mercredi 2 octobre 2024
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Une photographie en quête de sens

Dressant un panorama vivifiant de l’art photographique à expérimenter en mode immersif, les Rencontres d’Arles se visitent comme un voyage à travers le temps, l’espace et l’esthétique

45 expositions, 25 lieux, 100 artistes, 40 commissaires… Difficile d’imaginer le nombre de clichés à découvrir lors de l’édition 2023 des Rencontres photographiques dArles, sûrement de quoi donner le tournis pour de bon. Tout comme le nombre de visiteurs lors de la semaine d’ouverture : 19 500, une fréquentation record. À Arles, la déambulation commence comme un voyage en terres photographiques, entre artistes reconnus et jeunes talents à découvrir. Le thème de cette édition, « Un état de conscience », est bien trop vaste pour se faire critère de décision. Rapidement, on se rend compte que le grand sujet des Rencontres d’Arles est la photographie elle-même, laquelle ne se contente pas de « peindre la lumière ». Il est frappant de noter la présence de nombreux projets conçus à partir de clichés préexistants. Notons les multiples photos issues des archives du studio Rex de Marseille comme autant de témoignages des vagues migratoires, des photos trouvées aux puces racontant l’histoire oubliée d’un cercle d’homme se travestissant en secret, celles récupérées sur Internet afin de nourrir un projet amusant sur les statues de Lénine dans le monde. La photographie n’est pas juste une surface ni un cadre, elle s’affirme objet, récit, témoignage. Tout comme notre mémoire, elle peut se faire miroir déformant ou au contraire révélateur. Un rôle mémoriel que l’on retrouve dans l’extraordinaire exposition rétrospective dédiée à Diane Arbus à la fondation Luma, nous submergeant dans un monde argentique afin d’offrir à notre regard une myriade d’instants de vie vécus. 

Aux lisières du réel

Incontournables, les expositions dédiées au cinéma mettent en lumière la complémentarité créative de ces arts cousins aux lisières du réel, qu’il s’agisse des Polaroïds de Wim Wenders sur le tournage de L’Ami américain, des scrapbooks de cinéastes parmi lesquels Pedro Costa ou Stanley Kubrick, ou encore des clichés pris à Sète par Agnès Varda en préparation de son film mythique La Pointe courte. La photographie affirme son propre imaginaire, comme le démontrent les œuvres  de Gregory Crewdson, dont l’univers visuel narratif d’une minutie obsessionnelle donne à une Amérique en crise des airs de polar figé dans l’image. Intensément plastiques, les clichés de Saul Leiter, également peintre, s’apprécient comme une poésie de l’image aussi belle que fragmentée. Pas question de choisir entre le fond et la forme, l’éclectisme des propositions est stimulant, explorant le rôle documentaire, voire même anthropologique du medium photographique, tout en valorisant sa subjectivité dans des mises en scène parfois très auto-centrées. Inutile de tout raconter, car chaque visite ne peut que confirmer l’idée que la photographie est aussi une émotion née d’un regard, une expérience unique et multiple à la fois. Un art à part entière. 

ALICE ROLLAND

Rencontres d’Arles
Jusqu’au 24 septembre
rencontres-arles.com
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