mercredi 2 octobre 2024
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Les 1001 figures d’Huma Bhabah

Au MO.CO, une exposition monographique inédite donne à voir jusqu’au 28 janvier l’œuvre hybride et puissante de la sculptrice américano-pakistanaise

D’une telle ampleur, c’est une première, dans une institution française. Et elle est bien méritée. Il suffit de se promener au fil des salles de l’hôtel des collections du MO.CO pour s’en rendre compte. Intitulée Une mouche est apparue, et disparut, l’exposition monographique dédiée à Huma Bhabha s’y déploie avec intelligence, le fruit du travail passionné du regretté Vincent Honoré, directeur des expositions de l’institution montpelliéraine récemment décédé*. Sans jamais surcharger l’espace ni brusquer le regard, grâce à une présentation épurée qui laisse place à l’imagination, on découvre les figures puissantes et polymorphes de l’artiste américano-pakistanaise née en 1962 à Karachi. Qu’il s’agisse de sculptures, de dessins, de photos, de photogravures ou de céramiques, soit une cinquantaine d’œuvres exposées, le visiteur est invité à se plonger avec délectation dans un monde étrange fait de strates successives, physiques comme intellectuelles. Anthropomorphes et pourtant hybrides, ses impressionnantes sculptures forment une armée pacifique de vigies totémiques venues d’un autre monde, dont la présence est presque déstabilisante.

Culture populaire

L’universalisme des formes renvoie à la culture populaire, celle de la littérature de science-fiction et du cinéma d’horreur (ou l’inverse). Mais aussi à la statuaire antique ou à l’histoire de l’art, dont un clin d’œil décalé au Cri de Munch. Huma Bhabha collecte, assemble, modèle les matériaux pour les adapter à son univers singulier et leur insuffler la vie. Ses sculptures sont un enchevêtrement de couches de liège, de polystyrène et d’argile, qu’elle met parfois en forme grâce à des fils de fer, ajoutant souvent une touche de peinture. Cette complexité est contrebalancée par un aspect brut, volontairement inachevé. Qu’il s’agisse de sculptures, de dessins ou encore de céramiques, les figures d’Huma Bhabha s’affirment comme des êtres fantastiques, bien que jamais totalement effrayants, témoins sans âge du dualisme inhérent à notre humanité.

ALICE ROLLAND

Une mouche est apparue, et disparut 
De Huma Bhabha 
Jusqu’au 28 janvier 
MO.CO, Montpellier
* suite à son décès brutal fin novembre, l’exposition est gratuite pour tous les publics jusqu’à son terme. 
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