jeudi 12 décembre 2024
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Les fronts populaires et Léon Blum

Aux lendemains de la chute du gouvernement, La Criée programme l’événement théâtral participatif Léon Blum, une vie héroïque, un marathon de théâtre démocratique

« La marche de l’histoire est parfois facétieuse. Le contexte donne un parfum particulier à cet événement participatif », confirmait le producteur Philippe Collin, lors de sa présentation au public. Né de l’enregistrement d’un podcast original de France Inter, écrit et raconté par le producteur avec Charles Berling dans le rôle de Léon Blum, le spectacle met en scène la production radio et son ballet de signes (Violaine Ballet) commentée par les dessins effectués en direct par Sébastien Goethals. Après Toulon et Aix, Marseille invite le 14 décembre lecteurs, danseurs et choristes à participer à une expérience, où le public est impliqué activement : dans des discussions avec l’historien Nicolas Rousselier,, lors d’un bal et d’un banquet républicain partagés dans les grandes tablées installées à l’extérieur du théâtre. 

La conception même de l’événement, qui dure de 14 à 23 heures, fait vivre intensément les aspirations démocratiques et populaires, rappelant l’effervescence des « grèves joyeuses » qui ont suivi l’élection de la coalition du Front Populaire de 1936. 

Un peu d’histoire

Léon Blum © X-DR

En cinq temps de récit, entrecoupés par des chants et des bals populaires, est retracée la vie de Léon Blum et tout un panorama de son époque, de la fin du XIXe aux années 1950. On le suit, brillant, lettré, nourri de l’esprit de justice par son éducation, ayant pour modèles les héros de Stendhal, auxquels il sera souvent comparé, ses amitiés, son essai Du mariage… À son Panthéon brille aussi l’étoile de Barrès avec lequel il rompra au moment de l’affaire Dreyfus. C’est alors qu’il prend vraiment conscience de ce qu’est l’injustice. Ce qui compte pour lui c’est la résistance, que ce soit pour Dreyfus ou plus tard dans l’après-Vichy. Sa rencontre avec Jean Jaurès sera déterminante. Homme de l’union et du consensus, il se présente pourtant au congrès de Tours comme le « gardien de la vieille maison », refusant en bloc les 21 mesures de la IIIe Internationale bolchévique, ce qui amène à la scission SFIO (socialiste), SFIC (communiste), alors majoritaire. 

Des parallèles glaçants

Bien sûr, le public est particulièrement attentif à l’élection du Front Populaire : ce gouvernement d’union qui n’a duré qu’un an et a pourtant apporté les congés payés, les 40 heures… plaçant l’État comme arbitre du contrat social. « La réforme est révolutionnaire, la révolution est réformatrice » affirme celui qui scande : « Il y a quelque chose qui ne me manquera jamais c’est la résolution, c’est le courage, c’est la fidélité ». 

Des analogies s’instaurent avec notre temps présent : aujourd’hui, les forces de gauche se rassemblent sous le nom de Nouveau Front Populaire. Mais l’historien précise la différence entre la démocratie présidentielle actuelle, concentrée autour d’un chef suprême et celle parlementaire de 1936 où les assemblées contrôlent l’essentiel du pouvoir législatif et dominent l’action du gouvernement… 

Aux lendemains de la guerre de 39-45, selon Blum, le programme du Conseil national de la Résistance n’allait pas assez loin. C’était pour lui le moment d’installer un socialisme humaniste permettant à chacun d’oser l’aventure d’être soi-même. Quel écho aujourd’hui ? 

MARYVONNE COLOMBANI

Léon Blum, une vie héroïque a été vu le 15 juin au Bois de l’Aune, Aix-en-Provence.
À venir
14 décembre
La Criée, Théâtre national de Marseille

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