra le cap sur les Balkans et la fantastique réserve de musiques de régions qui font se rencontrer Orient et Occident. Le Jarava Sextet (23 février), nous invitera à un Voyage au pays d’Orphée mêlant inspirations bulgares, grecques, macédoniennes et tziganes. S’évadant du giron de Correns, le Chantier propose aussi des concerts buissonniers : le flamenco/électro de Rocío Márquez (15 mars) déploiera ses mélodies associées aux élans de l’ancien batteur punk Santiago Gonzalo alias Bronquio à la Croisée des Arts de Saint-Maximin. 

La musique au sommet

Ce sont les chemins et les chansons « de traverse » que le groupe Tant que Li Siam (Marie-Madeleine Martinet, Audrey Peinado, Mickaël Portalès, Mario Leccia) arpentera grâce aux polyphonies du Ventoux auxquelles auront été initiés quelque cent élèves de la Provence Verte. Entre-temps, Kady Coulibaly et Lucas Rizzotti (avril) conjugueront, lors d’ateliers itinérants de territoire, percussions dunduns, kora, électro, traditions du Burkina Faso et modernité, dans leur duo Aôn (« nous » en diaoula). Les ateliers autour des chansons et musiques populaires du Brésil menés par la parolière, chanteuse et mandoliniste Claire Luzi et le compositeur guitariste et tromboniste Cristiano Nascimento s’adresseront à une classe de 5e du collège de Carcès tandis qu’une autre résidence de création (tous les ensembles cités bénéficient de ces temps indispensables) accueillera en mai le projet « « Ukulele Paradise » avec Ies Miss’u (Isabelle Temple, Véronique Fis, Cécile Lasfargues, Gérard Vedeche)… « Aloha » !

MARYVONNE COLOMBANI 

Le Chantier
Correns
04 94 59 56 49 
le-chantier.com 

[SPÉCIAL SAISON] Bois de l’Aune : C’est meilleur quand c’est gratuit

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Il tango delle capiniere © Roselina Garbo

Brillante, éclectique, exigeante, intelligente, poétique, généreuse, inventive, étonnante, bouleversante, dérangeante… les qualificatifs s’accumulent si on laisse les spectateurs donner leurs impressions à la fin des spectacles du Bois de l’Aune, ce théâtre atypique aux spectacles gratuits et à l’accueil convivial. Les gens viennent en avance, parfois hors des horaires des représentations, car des temps de parole sont proposés, des projets participatifs, des « cafés gourmands », des « Rebonds ». L’association des Amis du Bois de l’Aune contribue activement aux activités de cette « maison-théâtre » où chacun se sent libre de dire, de partager, de discuter avec les artistes en une familiarité saine qui replace les perspectives et les enjeux dans l’humain, l’écoute, la découverte. 

La deuxième partie de l’année verra du cirque, des spectacles pour enfants, des propositions de la Biennale d’Aix 2024, du théâtre venu de l’étranger (Liban, Espagne, Italie). Passionné, Patrick Ranchain prône la curiosité, choisit des pièces dont « les acteurs [le] touchent », qui savent amener « l’émotion sur le plateau ».  

Un monde de découvertes

Il est sans doute impossible de résumer le foisonnement de la programmation, il n’est guère de semaine sans œuvre nouvelle. Le cirque avec Icare de Guillaume Barbot (dès 4 ou 8 ans), Fora d’Alice Rende, L’échelle humaine de Mathurin Bolze explore les mondes et la place de nos corps contraints. Les marionnettes de Marta Cuscunà évoquent le drame de Gloucester, Sorry Boys (dès 16 ans). La danse rejoint le théâtre avec Mazùt de la compagnie Baro d’evel pour nous plonger dans un univers étrange. Sans doute pour Céline Fuhrer et Jean-Luc Vincent La femme n’existe plus mais le féminisme oui, et l’on peut se demander avec François Hien Olivier Masson doit-il mourir ? en posant la question de l’euthanasie ; on suivra de toute façon Simon Gauchet dans L’expérience de l’arbre aussi fascinante que poétique. Une autre histoire du théâtre se dessine grâce à Fanny De Chaillé qui définit, épouse l’histoire et en interroge les méandres. L’été des charognes d’Hubert Colas donne chair au roman de Simon Johannin, porté par la voix et la présence de Thierry Raynaud… 

Bien sûr, on sourit au titre de la pièce de Nicolas Heredia, À ne pas rater, d’une fine drôlerie. Dès huit ans on pourra se délecter de Riquet, opéra miroir de Jeanne Béziers qui revisite le conte tandis qu’à partir de dix ans le second volet de Croizades de Sandrine Roche, Jozef & Zelda, reconstruit un univers d’enfance qui a bien du mal à survivre dans Ordalie de Chrystèle Khodr (Liban) où l’on tente d’effacer les ruines de Beyrouth avec leur mémoire tandis que Xavier Bobès (Espagne) réinvente notre relation au vivant dans le poème intimiste Corpus et qu’Emma Dante (Italie) danse Il tango delle capinere, qu’Élise Vigneron instaure une performance collaboratrice de glace, Lands, et que, évènement théâtral participatif Philippe Collin, Violaine Ballet et Charles Berling débattent sur Léon Blum, une vie héroïque

MARYVONNE COLOMBANI

Bois de l’Aune
Aix-en-Provence
04 88 71 74 80 
boisdelaune.fr

Presse et culture, une histoire d’amour et de déchirements

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Les personnes qui répondent au questionnaire anonyme lancé par Zébuline sont peu représentatives des usages culturels des Français ! Plus de 45% fréquentent les arts vivants plus d’une fois par semaine, dont 20 % plus de 3 fois par semaine, et 22% plus de 25 spectacles et concerts en été. Deux tiers des répondants sont des professionnels de la culture, actifs, étudiants ou retraités ; un autre tiers des professionnels du journalisme, et parfois du journalisme culturel puisqu’ils cochent les deux ; d’autres sont des enseignants, souvent profs de lettres, d’art ou de musique. Mais quelle que soit la non représentativité de leurs usages culturels, le motif évoqué, récurrent, à la baisse de certains de leurs usages est économique, non pas parce que les places seraient trop chères dans l’absolu, mais parce que, comme le dit l’une d’entre eux, iels « traversent des difficultés économiques et ne bénéficient pas des tarifs réduits ».

La même remarque apparaît dans leurs usages de la presse, certains aimeraient « s’abonner à tout, au moins sur internet » mais ne le font pas pour des raisons économiques. Car celleux qui ont répondu sont aussi de grands lecteurs de presse, puisque 40% lit la presse, nationale et régionale, tous les jours. Ils constatent le rétrécissement progressif des rubriques culture dans les médias généralistes, presse et audiovisuel, y compris dans les médias indépendants ou publics. Un·e lecteur·ice anonyme écrit : « Je fais partie des personnes qui ont connu une presse locale diverse, variée et avec une large place à la culture : le Soir, la Marseillaise, le Provençal, le Pavé, Tak Tik, Zibeline… et qui en garde la nostalgie. » 

Et ils ont conscience du pouvoir des médias et des enjeux économiques et politiques qui y sont attachés. Ainsi Raquel Rache de Andrade, une des participantes de notre débat, codirectrice du Pôle national du cirque Archaos, en fait une analyse très politique :

« Le rétrécissement de l’espace pour la culture dans les médias permet un état de non réflexion sur le monde qui nous entoure, et l’instrumentalisation de la pensée à des fins politiques. Comme disait Pierre Bourdieu “Les riches achètent les médias pour donner leurs messages bien choisis aux pauvres”. »

Un constat de rétrécissement sans appel

Ce constat repose sur une réalité documentée, mais les titres possédés par les milliardaires français [voir encadré] ne sont pas les seuls à avoir banni les sujets culturels de leurs Unes, alors que les sujets sportifs y fleurissent régulièrement. Les rares titres de la presse indépendante qui survivent et les médias publics audiovisuels leur emboitent le pas et les sujets culturels s’y font de plus en plus rares. 

Les écoles de journalisme, privées comme publiques, ne forment plus à ces questions alors que des masters de journalisme sportif fleurissent dans toutes les universités. Et l’État n’accorde aucune aide à la diffusion à la presse culturelle alors qu’il accorde 1 million d’euros à L’Equipe, qui figure bon an mal an dans les trois quotidiens de France les plus lus (après Le Monde et Le Figaro) et 2,2 millions aux Echos, c’est à dire à Bernard Arnault qui n’en a pas forcément besoin. Les aides accordées à ces titres économiques et sportifs sont refusés aux titres culturels, qui ne sont pas jugés comme relevant de l’information générale par… le ministère de la Culture !

Sept milliardaires à la tête des médias
Les grandes fortunes françaises possèdent tout, ou partie majoritaire, de plus de 90% de la presse nationale et régionale, et des médias audiovisuels d’information. Elles y perdent généralement de l’argent, parfois beaucoup, mais s’auto-recapitalisent régulièrement. Le but est clairement, puisqu’elles investissent à perte même si les aides d’État viennent un peu compenser, de contrôler l’opinion. 
Patrick Drahi (BFM et RMC), Dassault (Le Figaro, Gala), Vincent Bolloré (Europe 1, Télé-Loisirs, Géo, Gala, Voici, Femme Actuelle, Capital, Paris Match, le JDD, Canal +, CNews) Xavier Niel (Le Monde, L’Obs, Nice Matin, Var Matin, Monaco Matin, France Antilles, France Guyane), Bernard Arnault (Les Echos, Le Parisien, Radio Classique, Historia, Sciences et Avenir, Challenge…), Rodolphe Saadé (La Provence, La Tribune, Corse Matin), François Pinault (Le Point)… 

Inventer une nouvelle histoire

Pourtant la relation de la culture avec la presse est historique, et forte : les premières gazettes rendaient compte de l’actualité culturelle, et jusque dans les années 1980 bon nombre de Unes de la presse généraliste étaient consacrées à des acteurs, voire à des metteurs en scène. Ce qui n’arrive plus qu’à l’annonce de leur décès. Mais la relation reste forte, et complexe, tous les opérateurs culturels soignant leur « relation presse » et attendent d’être « couvert », en méconnaissant souvent les difficultés qu’ont les journalistes culturels, au sein de leur rédaction, à obtenir de la place dans les pages, et l’impossible équation pour la presse culturelle régionale de survivre sans financement.

Les réponses au questionnaire, par une majorité de professionnels de la culture, témoignent de cette méconnaissance : l’attente d’une « exhaustivité  de l’information sur les spectacles », d’une « information gratuite », de « plus de curiosité sur les arts émergents », d’une couverture des concerts « jusque dans nos villages », méconnait la réalité économique de la presse culturelle, qui est perçue comme un service public, alors même qu’elle reçoit pas ou peu d’argent public.

Une incompréhension et dépendance que Catherine Marnas, directrice de la Compagnie Parnas, exprime avec lucidité du côté des artistes :

« La relation entre la presse et les artistes est une relation passionnante qui trouverait sa place dans les fictions qui s’intéressent aux passions. Tout dans les schémas de la relation amoureuse y est présent. Flirts, cour, dépit, réconciliations mais peut-être plus que dans l’amour (quoi que!) l’intérêt y est ici omniprésent. Astreint au besoin de plaire et de faire parler de soi, l’artiste se trouve soumis à un pouvoir de la presse qu’il maudit en coulisse et courtise au grand jour. »

Faut-il, dans ces conditions, trouver un terrain de combat commun pour affirmer ensemble, public/lecteur, journalistes et artistes, notre refus de l’emprise actuelle sur nos médias, nos industries culturelles et notre culture publique ? C’est ce que propose Samuel Wahl, qui enseigne le journalisme culturel à La Sorbonne (dans la région ce n’est pas enseigné) et observe de nouveaux médias, alternatifs, où artistes et journalistes créent ensemble, pour permettre de « préserver l’accès aux libertés et promouvoir le développement de l’esprit critique comme un bien commun. Chacun est appelé à y prendre une part active et à rappeler la puissance publique à sa mission première d’intérêt général, en offrant des garanties concrètes quant à l’indépendance et au pluralisme face à la concentration des pouvoirs. »

AGNÈS FRESCHEL

[ Spécial Saison] CENTRE CULTUREL RENÉ CHAR : Dignes de Char 

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VIEUX FARKA TOURE © Kiss-Diouara

« Il n’y a que mon semblable, ma compagne ou mon compagnon qui puisse m’éveiller de ma torpeur, déclencher ma poésie », disait Char. Le centre culturel éponyme de Digne-les-Bains s’inscrit tout droit dans le registre du poète. En effet, sur les 24 dates de la saison que comporte sa programmation, 3 spectacles sont prévus en duo. De la musique d’abord, avec Christophe Leloil à la trompette et Rob Clearfield au piano (le 1er février). De la musique encore, avec Sébastien Rambaud et Yann Coste, les batteurs éclectiques Fills Monkeys (le 16 février). Et pour finir… toujours de la musique avec le duo international Digital Soul Project. Ces musiciens à l’âme jazz seront exceptionnellement rejoints aux percussions par Stéphane Edouard, dont le groupe Sixun se produira plus tard dans le Centre Culturel (le 24 mai à 20h30). Cette place de choix faite à la musique ne doit pas occulter la diversité de la programmation. Expositions, théâtre, cinéma, danse ou encore Seul en scène : il y en a pour tous les goûts. 

L’individu à l’honneur 

Bien que la plupart des représentations mettent le collectif en avant, certaines scènes ou événements dérogent à la règle. On y retrouve une soliste en la personne de Stéphanie Jones (le vendredi 19 avril à 20h30), un Seul en scène de Laurent Eyraud-Chaume (le 28 mai) ainsi que la danseuse contemporaine Ana Perez sur un concerto (le 30 mai). Sans oublier que la 50ème rencontre cinématographique décernera 5 prix lors du concours international de courts métrages (le 26 mars 2024). Une programmation qui réunit les éléments requis pour déclencher notre poésie. 

RENAUD GUISSANI

Centre culturel René Char
Digne-les-Bains
0492308710

[Spécial Saisons] FORUM JACQUES PRÉVERT : Trajectoires, le souffle des récits de vie 

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Les poupées © Raynaud de Lage

Asseyant toujours davantage sa place singulière sur le territoire des Alpes-Maritimes depuis l’arrivée à sa tête de Pierre Caussin, le Forum Jacques Prévert entérine sa volonté de fédérer les grands lieux culturels azuréens avec une nouvelle édition du festival Trajectoires. Créé en 2019, ce temps fort vise à faire circuler les publics autour de propositions intimistes et exigeantes. Depuis 2022, l’événement se construit à l’échelle du département. Il essaime désormais dans plusieurs villes du littoral et du moyen-pays – Carros, Nice, Grasse, Cannes, Mougins et Mouans-Sartoux. Sa ligne artistique, quant à elle, reste inchangée : convier des artistes qui interrogent notre rapport au monde par le biais des récits de vie. De précieux parti pris sociétaux, tragiques ou humoristiques, qui résonnent et se prolongent durant des tables rondes, échanges, temps forts tour à tour festifs ou réflexifs, pour solliciter la tête et les jambes. 

Féminismes pluriels 

Les prismes féminins sont à l’honneur cette année. Après lui avoir consacré sa thèse de philosophie-psychanalyse – Frida Kahlo, martyr enfanté par l’effondrement –, Bénédicte Allard construit un solo autour du personnage sulfureux de l’artiste peintre, « femme dans un monde d’hommes. Elle s’est imposée à moi comme la personnification criante d’un art enfanté dans la douleur et la désintégration. Je suis tombée amoureuse de ses toiles, tableaux de vie empreints de chair, de sang, de folie, de sexe, de rire, de souffrance, de mélancolie et d’amour. »  (Frida Kahlo, ma réalité, les1er et 2 février au Théâtre national de Nice).

Autre vision du féminisme, celui éclos dans les clinquantes années 1980, façonné par des heures de comédie romantique sur petit écran et leur vision ultra stéréotypée du couple. À l’approche de la quarantaine, la pétulante Chloé Oliveres,revendiquée « féministe et midinette, ou midiniste, ou féminette », se livre à l’analyse de ses contradictions – qui pourraient bien s’avérer générationnelles (Quand je serai grande je serai Patrick Swayze, les 9 et 10 février au Forum ; précédé d’un atelier Dirty dancing la veille). Quant à Eva Rami, c’est à travers le triptyque Vole !, T’es toi ! et Va aimer ! qu’elle revisite la manière d’être une femme au sein de sa famille : inventer ses propres codes, les confronter aux regards des autres, trouver sa place au sein de sa tribu, et par-là-même assumer ses choix à l’égard de la société (les 6, 7 et 8 février au Théâtre national de Nice). 

Créations chorales 

Les créations chorales abordent des réalités familiales, partant du noyau nucléaire pour viser plus loin. Après Le Voyage de Miriam Frisch, la Compagnie Hanna R propose une nouvelle quête identitaire, lançant ses comédiens sur les traces de leur capital génétique : un véritable jeu de rôle sur les origines, entre fiction et réalité (ADN / Histoires de familles, le mardi 30 janvier au Théâtre de la Licorne, Cannes). En clôture du festival, la troupe de Léo Cohen-Paperman présente quant à elle le nouveau volet de sa série Huit rois (nos présidents), sur les dirigeants de la Ve République.Avec Le dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing, la compagnie Animaux en paradis remet au goût du jour un haut fait d’armes des années 1970, quand les actions symboliques précédaient les éléments de langage : le désormais fameux dîner du président et de son épouse Anne-Eymone chez la famille Deschamps-Corrini, dans une petite maison normande. Ce petit précis de démagogie sera bien sûr prétexte à une analyse politique entre la poire et le fromage, où le bien nommé feuilleté à l’andouille côtoie l’avènement du Minitel, le spectre de l’avortement ou encore le mirage du chômage… En guise d’apéro temporel, blind test des années 1970 et 80 par le collectif Bouge ton Uke ! Enfin, Trajectoires n’oublie pas de penser local. Monté jouer la comédie à Paris, Benjamin Tholozan n’en reste pas moins un enfant du pays. Et si dans sa famille, on parle « avé l’assent », lui n’a jamais attrapé les rondeurs du parler provençal. Au grand dam de ses ancêtres, il a même adopté le langage pointu de la capitale… L’occasion de revisiter l’histoire des dialectes de nos régions, au cours d’une épopée savante et échevelée (le 2 février au Forum). Le lendemain à la médiathèque de Mouans-Sartoux, c’est l’autrice niçoise Michèle Pedinielli qui retracera son parcours de vie, démarré dans le tumulte d’un printemps 1968, avant de bifurquer vers l’écriture de polars. Elle dédicacera son nouveau roman, Sans collier, paru aux éditions de l’Aube.

JULIE BORDENAVE

Trajectoires
Jusqu’au 16 février
Carros et alentour
forumcarros.com

ARCHAOS : Du cirque à foison 

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Entre Ciel et Mer © Nigel Quinn

Parmi les 17 spectacles proposés, deux premières sont à repérer du jusqu’au 25 février dans les Bouches-du-Rhône. Chez Archaos le 26, Friendly! de la Compagnie des Attentifs explore un sujet rare, celui de l’amitié entre hommes et femmes, sur une mise en scène de Guillaume Clayssen. Les 13 et 14 février au Bois de l’Aune, c’est la jeune brésilienne Alice Rende, accompagnée par le Pôle cirque depuis ses débuts, qui présente son nouveau spectacle Fora, forme longue de son solo originel Passages : une magnifique allégorie de la contorsion, entre repli et désir d’émancipation, via un corps contenu dans un tube étroit. Le reste de la programmation, comme à son habitude, en réserve pour tous les goûts. Des grandes formes sous chapiteau, pour certaines intégrées à la 26e édition des Élancées à Istres : Coeurs sauvages des Colporteurs (du 23 au 25 février à Istres), Entre ciel et mer du Cirque Eloize (les 17 et 18 février à La Colonne de Miramas), ou encore Pandax du Cirque la Compagnie, où la crémation du papa est prétexte à toutes les gesticulations de cette loufoque fratrie, entre bascule, banquine et lancer de couteaux (du 16 au 18 février à Istres). Le trampoline quant à lui est un agrès qui a le vent en poupe, permettant d’explorer les relations père-fils (Icare de Coup de Poker le 9 février au Bois de l’Aune) comme les contrées plus symboliques de l’espace mental, défiant les murs capitonnés d’un hôpital psychiatrique (Open Cage de Hors Surface, le 15 février chez Archaos). Les disciplines plus intimistes ne sont pas en reste : mentalisme avec la Cie du Faro (Port-de-Bouc le 30 janvier), duo clownesque des Colporteurs (au Daki Ling le 24 février), jonglage d’objets avec les Vélocimanes associés (Berre l’Etang le 4 février, Vitrolles le 6 février)…  

JULIE BORDENAVE

Entre2 BIAC
Du 25 janvier au 25 février 
Divers lieux dans les Bouches-du-Rhône
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