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RENCONTRES D’AVERROÈS : Sous les traits de Kamel Khélif 

Dans le cadre d’Averroès Junior, une rencontre est dédiée ce 16 novembre à l’auteur-dessinateur franco-algérien, pour une soirée immersive entre illustrations et récits intimes

Un univers unique, caractérisé par la vie solitaire de l’artiste qu’est Kamel Khélif, comme par l’expression technique des jeux d’ombres et lumières qui définit son art. C’est à travers des planches au fusain, crayon gras et encre de chine qu’il parvient à transporter ses lecteurs, d’Alger à Marseille, ses villes de cœurs et « villes d’exil ».

Qui se cache derrière l’artiste ?  

Auteur, peintre et dessinateur, Kamel Khélif arrive à Marseille depuis son Algérie natale en 1964, alors âgé de 5 ans, pour y rejoindre son père dans le bidonville de Sainte-Marthe. 

Il s’installe plus tard dans le quartier de Noailles qu’il n’a jamais quitté à ce jour. C’est un lieu qui lui tient à cœur, une source d’inspiration que l’on perçoit dans ses œuvres, tant il traduit de la diversité des populations qui fait la ville de Marseille. Ce n’est donc pas un hasard si Kamel Khélif aborde d’une manière essentielle dans ses illustrations des sujets comme l’exil et le déplacement, tant les migrations sont intrinsèques à l’histoire de la cité phocéenne. 

Au fil de ces trente années consacrées à ses dessins, l’artiste peintre marseillais, souvent mieux connu à l’étranger qu’en France, a également su s’exprimer au travers d’ouvrages, toujours à l’aide d’illustrations singulières. On les retrouve par exemple dans Les exilés, La jeune fille et la mort, Premier hiver, ou dans sa dernière BD Même si c’est la nuit [lire encadré ci-dessous] parut aux éditions Otium en 2019.

Cette soirée sera donc l’occasion de rencontrer cet artiste complexe, de s’imprégner de son histoire et de ses réalités méditerranéennes comme un indice pour comprendre ses récits emprunts d’ombres, de nuances et de rêves. 

APOLLINE RICHARD

Le voyage imaginaire de Kamel Khélif
16 novembre, 19 heures
La Criée, Théâtre national de Marseille
« Essayer de toujours rester ailleurs » 
Dans la BD de 98 planches intitulée Même si c’est la nuit, Kamel Khélif nous amène dans une déambulation nocturne et mélancolique d’une ville que l’on reconnait vite : Marseille, bien que l’auteur ne l’a nomme jamais. Dans le froid, la nuit, il quitte son appartement délabré et fini par se retrouver dans le quartier Belsunce. Au long de cette marche, il est poursuivi par des souvenirs, sur le fil du rasoir entre rêve et réalité. 
Dans cette œuvre que l’on pourrait qualifier d’introspective, tant elle s’inspire de la vie de son auteur : un artiste solitaire, ne pouvant plus dessiner, anonyme, mais qui tout comme lui vient d’Algérie, qu’il a quittée très jeune. Ainsi, le personnage principal est à l’image de l’artiste qui ne sait plus trouver l’équilibre avec le réel et les autres, isolé par ses dessins. Pour Kamel Khélif, c’est cette distance qui définit l’artiste, inévitablement mélancolique car étranger au monde par son métier. 
La question de l’identité est centrale dans ses œuvres, car lui-même ne se définit pas comme français, marseillais ou algérien mais bien comme artiste. Émane de cette décision une certaine liberté, celle de ne jamais rester dans un enfermement artistique, social, idéologique, ou ethnique, et finalement, comme il le dit, « essayer de toujours rester ailleurs ». A.R
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