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Le cirque, au nom du Ciam

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La compagnie Defracto est dans le chapiteau des petits du Ciam le dimanche 25 septembre © Morel

Dix ans déjà que le Ciam a posé ses valises en bordure d’Aix-en-Provence, sur le verdoyant site de La Molière. Articulé autour de la recherche et du cirque contemporain, le Centre International des Arts en Mouvement reste particulièrement attentif au volet innovation sous toutes ses formes, en conviant régulièrement autour de la table des partenaires issus de champs connexes (numérique, marketing, sciences humaines…). Lancé dans le cadre de son inauguration en septembre 2013, le festival Jours [et nuits] de cirque(s) célèbre donc sa dixième édition en cet été indien du 16 au 25 septembre. Une dizaine de jours pour ouvrir grands les yeux et espérer passer à travers le miroir que nous tendent les artistes sur nos sociétés. À commencer par des solo pleins de pep’s, plus ou moins fictionnés : une évocation de la domination du corps féminin à base de cordes et de film plastique étirable (Contra de Laura Murphy, 23 et 24 septembre). Ou l’exploration de la symbolique d’une maison via une frêle structure de métal par l’acrobate Marlène Rubinelli-Giordano (Ma maison, compagnie l’MRG’ée, 24 et 25 septembre). À l’irrésistible délicatesse des équilibres précaires et pince-sans-rire de Rémi Luchez (L’homme canon, 21 septembre), répond le conte biographique aux allures de western de Stefan Kinsman, prodige de la roue Cyr (Searchin for John, Cie la Frontera, 25 septembre)… 

Force expressive

Le cirque contemporain sait se faire porteur de sens, en utilisant la parole ou en s’en passant. Pour exprimer la ténacité des corps déjouant l’empêchement, les dix acrobates de la compagnie Bêstîa misent sur l’expressive énergie du collectif (Barrières, 23 et 24 septembre). De leur côté, Sylvain Decure et Mélinda Mouslim font appel à la force métaphorique infinie du clown pour leur conférence sur la fin du monde, explorant en mots et en gestes – enfermés dans une cage ou dans un bac à sable – les maux de notre civilisation (La conf’, compagnie La Sensitive, 21 et 22 septembre). Sur toute la durée du festival, le Cabaret des 10 ans rend quant à lui hommage au numéro d’antan, avec un foisonnement de disciplines (équilibre, clown, jonglage, mât chinois, corde…). En amont du festival, le temps fort « Patrimoine en mouvement » fait rayonner plusieurs propositions sur des sites naturels, historiques et industriels du Pays d’Aix (Puyricard, Pertuis, Jouques…), à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.

JULIE BORDENAVE

Jours [et nuits] de cirque(s)
Du 16 au 25 septembre 
Ciam, Aix-en-Provence et alentours
04 65 04 61 42 joursetnuitsdecirque.fr 

Une doublette de dates pour Les Pieds Tanqués

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Les Pieds Tanqués ©Jérôme Quadri

Créé le 15 juin 2012 à Éguilles, le spectacle de la compagnie Artscénicum, écrit et mis en scène par Philippe Chuyen, Les pieds tanqués, ne cesse d’enthousiasmer tous les spectateurs qui l’ont vu. Preuve en est sa collection de prix : lauréat du prix centenaire Jean Vilar, meilleur spectacle du Festival off d’Avignon pour le jury Tournesol, labellisé par le comité de Marseille Provence 2013, prix du meilleur comédien au Festival d’Anjou en 2016… Le texte Les Pieds Tanqués a été édité aux Cahiers de l’Égaré en 2013.

Reprenant le thème de la partie de boules, le dramaturge campe quatre personnages savoureux. Tous dans la lignée des héros pagnolesques, le provençal de souche, Loule, Yaya, français né de parents algériens, Zé, le pied-noir et Monsieur Blanc, le parisien récemment arrivé dans la région. Entre les boules, pointées, tirées, ratées, réussies – quelques beaux carreaux sont à saluer -, les mots retissent l’histoire, la guerre d’Algérie resurgit sur le terrain provençal. Au cœur de la paix, les blessures mal refermées, la complexité des liens, les récits de vie particuliers, s’éclairent. L’intime et les remuements politiques se lient, emportant les êtres malgré eux dans des cheminements qui les dépassent mais pour lesquels ils s’affrontent. Les vérités de chacun s’opposent, mais le jeu réunit les êtres humains. L’humour sauve, le terrain de boules devient ciment fédérateur… Magistralement porté par Mourad Tahar Boussatha ou Sofiane Belmouden, Philippe Chuyen, Gérard Dubouche, Thierry Paul

MARYVONNE COLOMBANI

Les pieds tanqués, de la compagnie Artscénicum
18 septembre, 18 heures
Boulodrome Joseph Trio, Nans-les-Pins
04 94 78 95 91 provenceverte.fr
19 septembre, 20h30
Théâtre de verdure, Saint-Paul-les-Durance
04 42 66 90 41 provenceenscene.fr
Toutes ces représentations sont gratuites.









	            

Une 5e saison ouvre l’automne à Aix

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Compagnie Carabosse ©Jef Rabillon

Épousant le rythme des solstices et des équinoxes, Une 5e Saison, Biennale d’art et de culture continue d’affirmer et d’affiner la qualité de sa démarche. La source en était vive, inspirée d’Albucius, le personnage central du roman éponyme de Pascal Quignard (publié en 1990), et de ses termes pour le moins énigmatiques à propos de ce qu’il définit comme une « cinquième saison » : « il y a quelque chose qui n’appartient pas à l’ordre du temps et qui pourtant revient chaque année, comme l’automne ou l’hiver, comme le printemps ou l’été. Quelque chose qui a ses fruits, et qui a sa lumière »… Citons encore Quignard : « lorsque Albucius dit “il y a une cinquième saison du langage“ il renvoie à cette véritable “avant-saison“ qui fait son apparition pendant toute la vie, encore de façon furtive, saison qui visiterait les activités du jour, les sentiments et le sommeil par le biais des songes et des récits auxquels ils aboutissent dans cette espèce de souvenir verbal qu’on retient d’eux, en lui ôtant toute luminescence et toute fièvre… (…) Toutefois, cette surprenante cinquième saison inventée par Albucius ne concerne pas seulement l’avant saison infante ou primaire qui erre en nous : elle est le passé même en nous, “saison qui est en nous-mêmes l’inaltérable Antique (…). Inaltérable fondation de nous-mêmes dans les ruines du non-langage en nous (…). Éternelle narration (…). Piétinante narration“ ».

Ne tergiversons plus et ne nous laissons pas effrayer par la multiplicité des références littéraires possibles ! Une 5e Saison décline à l’occasion de l’équinoxe de septembre (du 17 septembre au 9 octobre) plus de cinquante propositions (certaines ont changé de jour et d’horaire, pensez à vérifier sur le site de cette manifestation) et un temps fort cette fin de semaine.

Un siège bien placé 

Ne ratez pas Aix 100 flammes ! La compagnie Carabosse, invitée par Les Théâtres, orchestre à la tombée de la nuit (le 17) une promenade enchantée au cœur de la ville d’Aix-en-Provence. Toutes les lumières publiques, sans compter celles des restaurants et bars, seront éteintes afin de laisser opérer la magie des centaines de flammes nées de divers supports, mêlées en architectures poétiques qui vont accorder à la ville un charme nouveau et prenant. La soirée s’achève au Grand Théâtre avec le Théâtre du Centaure.

Le même jour, l’amphithéâtre de la Manufacture évoque une page d’histoire en un spectacle théâtral et musical bilingue (français/occitan), La revanche de Muret par l’ensemble de L’Entrebescar. Nous est raconté sur un mode lyrique et burlesque le siège de Beaucaire où émergent les figures de Raymond VII de Toulouse, Pierre Raymond de Rabastens, le grand Bernard Délicieux, dit l’Agitateur du Languedoc…

Le cirque et la danse animent de leurs géométries élancées, vertigineuses, étonnantes, grâce au Ciam et au Guid du Ballet Preljocaj, tandis que le Pavillon Noir, ouvert aux visites offre sa scène à Barouf de Jean-Charles Gil (deux danseurs s’affrontent sous le regard du DJ Spiky The Machiniste), le dimanche. Et au Pavillon de Vendôme, Margo Darbois se livre à un numéro d’équilibriste sur les mains suivi d’un numéro à la barre russe par la Compagnie Moi & les autres.

Barouf de Jean-Charles Gil © Julien Hug

L’église de la Madeleine abrite l’installation époustouflante de Luke Jerram qui amène une lune énorme à la lueur de laquelle les rêvent se dessinent : Museum of the Moon s’appuie sur des images de la Nasa de la surface lunaire reproduite en une structure de sept mètres de diamètre, éclairée de l’intérieur et environnée d’une création musicale du compositeur Dan Jones.

Nō limit

Le Japon s’immisce dans la fête comme les 24 et 25 septembre, dans le parc Saint-Mitre et son incroyable théâtre nō, avec musique, littérature, illustrations mais aussi cuisine. Ou grâce à l’artiste jongleur Hisashi Watanabe (le 18 septembre à 18h), proposé par le Ciam, sur l’avenue Mozart avec Inverted Tree, spectacle inspiré des croyances et coutumes japonaises : les balles semblent être animées d’une vie propre, c’est tout simplement magique.

L’exposition Famille(s)-Phot’Aix (programmée par la Fontaine Obscure) vous attend aussi. Véritable page d’histoire avec ses témoignages émouvants et drôles, aux archives Michel-Vovelle. Le musée des Tapisseries ouvre ses portes, en lien avec l’exposition Etel Adnan, au Duo Keynoad (Ameylia Saad et Christian Fromentin) qui fusionne les musiques de l’Europe, du Proche-Orient et de la Réunion.  

On nous dit qu’il faut parfois changer de point de vue pour mieux comprendre notre environnement, Johannes Bellinkx prend le propos au pied de la lettre et prépare une déambulation sonore baptisée Reverse au départ de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence… à reculons ! L’inattendu fleurit alors dans les lieux que l’on croyait connaître.

Enfin, et en passant sous silence moult propositions alléchantes (rendez-vous sur le site), n’oublions pas le jeu, phase essentielle de nos constructions. Street Aix Project et Les Instants Ludiques initient un projet participatif destiné au jeune public (à partir de dix ans). Les groupes d’enfants vont peindre un jeu dans l’espace urbain aux côtés d’un artiste qui les accompagnera dans la réalisation. L’art devient ici une respiration naturelle. 

MARYVONNE COLOMBANI

Une 5e saison (d’automne)
Du 17 septembre au 9 octobre
Divers lieux, Aix-en-Provence
aixenprovence.fr 

La Maîtrise des Bouches-du-Rhône revient en fanfare

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Dirigée depuis vingt ans par Samuel Coquard, la Maîtrise des Bouches-du-Rhône s’illustre dans des concerts aussi ambitieux pour ses jeunes chanteurs que réjouissants pour un public souvent nombreux. Grand bien en a pris à la formation de se produire sur non pas une mais deux dates en cette rentrée de septembre : soit le 16 septembre au temple de Grignan et le 18 septembre à l’église des Chartreux. En compagnie du chœur de chambre Asmarã, de l’Ensemble Instrumental Baroque mais surtout de ses fidèles Emmanuel Arakélian au clavecin et Marc Henric à l’orgue. Deux pièces maîtresses y sont exécutées : le célèbre Miserere d’Allegri mais surtout la Cantate BWV4 de Jean-Sébastien Bach, Christ lag in Todesbanden.

Le 9 octobre, le chœur d’enfants se produit dans un programme proche de celui donné la saison dernière, qui avait bénéficié entre autres du très beau grain de voix du jeune sopraniste Lenny Bardet. On y retrouve le Cantique de Jean Racine et le Requiem de Fauré mais également les Litanies à la vierge Noire de Poulenc. Ce concert est donné dans le cadre du célèbre festival d’orgue de Roquevaire. L’instrument-roi y tient une place de choix sous les doigts (et les pieds !) avisés d’Emmanuel Arakelian qui va exécuter une transcription de la Danse de Pélléas de Debussy.

C’est à Duruflé que l’organiste s’attaque le 23 octobre à l’église de Monteux pour un concert similaire proposant, entre autres pièces de choix, son inimitable Requiem, ainsi que de belles pages du répertoire organistique. La violoncelliste Marine Rodallec, le chœur Asmarãainsi que la mezzo-soprano Daïa Durimel se grefferont à cette alléchante affiche.

SUZANNE CANESSA

Maîtrise des Bouches-du-Rhône
Le 16 septembre au temple de Grignan, Marseille
Le 18 à l’église des Chartreux, Marseille
Le 9 octobre à Roquevaire
Le 23 à l’église de Monteux
04 91 11 78 42 maitrise13.fr

La main verte

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Première date des « temps forts » du festival Piano en fleurs à Marseille, la soirée du 26 août s’est tenue dans le jardin de la Magalone. Ce lieu trop peu connu investi par la Cité de la Musique de Marseille et particulièrement propice au format du récital de piano, ainsi qu’à sa déclinaison florale. La pianiste Amandine Habib, directrice artistique du festival, ambitionnait de toute évidence un récital aussi virtuose que sensible. Son axe pictural avait, en ce sens, tout pour séduire. Outre les monumentaux Tableaux d’une exposition de Moussorgski et Études-Tableaux opus 33 de Rachmaninov, le programme comportait de très belles pages de Couperin ou encore de Debussy – dont la sublime cathédrale engloutie ! De concert avec la pianiste, l’artiste visuelle Pia Vidal s’est attelée, tout au long du récital, à accompagner les œuvres. Souvent littérales, ses illustrations se sont avant tout distinguées par leur souci de coller au propos de ces pièces foisonnantes : à leur rythme, intuitif mais souvent sur le fil ; à leurs couleurs, puisant aux confins de l’harmonie tonale et de la tonalité des développements toujours gracieux, et souvent surprenant. C’est cependant le piano d’Amandine Hadid qui séduit en premier : sa capacité à effacer toute démonstration, toute esbroufe, pour se mettre au service du style ; son aptitude à faire entendre la moindre ligne de chant, la moindre émotion derrière chaque trait, chaque phrase. Une musicalité à toute épreuve !

SUZANNE CANESSA

Soirée du 26 août du festival Piano en fleurs, au jardin de la Magalone, Marseille.

À Saint-Rémy, le jazz se joue en trois temps

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ANNE PACEO Paris 2021 © Sylvain Gripoix

Première soirée de ce Jazz à Saint-Rémy le 15 septembre avec l’accordéoniste (également compositeur et arrangeur) Marc Berthoumieux. Il y présente un live articulé autour de son album Le bal des Mondes sorti en 2018, témoignant de sa passion pour les musiques du monde. Avec des mélodies et rythmes venus d’Afrique, de la Méditerranée, de Paris du Brésil et Brooklyn… Un musicien qui a collaboré avec Claude Nougaro, Dee Dee Bridgewater, Didier Lockwood, Harry Belafonte, et qui sait s’entourer : il est sur la scène de l’Alpilium en compagnie de Giovanni Mirabassi au piano, Louis Winsberg à la guitare, Laurent Vernerey à la contrebasse, Stéphane Huchard à la batterie et Jean-Luc Di Fraya aux percussions et voix. 

Le 16, deux concerts : pour commencer le duo formé lors d’une tournée en Argentine en 2011 par le pianiste Baptiste Trotignon et le percussionniste Minino Garay. Ils jouent les titres de leur album Chimichurri, sorti en 2016, là aussi un voyage épicé entre Nord et Sud, entre jazz et chanson, tango et pop, rythmes sud-américains et mélodies européennes. Place ensuite au Michel Legrand Jazz Quintet, à savoir Hervé Sellin au  piano, Denis Leloup au trombone, Claude Egea à la trompette, Pierre Boussaguet à la contrebasse, et François Laizeau à la batterie. Un quintet fondé en mai 1983 à Toulon, des musiciens qui ont accompagné le pianiste et compositeur tout au long de sa riche carrière musicale, et qui jouent ses thèmes et ses mélodies devenus inoubliables. 

La soirée du samedi 17 est 100% féminine. Avec Rhoda Scott, grande prêtresse de l’orgue Hammond, militante de la place des femmes dans le jazz, accompagnée de ses Lady All Stars. Sept musiciennes issues de la génération montante des jazzwomen de l’Hexagone, dans lesquelles on trouve Sophie Alour au saxophone, Anne Paceo et Julie Saury à la batterie et Airelle Besson à la trompette ! Un « mini big-band » à l’énergie funky et aux riffs mélodiques, pour une clôture festive et joyeuse du festival.

MARC VOIRY

Jazz à Saint-Rémy
Du 15 au 17 septembre 
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
06 83 41 50 65 
jazzasaintremy.fr

Jacques a dit… parlez !

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Cette 5e édition de Jacques a dit propose à ses participants un grand nombre d’activités et de spectacles pour réunir petits et grands. Accueillis dans la cantine du Forum Jacques-Prévert, les familles vont pouvoir profiter des mets concoctés par De brique et de broc ou se délasser le temps d’un atelier « Family Yoga » – organisé le samedi 17 septembre à 11h15. Les samedi et dimanche, l’association arlésienne Paroles Indigo propose autour de son « African Book Truck »des ateliers lecture ou jeux de société pour enfants à partir de deux ans.

Le festival brille par la qualité mais aussi la cohérence de sa programmation théâtrale, axée autour du conte et des sens. Celle-ci propose, entre autres les spectacles écoféministes Trouéeet l’atelier théâtre-cuisine La bouche pleine conçus par la Compagnie Le Compost, proposés respectivement à la Passerelle et à la place Beltrame. Les Batteurs de pavé narrent en deux épisodes une saga féérique revisitée : Le Conte abracadabrant et L’Histoire de Princesse Courage s’enchaînent sur le parvis de la mairie. Adèle Zouane revisite elle aussi le registre sentimental avec À mes amours, seule en scène conçue à destination des jeunes adolescent·e·s le vendredià La Coupole – La Gaude. Son autre spectacle donné le samedi sur le parvis de la mairie, De la mort qui rue, traite sans tragédie mais aussi sans détour la question du deuil et de sa propre fin, à destination d’un public plus vaste.

Sous l’eau et dans les bois

Déjà salué par le public et la critique, le dernier-né de la compagnie Erd’O, Virginia à la bibliothèque, est donné à la médiathèque de Carros. Pour les tous, tous petits, le spectacle multisensoriel Le Monde était une île concocté par la compagnie Superlevure promet de faire voyager ses spectateurs « dès la naissance ! » Tout aussi sensorielle et poétique, mais à destination d’un public dépassant les 12 ans, la Cambodgée de Caroline Duval plonge ses auditeurs dans les méandres de l’écriture samedi et dimanche au Café du Forum. 

À retrouver également tout le week-end à destination de tous les publics enfantins : les productions du Groupe Maritime de Théâtre, Les Pieds dans l’eau, ode à la beauté mais aussi la fragilité des fonds marins ; Les fantaisies verdoyantes de madame Hêtre, voyage philosophique pensé par la compagnie Un Poisson en Avril (uniquement le dimanche) ; mais aussi l’art du bricolage célébré par la compagnie La Petite Fabrique et son Charlie et le Djingpouite.

SUZANNE CANESSA

Jacques a dit
Du 14 au 18 septembre
Divers lieux, Carros et alentours
04 93 08 76 07 forumcarros.com

C bien, C beau, C Barré !

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CBarré©Pierre Gondard

C’est dans le cadre idyllique de la Fondation Camargo à Cassis qu’est donné le premier concert de la saison 2022-23, le 18 septembre à 18h30. Celle-ci propose une création inédite : le compositeur et électroacousticien Arturas Bumšteinas y exécute en temps réel More Music for Jonas, en compagnie d’un quintette peu orthodoxe : Sylvain Kassap à la clarinette, Matthias Champon au bugle, Élodie Soulard à l’accordéon, Lucie Grugier au violoncelle et Lilas Réglat à la contrebasse. Le tout s’articule autour d’un enregistrement du cinéaste expérimental Jonas Mekas, Reminescences of a Journey to Lithuania.

Jonas Mekas © DR

L’ensemble se tourne vers d’autres rives le 1er octobre : la pièce pour trio à cordes pincées et chœurs d’habitants Karthala, composée par François Rossé, va être créée à la médiathèque Salim-Hatubou de Marseille. La mandoline de Natalia Korsak, la guitare de Rémy Reber et la harpe d’Eva Debonne unissent leurs forces sur cette pièce mais aussi sur Elurretan de Mikel Urquiza, créée par l’ensemble au festival Musique à la Ferme en 2017. Le trio propose également des pièces de Boccherini, Scarletti, Diego Ortiz et Santiago de Murcia… entamant un bien beau voyage au-delà des siècles et des frontières !

SUZANNE CANESSA

More Music for Jonas, d’Arturas Bumšteinas
18 septembre
Fondation Camargo, Cassis

Karthala, de François Rossé
1er octobre
médiathèque Salim-Hatubou, Marseille

Derniers jours pour les Rencontres

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Ana Mendieta. Sans titre (Verre sur empreintes corporelles), 1972. Avec l’aimable autorisation de The Estate of Ana Mendieta Collection, LLC : Galerie Lelong : COLLECTION VERBUND, Vienne.

À l’instar du Festival d’Avignon, les Rencontres d’Arles n’auront pas créé cette année de grandes émotions artistiques. Qu’importe. L’essentiel restant la densité des propositions de ce rendez-vous majeur et incontournable de la photographie dans le monde et qui a encore le mérite de faire découvrir des artistes rares ou émergents.
Zones de crise
L’une des expositions phares de cette édition est sans aucun doute Un monde à guérir (Palais de l’Archevêché), explorant 160 ans d’opérations humanitaires menées par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge à travers le monde. D’une ambulance serbe captée par un photographe anonyme dans ce qui allait devenir la Yougoslavie en 1876 aux campagnes récentes illustrant la crise de l’accueil des personnes réfugiées, en passant par l’horreur de Nagasaki, l’immense collection rappelle combien le support photographique sert au-delà de sa mission de témoignage. Montrer la détresse humaine est aussi et surtout un acte de communication aux enjeux multiples. Celui d’informer et de sensibiliser comme s’y attèle n’importe quel reportage photo-journalistique. Celui de convaincre les populations de contribuer à la solidarité morale ou financière. Celui aussi de façonner l’image de l’organisation humanitaire elle-même à travers ses actions forcément salvatrices.

Guerre hispano-américaine 1898. Auxiliaires « junior » de la Croix-Rouge.

L’exposition a le mérite aussi de corriger le miroir déformant d’une imagerie humanitaire focalisée sur l’Afrique subsaharienne, démontrant que les zones de crise frappent quelquefois aux portes des Européens ou Occidentaux que nous sommes, prétendument protégés par la stabilité de nos vies et de nos institutions. Et de rappeler la participation, à côté de photographes anonymes, d’auteurs et autrices emblématiques de la photographie, à l’instar des grands noms de l’agence Magnum, à travers notamment un diaporama intercontinental des années 1946 à 2021 où défilent les signatures de prestige, de Cartier-Bresson à Depardon en passant par Capa. Une série met ainsi en lumière les prises de vue d’un Salgado en Ethiopie. Une autre, les clichés colorés de Robin Hammond (2017) sur des femmes nigérianes déplacées. Ceux, encore, collectés par Alexis Cordesse de réfugiés syriens en Europe, accompagnés de textes qui évoquent leur vie avant et après l’exil.
Lee Miller : mode et camps
On redécouvre avec émotion et stupéfaction le parcours singulier de l’États-Unienne Lee Miller (Espace Van Gogh). Ou comment une portraitiste à l’expérience reconnue dans les domaines de la mode et la publicité devient photoreportrice de guerre, témoignant des atrocités des camps de la mort à leur libération. Que ce soit face à la blondeur éclatante d’un modèle apprêté dans son studio de New York ou devant les fours crématoires, ossements et cadavres entassés à Dachau ou Buchenwald, l’œil de Lee Miller garde une incroyable aisance à révéler ce qui a de plus cru chez son sujet, la beauté comme l’horreur.

Lee Miller. Femmes accusées d’avoir collaboré avec les nazis, Rennes, France, 1944. © Lee Miller Archives, Angleterre, 2022 [www.leemiller.co.uk].

Impressionnants aussi ces témoignages quasiment en direct de la violence vengeresse exercée sur les prisonniers nazis qui officiaient dans les camps dont Lee Miller dévoile les nez éclatés par les coups des Alliés. D’autres osent un dernier affront, dressant le bras pour le salut de la honte. L’exposition nous plonge enfin dans les coulisses d’une carrière, en évoquant à travers différents courriers, sa dimension marchande. Loin du mouvement surréaliste qu’elle fréquentait, la photographe gardait la tête sur les épaules quand il s’agissait de se vendre aux organes de presse. Dans les salles suivantes, une véritable redécouverte venue du Luxembourg. Si le grand public connaît les signatures de Doisneau ou Cartier-Bresson sur les images d’un Paris révolu, celle de Romain Urhausen est restée dans l’ombre de ses prestigieux contemporains. Pourtant son regard sur les anciennes Halles – le fameux ventre de Paris – vaut largement la comparaison. La radicalité des images en sus. Urhausen ne fait pas vraiment dans le cliché de carte postale et n’hésite pas à montrer le sang des étals de boucher. Ses têtes de veau fraîchement préparées trouvent ici une expression humaine. Une poésie iconographique qui n’aura pas échappé à Jacques Prévert, auteur de la préface du livre de photos Les Halles.
Mais ce qui marque le plus dans l’œuvre prolifique du photographe luxembourgeois est son appétence à expérimenter les genres et les pratiques. Des paysages industriels inspirés par l’esthétique subjective de son maître Otto Steinert à un toit d’ardoise que l’on prendrait pour un Soulages, en passant par un amoncellement de chaises, au graphisme géométrique étonnamment abstrait.
Performeuses
Faux pendant de la grande exposition Masculinités de 2021, Une avant-garde féministe (Mécanique générale, Parc des Ateliers) rassemble plus de deux cents œuvres de la collection Verbund à Vienne, réalisées essentiellement dans les années 70 par quelque soixante-et-onze femmes. Le long parcours organisé par thème met en lumière la vitalité et surtout l’impertinence d’artistes féminines en réaction à la société patriarcale et machiste. Sans pour autant revendiquer l’affiliation à un mouvement artistique commun, ces artistes sont, pour une grande partie d’entre elles, d’abord des performeuses. Non sans ironie, certaines mettent en scène leur condition de femme dans laquelle la société de consommation les assigne. C’est le cas de Birgit Jürgenssen posant, de face puis de profil à la manière d’une prisonnière, avec son Tablier de cuisine pour ménagère (1975), vêtement accroché autour du cou qui intègre une cuisinière. Autre performance photographique dans la même veine, Rêve de repassage (1975), de Karin Mack. Cette série quadriptyque montre l’artiste qui repasse ce qui finira par être la tenue de ses propres obsèques… Dans Peinture féministe (1973) – le mot est lâché –, Anna Kutera se réapproprie la pratique jusque-là très masculine de l’action painting en peignant sur une toile blanche posée au sol à l’aide d’un balai. Image forte et plurivoque que cette Madone accouchant (1976) de Valie Export où, dans une référence à une Pietà de Michel-Ange, la femme est assise, les paumes de la main tournées vers le ciel, sur un lave-linge du tambour duquel s’échappe une robe rouge sang. Dans la partie Enfermement / Emancipation, le triptyque d’Àngels Ribé, Le Non Dit-Le Non Fait-Le Non Vu (1977), nous replonge dans le régime fascisant de Franco, véritable prison de la parole pour les femmes victimes de violences sociales. S’exprimant elle dans le cadre d’une dictature, celle des militaires au Brésil, Sonia Andrade s’expose à travers une performance-châtiment (1974-1977) où elle introduit un fil de nylon dans ses lobes percés dont elle entoure ensuite son visage jusqu’à le recouvrir quasi-intégralement.

Noémie Goudal. Phoenix VI, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Les filles du calvaire.


Orlan-loi
Présente à plusieurs reprises dans l’exposition, la jeune et encore non célèbre Orlan affirme sa volonté de s’affranchir des codes artistiques imposés par les hommes dans Tentative pour sortir du cadre à visage découvert (1966). Quelques années plus tard, la même provoque le scandale avec Le baiser de l’artiste (1977). En proposant au public de la Foire internationale d’art contemporain de Paris d’acheter pour la somme de cinq francs, un baiser ou une bougie, l’irrévérencieuse ose un rapprochement explosif entre prostitution, religion et art. On retrouve l’infatigable agitatrice dans Corps à vendre à vendre à côté des poires et des carottes (1976). Cette fois Orlan commercialise un corps féminin en pièces détachées sur un étal de marché ! Une performance immortalisée en images qui se passent de sous-titres. La sexualité et le diktat de la beauté constituent tout naturellement deux des chapitres de cette avant-garde féministe. L’Histoire d’amour (1971) sur lithographie de Judy Chicago montre une arme à feu pointée entre les fesses d’une femme nue et à quatre pattes, cliché accompagné d’un extrait du roman Histoire d’O de Pauline Réage. Ou quand la pornographie légitime la violence et la domination exercées par les hommes dans le rapport hétérosexuel. La même artiste rompt le tabou des règles et lui donne une dimension politique avec Signal d’alarme (1971), montrant un tampon ensanglanté à la forme d’un pénis amputé que l’on extrait d’un vagin. Un sein enserré dans une machine électro-stimulante pour le remodeler à moins que cela ne soit pour raffermir sa peau. Les tortures volontaires (1972) d’Annette Messager dénoncent l’adage sexiste « il faut souffrir pour être belle ». Autre célébrité, que l’on trouve en toute logique dans la partie du parcours évoquant l’identité, Cindy Sherman enchaîne les jeux de rôle et transformations avec le talent de narratrice visuelle qu’on lui connaît.
Plusieurs expositions font honneur aux photographes féminines cette année : Noémie Goudal, Bettina Grossman, Frida Orupabo, Sandra Brewster, Jacqueline Salmon…  L’intérêt de celle consacrée au travail essentiellement documentaire de Babette Mangolte, Capter le mouvement dans l’espace (église Sainte-Anne), est essentiellement d’apporter un témoignage sur le bouillonnement créatif de l’avant-garde artistique new-yorkaise des années 70. En posant son objectif dans l’intimité des compagnies qu’elle a longuement accompagnées, la photographe et cinéaste, qui a reçu le prix Women in motion 2022 à l’occasion des Rencontres d’Arles, a contribué à la constitution d’une véritable archive de la performance dans le milieu du théâtre underground et de la danse contemporaine. Les amateurs·trices seront réjouis de croiser les chorégraphes Lucinda Childs ou encore Trisha Brown alors qu’elles étaient en train d’écrire une des pages les plus effervescentes de l’histoire de la danse.

LUDOVIC TOMAS

Les Rencontres d’Arles
Jusqu’au 25 septembre
Divers lieux, Arles et alentours
À voir aussi 
Collection « 48 vues », Julia Gat & Julien Geister, La Croisière
Dress Code, Fondation Manuel Rivera-Ortiz

Pour Emmanuel Mouret, il n’y a pas d’amour heureux

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Chronique d’une liaison passagère, un film écrit et réalisé par Emmanuel Mouret - Avec Sandrine Kiberlain (Charlotte), Vincent Macaigne (Simon), Georgia Scalliet (Louise)

Quand il ne s’applique pas à la nourriture, de façon un peu surannée, l’adjectif « délicieux » exprime le charme, l’élégance, l’esprit, des gens et des choses. C’est ce qualificatif qui vient spontanément aux lèvres, au moment du générique de fin du onzième film d’Emmanuel Mouret : Chronique d’une liaison passagère. Drôle, malicieux, tendre avec ce qu’il faut d’amertume – puisque, on le sait bien, il n’y a pas d’amour heureux. Il y a « les choses qu’on dit, les choses qu’on fait », titre du précédent film du réalisateur. Il y a aussi celles qu’on voudrait dire et qu’on ne dit pas, celles qu’on voudrait ne pas ressentir et qu’on ressent malgré soi, générant des distorsions qu’Emmanuel Mouret ne cesse d’explorer.

Charlotte (Sandrine Kiberlain, plus solaire que jamais) et Simon (Vincent Macaigne, dans sa brune rondeur) deviennent amants. Elle est célibataire, mère de grands enfants,  décomplexée et pragmatique. Elle cherche le plaisir charnel au présent, sans attache ni contrainte, réfractaire à toute passion. Simon est marié, père de famille, plus passif, plus hésitant qu’elle. Il accepte comme un cadeau cette maîtresse qui prend les initiatives, ne lui demande pas de quitter sa femme et affirme que leur liaison sera une « parenthèse » vouée à se refermer. 

Virtuosité

C’est cette parenthèse où vont se construire un attachement de plus en plus fort, une complicité de plus en plus étroite et un bonheur charnel et spirituel, que nous donne à voir le film. D’un rendez-vous à l’autre, l’agenda de la relation adultère s’effeuille. La vie des amants en dehors de ces rencontres, reste hors champ, mise à distance, et par un renversement subtil, c’est elle qui se trouve mise entre parenthèses. Le réalisateur va à l’essentiel jouant de la répétition et de la variation avec la virtuosité et la précision qu’on lui connaît, soignant les décors urbains ou bucoliques jusqu’à la superbe villa Louis Carré signée Alvar Aalto. Il place les amants dans le mouvement et dans le flux du temps qui passe, les changeant imperceptiblement. Le scénario minimaliste se cisèle par les détails, et le duo Kiberlain-Macaigne excelle à exprimer tous les « désordres » de la passion amoureuse, au moment même où le discours de chacun, maladroit ou retors cherche à les domestiquer. Il y a du conte moral dans l’air. On rit du déni de ceux qui se croient plus malins que l’amour, se mentent à eux-mêmes, et, voulant assouvir les fantasmes de l’autre, au temps d’un Marivaux point zéro provoquent la fin d’une relation idéale. On se sent délicieusement tristes aussi, comme devant tout ce qu’on perd bêtement, parce qu’on a tous vécu plus ou moins ces déroutes-là. Les mots de Gainsbourg dont la célèbre Javanaise prélude et clôt le film, deviennent les nôtres : J’avoue j’en ai bavé. Pas vous ?

ÉLISE PADOVANI

Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret
En salles le 14 septembre
En compétition au Festival de Cannes 2022
Présenté en avant-première au FIDMarseille, le 4 juillet 2022,
au Théâtre Silvain 
en partenariat avec Ciné Plein-Air