« Si le boulet est passé près, nous n’en sommes pas sortis. » C’est ainsi que Jean-Marc Coppola, adjoint au maire de Marseille en charge de la Culture, évoquant le risque de l’accès au pouvoir du RN, a conclu la liste des avancées de la Ville de Marseille dans les bibliothèques, à l’Opéra, au campus culture qui va regrouper l’enseignement supérieur artistique. Saluant la promesse qu’avait faite le maire, Benoît Payan, d’augmenter le budget de la Culture en 2025, il sait que « l’heure est à l’inquiétude dans les milieux culturels » et que « la plupart prévoient une baisse de subvention pour la culture ».
Et l’adjoint « atterré par les élus qui mettent la culture au pain sec », de dénoncer ceux qui veulent participer aux efforts budgétaires en oubliant « les 150 milliardaires que compte notre pays », les « intérêts injustifiés des banques », les « 100 milliards de dividendes redistribués aux actionnaires». Approuvé par le maire de Marseille qui formulera des remerciements appuyés aux acteurs culturels qui sont « plus nécessaires que jamais en cas de crise », l’adjoint communiste rappelle que « nos sociétés sont mises en danger par quelques monstres qui conduisent une démocratie pulsionnelle » et défend l’idée que les arts et la culture sont les meilleurs outils de lutte contre ces monstres.
La peur du domino
Un discours qui ne semble plus de mise à la Région Sud où, après des années de « sanctuarisation du budget de la culture », le président Renaud Muselier annonce un baisse de 6 %, tout en défendant la liberté de création et en se félicitant de la réalisation d’une salle de spectacles à La Trinité ou d’une bibliothèque à Toulon. Évoquant le « mille-feuilles » des financements culturels, il remet en cause le principe des financements croisés des collectivités, annonçant se concentrer sur les compétences obligatoires.
Un discours nouveau chez le président de la Région, apprécié du milieu culturel dans sa lutte affirmée contre l’extrême droite. Martine Vassal, présidente du Département, annonce elle aussi des réductions importantes de son budget, faisant redouter aux professionnels de la culture un effet domino dont ils parlent de plus en plus ouvertement.
D’autres maires, à Aix-en-Provence ou Avignon, annoncent qu’elles maintiendront leurs budgets, et soulignent ce que la vie culturelle d’une ville apporte à sa cohésion sociale et à son économie. L’Opéra de Toulon, quant à lui, licencie brutalement son chœur, prouvant qu’aujourd’hui le plus impensable est devenu possible.
La culture est vitale et essentielle, elle donne du sens, crée du lien et n’est pas une marchandise, rappellent la plupart des maires qui savent ce qu’elle met en place dans les quartiers populaires, chez les seniors, dans la région la plus touristique du monde qui doit beaucoup à ses festivals. Jusqu’à quand restera t-elle un rempart contre les « monstres » ?
ANNE-MARIE THOMAZEAU
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