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Un souffle nouveau à La Compagnie

Auréolée de trente ans d’histoire mais fragilisée par les années Covid et des travaux, le lieu de création marseillais rouvre enfin ses portes le 5 mai. Entretien avec son directeur artistique, Paul-Emmanuel Odin

Zébuline. Pour quelles raisons La Compagnie a dû rester fermée ?

Paul-Emmanuel Odin. On a été obligé de réaliser divers travaux car, dès 2010, on a détecté des problèmes d’infiltration d’eau puis, en 2013, la situation est devenue critique. Il faut savoir que nos financements sont moitié « art » et moitié « politique de la ville » pour notre travail sur le quartier. Nos partenaires sont tombés d’accord pour financer les travaux d’étanchéité et plus encore pour résoudre nos problèmes d’insonorisation, mettre aux normes les sanitaires afin de recevoir le public handicapé et réaliser une sortie de secours. Mais nous avons perdu cinq ans… Grâce à la nouvelle municipalité et à la nouvelle direction de notre propriétaire Marseille Habitat, notre dossier a été validé et les travaux ont pu être réalisés. Ainsi, La Compagnie est restée fermée. Entre le Covid et les effondrements de la rue d’Aubagne, on n’a pas voulu prendre de risques. Fermer était aussi un geste fort pour accélérer les travaux qui, finalement, ont été livrés en décembre dernier.

Pourquoi appelez-vous aujourd’hui à soutenir La Compagnie ?

L’inactivité a fait que notre trésorerie et notre fonds de roulement ont été extrêmement fragilisés. On a poursuivi quelques expositions et ateliers hors les murs et pu bénéficier d’un bureau au centre municipal Velten, prêté par la mairie du premier secteur. Mais comme on n’avait plus de local, toutes les demandes de financement n’ont pas été possibles. Aujourd’hui, en plus des baisses que tout le monde connait, il nous manque des moyens pour répondre à notre mission d’ouverture à tous les publics. On a besoin d’un·e médiateur·trice supplémentaire. C’est le sens de notre appel aux dons.

Quel projet portez-vous pour la réouverture ?

On a mis à profit la période de fermeture pour penser à tout ce qui avait eu lieu depuis trente ans ! On a souhaité lancer un nouveau projet, non pas comme une succession d’expositions avec une série d’ateliers ou d’événements autour, mais comme un projet à long terme sur un quartier de précarité, en lien avec la psychiatrie notamment. On a envie « d’institutionnaliser » cette mixité dans un sens d’ouverture. D’où l’idée de « L’enchevêtrement des lianes » [leur projet annuel et collectif qui a débuté ce 5 mai, ndlr], né de la pensée de l’auteur Dénètem Touam Bona dont la dimension anthropocène est primordiale pour nous. L’idée est d’avoir un seul projet en métamorphoses.  

C’est ce que vous appelez les zones d’enchevêtrement.

Exactement. L’exposition sera un lieu d’inscription où le public pourra intervenir, comme avec Suzanne Hetzel qui est en résidence depuis le début du Covid. Elle inaugure De Printemps en printemps avec une collecte d’objets et de végétaux présentée sous la forme d’une réserve muséale. On a pensé La Compagnie comme un endroit de participation démocratique grâce à un travail continuel avec les associations du quartier, les établissements scolaires, les chercheurs, les universitaires, les artistes… 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Au programme
De printemps en printemps, de Suzanne Hetzel
Du 5 mai au 2 septembre
La Compagnie, Marseille
la-compagnie.org
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