mercredi 2 octobre 2024
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Jusqu’à la fin des foins

Avec La Ferme des Bertrand, Gilles Perret suit le parcours d’une famille d’agriculteurs à travers le temps

En octobre 2022, Gilles Perret, accompagné par sa coscénariste, Marion Richoux, était venu à Marseille présenter son premier film de fiction Reprise en main. Il est revenu le 24 janvier dernier avec son dernier documentaire, La Ferme des Bertrand présent dans les salles ce 31 janvier, qui nous donne l’occasion de revoir les héros de son premier film Trois frères pour une vie, sorti en 1997. Cette année-là, Gilles Perret a 28 ans et filme, durant une année, trois frères agriculteurs célibataires : Joseph, Jean et André qui étaient dans leurs derniers mois d’activité professionnelle. Ce sont ses voisins, à Quincy, un hameau de la commune de Mieussy dans la vallée du Giffre en Haute-Savoie. Il les connait très bien. Ils ont déjà été filmés en 1972 par Jacques Trillat, un tournage, dont Gilles Perret se souvient : « J’en ai encore le souvenir, parce que la télé qui débarquait dans notre hameau complètement perdu, ça avait été un sacré évènement ! »Quand il décide de les filmer à nouveau en été 2022, seul un des trois frères est vivant, André. Tout voûté, trop usé pour mener les vaches au pré, mais toujours volontaire, il s’occupe des poules… Et c’est ce quotidien dans cette ferme, le travail de la terre, les transformations technologiques, la transmission aux nouvelles générations que nous fait partager Gilles Perret, nous promenant dans la montagne savoyarde et dans les strates du temps.

Une histoire de transmission
Le film commence par un gros plan sur une tireuse de lait automatique, un robot de traite « qui peut être nous remplacera », commente Hélène aux épaules et mains défaites. Elle avait repris la ferme en 1997 avec son mari, Patrick, mort en 2012, l’exploite avec Marc son fils et Alex son beau-fils. Et à son tour de passer la main. Comme tous les membres de la famille Bertrand, elle connait bien le réalisateur. Le dialogue avec lui est facile, fluide et, tout au long du film, tous confient ce qui (a) fait leur vie, leur bonheur de travailler à la campagne, leurs difficultés, leurs regrets aussi, leurs craintes face au climat dont ils perçoivent clairement les changements, enneigement, sécheresse, parasites. Gilles Perret les suit dans les étables, dans les pâturages en pente, montrant les machines qui se sont modernisées, et toutes ces tâches qui ne se font plus manuellement. Ont-ils eu le choix ? Les anciens ont consacré leur vie au travail, sacrifiant leurs désirs profonds : « On a suivi le chemin que le destin nous a dessiné. Et il y aurait peut-être eu mieux à faire » disait André. Aujourd’hui, Marc et Alex affirment que leurs enfants feront ce qu’ils voudront. Hélène, la grand-mère se réjouit qu’ils disent vouloir être fermiers : « Il y a quelqu’un derrière ! » Les Bertrand tiennent à transmettre leur exploitation dans les meilleures conditions et à sauvegarder la beauté des paysages pour ceux qui les suivront. Gilles Perret, à travers La Ferme des Bertrand, transmet ce qui l’a forgé, faisant, peut-être, remettre en question à certains leurs choix d’urbains.

ANNIE GAVA

La Ferme des Bertrand, de Gilles Perret
En salles le 31 janvier
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