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AccueilScènesRaphaëlle Delaunay : « La double peine »

Raphaëlle Delaunay : « La double peine »

Dans "Hop !", la danseuse chorégraphe Raphaëlle Delaunay partage la scène avec Jacques Gamblin, avec qui elle a co-créé ce spectacle.

Zébuline. Vous présentez Hop ! au Théâtre de l’Olivier, à Istres, un spectacle coécrit avec l’acteur Jacques Gamblin. De quoi est-il question ?
Raphaëlle Delaunay. C’est une rencontre entre deux êtres qui vont connaître les joies et les affres de se confronter. Avec tout ce que la rencontre de l’autre génère comme bouleversements. C’est à la fois très simple, très banal, métaphysique parfois. On est sur un mode plutôt léger voire absurde donc avec la petite mécanique qui fonctionne dans les duos comiques. On est toujours en désaccord mais on sent un profond respect mutuel. Il y a de l’admiration pour le domaine de chacun.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce duo entre acteur et une danseuse ?
C’est lié à nos deux personnalités. Jacques est très danseur pour un comédien et je suis très comédienne pour une danseuse. Il y avait une évidence à croiser nos désirs respectifs pour voir comment cela pouvait s’hybrider. 

Est-ce une pièce dansée ou une chorégraphie jouée ?
Le terme n’existe pas encore pour définir ce que c’est. Je ne sais pas quel est le pourcentage de théâtre ou de danse pour dire si cela penche d’un côté plutôt que de l’autre. Dans Télérama, ils ont appelé ça « une fantaisie théâtrale ». C’est un objet singulier. La forme finalement importe peu. Les spectateurs se font vite cueillir par une lame de fond qui est l’authenticité de cette rencontre et tout ce que cela met en jeu.

Cela parle aussi de l’exploration du corps, de l’espace, du temps et des possibilités infinies qu’offre le duo pour cela…
Dès que l’on met deux corps dans un endroit, l’espace est en jeu. L’espace devient un personnage, il est agissant sur nos comportements et nos corps. Il est comme un médiateur : quand on n’arrive plus à se parler de façon directe, c’est lui qui nous réunit. Et qui crée des divergences aussi. On se retrouve sur le désir de faire œuvre commune, de dialoguer. Que ce soit avec la voix ou le corps… C’est juste le medium.

Vous vous produisez le 8 mars. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
Je suis concernée à double titre par les inégalités car je ne suis pas seulement une femme, je suis une femme de couleur. Pour reprendre des termes à la mode, je suis dans l’intersectionnalité donc dans la double peine. J’essaie simplement d’avoir un peu de légèreté. Et dans Hop !, ces questions sont à l’œuvre.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS

Hop ! s'est joué le 8 mars au Théâtre de l’Olivier, Istres
scenesetcines.fr
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