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Sortez les violons, La Roque-d’Anthéron c’est terminé

Le Festival international de piano a joué sa dernière note. L’occasion de revenir sur deux soirées où le violon était aussi à l’honneur, et dresser un bilan de ce festival

Le Festival international de La Roque-d’Anthéron est estampillé « piano », cela va sans dire. Ce qui n’exclut pas d’autres familles d’instruments car le piano n’est ni un instrument forcément solitaire ni excluant. La preuve, outre les sessions purement orchestrales, laissant le concertiste du jour se remettre des prodiges accomplis sur son clavier, des formations chambristes (souvent avec piano quand même !) et des représentations où le violon s’affirme soliste voire chef, ont mis à l’honneur les archets.

On a ainsi pu applaudir dans un subtil programme de musique française, (Quintette pour piano et cordes en fa mineur de Franck et Concert pour piano, violon et quatuor à cordes opus 21 de Chausson), l’une des coqueluches – et c’est mérité – du violon actuel, Renaud Capuçon entouré de Manon Galy, Raphaëlle Moreau (violons), Paul Zientara (alto), Maxime Quennesson (violoncelle) et Guillaume Bellom, toujours souverain au piano. Délicatesse, intelligence, expressivité, se conjuguent au cœur de ce programme exigeant et sans doute trop peu joué en comparaison des Chopin, Liszt, Rachmaninov qui emplissent les salles…

Une Écossaise exécutée

Renaud Capuçon revient pour le concert de clôture à la tête de l’Orchestre de Chambre de Lausanne dont il est le directeur artistique depuis 2021. La soirée est consacrée à deux œuvres de Felix Mendelssohn, l’une des grandes figures du romantisme (certains portraits le représentent en train de donner un concert chez Goethe). Le Concerto pour piano (excellent Jorge Gonzalez Buajasan dont on regrette l’absence de bis qui aurait permis d’écouter l’approche sensible et virtuose du jeune interprète), violon et cordes en ré mineur déploie son architecture souple, enchâssant des passages chambristes au cours desquels piano et violon duettisent à d’amples mouvements d’ensemble. La fougue se mêle à un sens mélodique très sûr, une pointe d’espièglerie se glisse ici ou là… Le compositeur en mai 1823 (date de la composition de l’œuvre) n’a que quatorze ans. Quelle fraîcheur !

La plus connue peut-être des œuvres orchestrales de Mendelssohn, la Symphonie écossaise (n° 3 en la mineur opus 56), conçue dit-on devant la chapelle mortuaire de Mary Stuart envahie de lierre, lors du voyage du musicien en Grande-Bretagne. L’orchestre remarquablement uni et autonome nous emporte dans les brumes des Highlands, brossant des paysages emplis de mystères et de légendes, sculptant les contrastes, dessinant de fines eaux-fortes aux traits affirmés.

Il faut bien un clap de fin

L’équipe de cette superbe édition qui renouait avec des espaces abandonnés les deux dernières années retrouve le niveau de fréquentation de 2019. Un véritable succès, se réjouit René Martin, directeur artistique du festival, tandis que la vice-présidente déléguée du festival, Marie-Claude Alcaraz salue encore le travail des équipes. Qu’ils soient salariés ou bénévoles, leur efficacité, leur présence souriante, leur bienveillance font de ce festival un rendez-vous unique dans le paysage musical. Il invite les plus grands musiciens de la planète et sait garder une atmosphère simple et conviviale, se moquant bien des manières surplombantes ou snobs. Les qualités humaines priment et contribuent de même que le cadre unique (Ah, la merveilleuse allée des séquoias…), à l’atmosphère particulière qui règne ici. Et quel bilan ! 124 propositions artistiques dont 19 gratuites, 63 récitals, 423 artistes invités dont 105 pianistes, répartis sur treize scènes, des ensembles en résidence, des masterclass dispensées par sept professeurs devant 630 personnes. Plus de 62 000 entrées dont 50% viennent de la région Paca (non il ne s’agit pas d’un festival pour jet set parisienne, seulement 17% des entrées proviennent de la région Île-de-France). Certes, il y a toujours le souci de la moyenne d’âge, mais il faut déjà se réjouir des 7% des spectateurs 2022 de moins de trente ans. À cela s’ajoutent les actions culturelles et sociales avec un parcours découverte dédié à une trentaine de lycéens de la région et les soirées pédagogiques en direction des publics prioritaires du dispositif « Ensemble en Provence », porté par le département des Bouches-du-Rhône. 

Rendez-vous est pris pour l’an prochain avec de nombreuses surprises à la clé comme l’ouverture dont René Martin garde le secret avec une gourmandise malicieuse. Du 20 juillet au 18 août 2023, de nouveaux enchantements nous attendent !

MARYVONNE COLOMBANI

Concerts donnés les 26 juillet et 20 août dans le cadre de la 42e édition du Festival international de piano de la Roque-d’Anthéron qui a eu lieu du 18 juillet au 20 août 2022.

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