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« Sur la branche », une folle comédie

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Daphné Patakia et Benoît Poelvoorde dans « Sur la branche » de Marie Garel-Weiss. PHOTO PYRAMIDE FILMS

Mimi, une jeune femme (Daphné Patakia) lunaire, un peu perdue, suivie par une psychanalyste se présente pour un entretien d’embauche. On lui confie une mission : aller récupérer un document chez un avocat, Paul (Benoît Poelvoorde), aussi paumé qu’elle. Elle se met à trier des dossiers et, concentrée sur sa tâche, ne voit pas que la nuit tombe. Quand le téléphone sonne, elle décroche : au bout du fil, un détenu, Christophe (Raphaël Quenard, qu’on avait découvert dans Chien de la casse), un petit arnaqueur qui clame son innocence et veut parler à l’avocat. Quand elle s’aperçoit qu’elle est seule dans le bureau et, étant un peu claustrophobe, elle s’affole, se plaint d’être enfermée, c’est Christophe qui la rassure. À partir de là, Mimi, n’a qu’une idée en tête : montrer que Christophe est innocent. Il lui faut donc convaincre Paul qui a quelques ennuis de reprendre le dossier. Son ex-femme et associée, Claire (Agnès Jaoui) a porté plainte contre lui, pour sauver leur étude, et il a été radié du Barreau. Mimi lui offre peut-être un moyen de rebondir. Quant à elle, elle va toujours au bout de ses obsessions et semble avoir ainsi trouvé un sens à sa vie.

Des problèmes psy

Entre enquête policière et comédie, le film Sur la branche de Marie Garel-Weiss, fourmille de scènes inattendues, souvent filmées en plans séquences, de dialogues étonnants. Il est porté par des acteurs parfaits pour interpréter ces personnages un peu fêlés, qui ont quelques problèmes avec la vie et en sont conscients. À Paul qui lui lance « vous avez un petit problème psy, non ? », Mimi répond : « Ben oui ! » Quand elle lui reproche son manque d’empathie pour Christophe il lui confie : « C’est comme si j’avais senti que mon cœur se coupait en deux quand j’ai compris que Claire ne m’aimait plus. » Mimi, elle, ressent parfois l’urgence du sexe : quand c’est au parloir où elle doit interroger Christophe, la scène est des plus cocasses. Inattendue aussi la séquence du repas où Mimi et Paul rendent visite la famille bourgeoise dont Christophe ferait partie, fils illégitime, et voient… les mouettes s’y inviter. Touchante celle où Mimi, découragée, abattue, semble dialoguer avec un petit oiseau. Des oiseaux en écho peut être avec le titre du film, Sur la branche, inspiré à la réalisatrice par une chanson des Frères Jacques, La Branche (1973) : « Elle était si fragile / Si ténue, qu’elle ployait cette branche / Chaque instant, je croyais / Qu’elle allait se briser cette branche. » Comme Mimi, interprétée magistralement par Daphné Patakia.

Annie Gava

« Sur la branche » de Marie Garel-Weiss. En salles le 26 juillet.

Tiago Rodrigues : de l’humanité et des doutes

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Sur scène, Beatriz Brás, Isabelle Caillat, Baptiste Coustenoble, et Adama Diop incarnent des travailleurs humanitaires. PHOTO CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE

Ils sont quatre comédiens et un batteur. Pour tout décor, la scène de l’Opéra d’Avignon est enveloppée dans un immense drap. C’est avec ce presque rien que Beatriz Brás, Isabelle Caillat, Baptiste Coustenoble et Adama Diop incarnent les travailleurs humanitaires dont les témoignages ont été simplement retranscrits. Sans fioriture. Et le meilleur du théâtre est là, dans ce présent immédiat, cette fiction qui est le réel, cette immédiateté, cette mesure soudaine de l’Impossible. Il y a les pays possibles, et les autres, innommés, où l’on ne peut pas vivre.

« Raconter l’humanité »

Nos yeux s’humidifient lors des histoires les plus dures, et pétillent au récit des anecdotes plus légères. On ne peut être qu’admiratif de ces hommes et ces femmes qui vouent leur vie aux autres. Pour autant, les monologues de chaque comédien explorent leurs doutes, les regrets de décisions aux conséquences vitales, l’état de découragement face à l’impossibilité de changer le monde. Pendant que les comédiens narrent ces histoires de vie, la batterie impose son rythme sourd. Puis se déchaine, tandis que l’espace s’ouvre… Une des plus belles réussites de ce Festival.

Rafael Benabdelmoumene

« Dans la mesure de l’impossible » se produira à Châteauvallon-Liberté, scène nationale de Toulon les 4 et 5 avril 2024.

Salon : dans le club des trentenaires 

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Lisa Batiashvili © Sammy Hart

Oui, c’est la 31e édition du Festival international de musique de chambre de Provence et son trentième anniversaire, (les mêmes discussions entre les tenants de l’entrée dans le XXIe  siècle, 2000 ou 2001, peuvent reprendre !). Quoi qu’il en soit, cet ovni génial parmi les festivals de l’été souffle sa bougie trentenaire avec le même talent et la même espièglerie qu’à ses débuts. 

En 1993, les trois comparses, Éric Le Sage (piano), Paul Meyer (clarinette) et Emmanuel Pahud (flûte), étaient réunis dans une petite chapelle de Vernegues pour un concert qui pouvait permettre le classement du bâtiment aux répertoire des monuments historiques, seule façon de le préserver du passage destructeur du projet d’une ligne TGV. L’idée d’un festival s’imposa alors, moment de retrouvailles conviviales des trois amis qui très vite invitèrent d’autres amis musiciens, la plupart solistes confirmés (ou en passe de l’être). Pas de cachet (si ce n’est celui reversé à l’association de bénévoles qui organise les côtés matériels indispensables, accueil, location des pianos…), ceux qui viennent là sont mus par le plaisir de faire de la musique avec des êtres qu’ils apprécient. Ce qui ne nuit en rien à la qualité des interprétations, ni à l’exigence des programmes ! 

Aujourd’hui une trentaine de solistes de premier plan viennent à Salon-de-Provence, jouent dans la belle cour du château de l’Empéri, sous les voûtes intimes de l’abbaye de Sainte-Croix, dans l’église Saint-Michel, selon les configurations des ensembles, les pièces interprétées, classiques, contemporaines, créations mondiales, et la magie éclot chaque fois, même lorsqu’il ne s’agit « que » de répétitions publiques, on a l’impression alors d’entrer dans les secrets des alchimistes musiciens. 

Une bonne intuition

Plus de vingt concerts vont résonner cet été, chacun assorti d’un nom aux consonnances mutines ou poétiques : en ouverture, French Connection qui réunit les trois fondateurs, un concert anniversaire à marquer d’une pierre blanche, ou le potache Gershwin gomme ou le clin d’œil verlainien, La bonne chanson avec une familière du festival, la mezzo-soprano Marina Viotti qui a reçu le prix artiste lyrique aux Victoires de la Musique 2023 (l’intuition des fondateurs est toujours d’une irréprochable justesse : les jeunes musiciens qu’ils invitent connaissent des carrières et des récompenses de haut vol, on peut aussi citer cette année le violoncelliste Aurélien Pascal, lui aussi « Victoire de la Musique 2023 »). 

Un grand nom du théâtre est invité lors de cette édition : Lambert Wilson sera le récitant du Carnaval des animaux auquel le pianiste et compositeur Albert Guinovart a composé un écho : Carnaval (création mondiale). L’électronique débarque aussi au festival avec le clavecin électrique d’Orlando Bass. À noter l’escapade aixoise avec Olivier Latry, titulaire des orgues de Notre-Dame de Paris qui viendra essayer les belles sonorités de l’orgue de l’auditorium Campra avec sa conjointe, immense organiste aussi, Shin Young et la complicité d’Emmanuel Pahud. Tout citer, ce n’est pas possible, une seule chose est certaine : les meilleurs solistes du monde ont bien rendez-vous à Salon !

MARYVONNE COLOMBANI

Festival international de musique de chambre de Provence
28 juillet au 5 août
Divers lieux, Salon-de-Provence
06 26 76 17 95 
festival-salon.fr

Les lueurs du «Phare»

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Le théâtre antique d'Arles accueille le festival Phare © Bernard Gille

Le festival Phare reprend du service pour amener à Arles courts-métrages, ciné-débats et ciné-concerts. Au programme de cette huitième édition, la compétition internationale comprend une journée exclusivement réservée à la projection d’œuvres de réalisatrices (samedi 29 juillet), notamment Anansi de Aude N’Guessan Forget, une production de La Fémis. Le film raconte l’histoire d’Eden, coiffeuse, qui tente de surmonter ses maux de ventre en se soignant seule, avant que la situation ne dégénère. 

La deuxième journée (dimanche 30 juillet) est consacrée à l’humour au cinéma. Ouverte par une conférence de Robert Pujade, historien du cinéma, intitulée « L’humour dans l’histoire du cinéma », les fictions visibles durant cette journée vont de la France à l’Espagne en passant par la Belgique. Las visitantes (Les visiteuses) d’Enrique Buleo est un road movie où l’on accompagne trois retraitées récemment veuves, qui peuvent enfin commencer à vivre et découvrir le tourisme. 

La soirée de clôture (lundi 31 juillet) est riche en événements : table ronde sur les métiers du cinéma, projection des films primés et annonce des prix, pour finir sur un ciné-concert surprise, la lumière du Phare promet d’être intense !

MATHIEU FRECHE

Festival Phare
Du 29 au 31 juillet
Théâtre Antique d'Arles
festival-phare.fr

Arrière-cuisine et fausse couture

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Marit Ilison. Manteau, collection « Longing For Sleep », n°58, Estonie, 2023. Couverture d’enfant vintage, laine jacquard, perles cristal © Courtoisie de Marit Ilison © Maiken Staak

« Ah, Gudule, viens m’embrasser, et je te donnerai un frigidaire, un joli scooter, un atomixer, et du Dunlopillo, une cuisinière avec un four en verre, des tas de couverts et des pelles à gâteaux… » Le spectacle de la consommation, sur l’air de la Complainte du progrès écrite par Boris Vian en 1955, tel pourrait être le thème général de cet été au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. 

Sur les cimaises


Deux expositions questionneront le puissant imaginaire consumériste qui pétrit nos vies quotidiennes occidentales depuis les Trente Glorieuses. Au Salon des arts ménagers retrace les  décennies durant lesquelles la manifestation parisienne a fait rêver les ménagères et les férus de gadgets, à travers une centaine de documents et photographies issus des fonds des Archives nationales. Le Mucem, héritier des collections du musée national des Arts et Traditions populaires, les fait dialoguer avec des objets exposés au Salon ou des caricatures publiées dans la presse de l’époque. Un dispositif qui alimente les réflexions sur nos modes de vie, bienvenues au moment où il va falloir revenir à la sobriété.

Fashion Folklore, quant à elle, se penche sur les contrastes et correspondances entre la haute couture et les pratiques vestimentaires populaires. Pour monter en épingle leur créativité, les grands couturiers n’ont eu de cesse de puiser dans l’exotisme, y compris en s’inspirant des costumes traditionnels de contrées pas si lointaines… Pas besoin d’abuser du raphia quand on peut épater la galerie avec une coiffe bretonne ! En écho à l’exposition, une Fashion Folklore Week aura lieu jusqu’au 16 juillet, avec au programme un Défilé pour 27 chaussures par la chorégraphe Mathilde Monnier, la projection du film Yves Saint Laurent (Jalil Lespert, 2014), et un Touch of Gold Fashion Ball en entrée libre (prévoir paillettes).

Réfléchir ensemble
Pour ceux qui, aux temps chauds, préfèrent s’installer à l’ombre et carburer du ciboulot, le musée propose une « Madrasa d’été ». Soit un lieu d’enseignement, inspiré des écoles coraniques nées au Moyen Âge. Trois sessions de cinq jours chacune seront proposées en juillet et août, en entrée libre sur inscription. L’occasion, par exemple, de découvrir un chef-d’œuvre de la spiritualité soufie, Le Cantique des oiseaux, écrit vers 1190 par le poète Farîd od-dîn ‘Attar (du 18 au 22/07), ou les mythes de Platon, l’anneau de Gygès, les androgynes, Épiméthée et Prométhée, etc. (du 25 au 29/07). La Madrasa s’inscrit dans le cadre de « La Méditerranée des philosophes », programme de recherche, de créations et d’ateliers participatifs emmené par le comédien Grégoire Ingold, qui animera les sessions avec Fabienne Jullien, Éric Leconte et Élisabeth Moreau.

GAËLLE CLOAREC

Au Salon des arts ménagers
Jusqu’au au 8 octobre
Fashion Folklore
Jusqu’au 6 novembre
La Madrasa d'été
Du 18 juillet au 5 août
Mucem, Marseille
mucem.org

Le petit festival devient grand !

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Marie Laforge et Léo Doumène sont les fondateurs et à la direction artistiques du festival © Marion Colombani

Le tout jeune festival Côté Cour organise grâce à ses fondateurs, les musiciens Marie Laforge (flûte traversière) et Léo Doumène (harpe), sa troisième édition, investissant le territoire aixois de Pertuis à Puyricard en passant par Venelles et Aix-en-Provence. La volonté de démocratiser la musique savante conduit à explorer d’autres lieux que les grandes salles. Ici, le parvis d’une église, là un cloître, une église, des jardins, une place, accueilleront les concerts et certaines répétitions parfois commentées qui seront ouvertes gratuitement au public. « Le propos est de mêler des œuvres connues du répertoire et d’autres beaucoup moins, voire pas du tout, sourient les organisateurs, leur point commun est d’être des pièces destinées à des formations chambristes, ce qui nous laisse une grande liberté. Avec les chambristes, on peut jouer “au lego”, déplacer certains, venir en renfort, du duo au sextuor en passant par le trio, le quatuor et le quintette. » Le Quatuor Agate (Adrien Jurkovic, Thomas Deschamp, violons, Raphaël Pagnon, alto, Simon Iachemet, violoncelle) et le Trio Moïra (Marie Laforge, Raphaël Pagnon, Léo Doumène) seront ainsi rejoints par le piano d’Alexis Gournel, le violoncelle de Raphaël Jouan et l’alto de Corentin Apparailly dont sera donnée en création mondiale une œuvre composée sur mesure pour le Trio Moïra. Autre première, le chant rejoint le festival grâce à la soprano Marie Perbost pour un lumineux final. 

MARYVONNE COLOMBANI

Côté Cour
Du 2 au 6 août 
Puyricard, Venelles, Aix-en-Provence
06 28 50 36 72 
festivalcotecour.fr

Le piano en majesté à Aix-en-Provence

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Adela Liculescu © Nancy Korowitz

C’est Nicolas Bourdoncle, fils de Michel, fondateur et directeur du festival, qui ouvrira les festivités le 25 juillet avec un programme consacré à Beethoven et Chopin. Le lendemain, Nikita Mindonyants donnera la Sonate n°3 de Schumann et d’autres mazurkas et nocturnes de Chopin. Adela Liculescu se produira le 28 sur le Carnaval de Schumann et la valse de Faust de Gounod revue par Liszt.

Le jeune Mathis Cathignol, local de l’étape, interprètera le 1er août la Sonate opus 111 de Beethoven, La Couperin puis… Le Tombeau de Couperin de Ravel. Lui succèdera le 2 Jonathan Fournel pour un programme éclectique qui inclura la Sonate n°14 de Mozart, Prélude, Fugue et Variation de César Franck, et la Sonate n°1 de Brahms. 

Les deux dernières soirées s’ouvriront à la musique de chambre : le 3 août avec le Quatuor Zemlinsky, auquel s’adjoindront la clarinette de Dominique Vidal et le piano de Philippe Gueit. Le festival s’achèvera le 4 avec un grand concert où se succèderont au piano Frédéric Aguessy, Michel Bourdoncle, Florence Belraouti, Cosima Guelfucci et Jacques Rouvier, avec la complicité de Dominique Vidal et du hautboïste Thierry Guelfucci, sur un programme plus qu’alléchant : Danses slaves de Dvorak, Romance opus 17 de Rachmaninov, Vallée d’Obermann, nocturnes de Chopin… Comme un résumé de deux semaines de festival bien remplies !

PAUL CANESSA

Les Nuits Pianistiques
Du 25 juillet au 4 août
Conservatoire Darius Milhaud
Aix-en-Provence
lesnuitspianistiques.fr

Le Festival du Château, incontournable varois

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FRANZ FERDINAND © X-DR

Le château de Forbin et son grand parc se dressent depuis le XVIe siècle à Solliès-Pont, près de Toulon. C’est au pied de cette bâtisse historique que se tiendra du 26 au 29 juillet le Festival du Château, dont la programmation regorgera une fois encore de têtes d’affiche.

Franz Ferdinand ouvrira le bal le 26. On ne présente plus le groupe de rock britannique révélé dans les années 2000 et dirigé par Alex Kapranos, qui s’est féminisé ave l’arrivée d’Audrey Tait à la batterie en 2021. 

Le très attendu Renaud se produira le 27. En retrait de la scène ces dernières années, l’artiste, « toujours debout » comme le clame son album de 2016 fait son grand retour cette année dans un format plus intimiste : il reprendra ses chansons des années 1980-90, accompagné par le piano d’Alain Lanty et par un petit orchestre à cordes.

Le 28, le pianiste Sofiane Pamart fera entendre au public varois ses compositions néo-romantiques, ténébreuses mais accessibles. Bob et lunettes de soleil sur la tête mais de formation classique, le “pianiste des rappeurs” qui a collaboré entre autres avec SCH, Koba LaD et Médine a déjà fait salle comble à Bercy.

Enfin Jérémy Ferrari clôturera le festival le 29, avec son humour noir et grinçant pour son one-man show « Anesthésie Générale » autour du monde de la santé : il y sera question entre autres d’homéopathie ou de l’abandon de l’hôpital public. Le spectacle a fait un triomphe en tournée dans toute la France, un parfait remède contre le blues consécutif à la fin du festival !

PAUL CANESSA

Festival du Château
Du 26 au 29 juillet
Solliès-Pont
festival-du-chateau.com

Nuits blanches contre les idées noires

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Zaho de Sagazan © X-DR

Le festival des Nuits Blanches, né en 1998, a trouvé depuis 2009, au Thoronet, un écrin qui lui permet de relier les musiques actuelles et son projet d’aide humanitaire au Burkina Faso. Le reggae sera magnifié par la présence de Tiken Jah Fakoly dont l’engagement militant est aussi pertinent que sa musique : « on s’en sortira tous ensemble ! », prendra des détours harmonisés par la guitare d’Ofee qui aimerait « avoir le temps » sur ses propres textes rappés ou chantés. D’autres fortes personnalités féminines se retrouvent sur les scènes des trois soirées du festival, Suzane, décrite comme un « « électron libre de la nouvelle scène électro/chanson » conteuse subtile d’une « génération désenchantée » sur des pulsations enlevées ; Zaho de Sagazan et son timbre grave qui envoûte les rythmes électroniques qui l’accompagnent entre la danse et une folie que ne renierait pas Brigitte Fontaine ; Lous and the Yakuza et sa musique qui puise aux sources de la pop, du rap et du néo-r’n’b ; Marina Satti, enfin, dont les compositions jonglent avec les airs traditionnels urbains ou ruraux de la Grèce et des expériences musicales déjantées au cours desquelles elle « s’envole » (son premier single, Mantissa, « la diseuse de bonne aventure »). Les ensembles musicaux apporteront leurs couleurs trad (Guillaumin Project), latino/rock (Mamacita project), chamanique (Kévin Pichoir), pop (Free Spirits), rock alternatif (Monsieur Chétif), jazz de la New Orleans (Ramène ta trompette), chanson française (Régis et Régis), tandis que Floor Rippers nous initiera à la compétition urbaine de danse hip-hop 7 to smoke au cours de laquelle huit danseurs s’affrontent avec une verve époustouflante. 

MARYVONNE COLOMBANI

Les Nuits Blanches
Du 27 au 29 juillet
Le Thoronet
04 94 80 24 62 
lesnuitsblanches.org

Au fond des regards étranges

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© Aïda Kebadian, sans titre, huile sur toile

La Villa a une histoire particulière, liée à l’Angleterre, et à la modernité : le Mas Bocage, comme il s’appelait alors, était un domaine agricole, qui fut racheté et aménagé par des aristocrates anglais quand Hyères était une station de villégiature prisée par la reine Victoria, mais aussi par des écrivains comme Henry James, Stevenson ou Conrad qui y ont séjourné, et écrit. 

L’esprit de modernité anglais perdure dans le parc de trois hectares, acquis depuis dix ans par Marie-Magdeleine Lessana, psychanalyste, écrivaine et mécène amie des artistes. 

C’est la troisième exposition qu’elle ouvre dans son musée privé. Après Richard Ballard l’an dernier, et des artistEs sétoises au printemps, c’est à la peintre Aïda Karabelian qu’elle offre ses cimaises. 

Fantômes des génocides

On est d’emblée frappé par l’étrange tonalité des êtres qui peuplent ces tableaux. Formes immobiles, comme écrasées par un poids intérieur, ces figures aux contours flous comme des apparitions fixent cependant le regardeur très précisément, ancrant leurs yeux dans les siens, comme un reproche, une plainte, un appel. Figures humaines ou hybrides, elles ont les pieds nus des exils, et semblent empesées par des couleurs chaudes qui les brûlent, des fumées qui s’échappent, des ciels jamais bleus, des horizons quadrillés. 

D’origine arménienne, Aïda Kebadian semble porter en elle toute la mémoire et le poids du génocide, et du pays perdu. Un génocide auquel sa ma mère a assisté, mais qu’elle évoque moins. Passionnée par la peinture de sa fille, s’y est mise à son tour, à 73 ans et jusqu’à sa mort en 1995, produisant des oeuvres plus claires, employant des couleurs pures, évoquant un pays perdu avec plus de joie, et de nostalgie. Un pays que Chouchan Kebadian regrettait mais connaissait, ce qui est peut être une forme moins douloureuse d’exil. 

AGNES FRESCHEL

Aïda Kébadian
Chouchan Kébadian
Jusqu’au 17 septembre (Du jeudi au dimanche)
Villa Magdala
Hyères
villamagdala.fr