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La Fiv, comme si vous y étiez

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La métamorphose des cigognes © Axel Matignon

Couronnée par le Molière du meilleur spectacle seul en scène 2022, La métamorphose des cigognes de Marc Arnaud était donné au Théâtre des Bernardines du 23 au 27 janvier

Difficile de faire plus sobre comme décor : du noir partout et un gobelet blanc, posé sur un tabouret. À la fois point de départ, ligne d’arrivée, et perspective d’avenir. Car dans La métamorphose des cigognes il s’agit pour Marc Arnaud de partager avec le public les hésitations de Marc Arnaud à l’une des étapes cruciales – recueillir le sperme – du projet de Fiv (fécondation in vitro) auquel lui et sa compagne Isabelle se sont finalement résolus. Il décrit l’espace : 7 m2, lavabo, toilette, poubelle, écran avec films pornos intégrés, au cas où… Le gobelet attend le sperme, le docteur attend le gobelet. Il peut prendre le temps qu’il lui faut, et c’est tant mieux, car il n’a pas fini de tourner autour du pot !

L’affaire d’une féconde ?
Il pense à sa compagne Isa, sous anesthésie générale pour la ponction ovarienne, il est traversé d’angoisses, de doutes, de questions existentielles, de souvenirs. Notamment quand, plus jeune, il était un « troll des forêts » obsédé, sautant sur tout ce qui bougeait, récoltant un Chlamydia, vilaine bactérie qui a abîmé ses spermatozoïdes. Le minimalisme du décor laisse toute la place au texte sensible, précis, poétique et souvent hilarant de ce vague à l’âme existentiel, et au jeu de comédien habité de Marc Arnaud, qui, modifiant un détail de sa chevelure, prenant une intonation différente, une mimique, partage avec le public ses post-coïts vaguement honteux, les conseils de son cousin Jean-Philippe, de son psy québécois, ou les avis de spécialistes anxiogènes. Se retrouvant globalement paumé dans un réel délirant qu’il n’attendait pas, mais qu’il va bien falloir qu’il affronte. Comme celui du gobelet. Le docteur, qui commence à sérieusement s’impatienter, lui a bien fait répéter les étapes du protocole : se laver les mains, nettoyer avec la lingette le bout de son sexe, uriner, nettoyer de nouveau le bout de son sexe avec la deuxième lingette, puis le gobelet… Mission accomplie !

MARC VOIRY

La métamorphose des cigognes de Marc Arnaud a été présentée au Théâtre des Bernardines du 23 au 27 janvier

« Des machines de guerre contre l’infamie »

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Paul-Aimé William à la Friche la Belle de Mai © R.G.

Paul-Aimé William est doctorant sur l’implantation et le devenir des expressions de l’art contemporain sur le territoire guyanais. Triangle-Astérides l’a invité à concevoir et présenter une programmation de vidéos et performances le 3 février à La Friche dans le cadre de Un champ d’îles, temps fort consacré à l’Outre-mer.

Zébuline. Comment avez-vous conçu ce programme de performances ? Pouvez-vous expliciter son titre « Co/mission, grande conspiration » ?
Paul-Aimé William
. Avec Triangle-Astérides on discute depuis un an pour prévoir cet événement autour du monde imaginaire de la Guyane. Le terme de « co/mission » est multiple. Premièrement, cette notion de « mission partagée » est couramment utilisée dans le monde de l’art, comme à la Tate Britain. Elle est aussi un pied de nez à la notion de « transmission » qui fait défaut en Guyane. « Co/mission » va commencer à partir d’une présentation de feu Jerry René Corail, et de sa performance Incandescence. Quant au terme de « grande conspiration », il est lui aussi multiple. On le retrouve dans le concept de manigance chez Malcom Ferdinand, mais la « conspiration » renvoie aussi à l’essai Le Grand Camouflage de Suzanne Césaire. L’inspiration principale reste le communisme noir. L’idéologie présentée par Marx et Engels comme « un spectre qui hante l’Europe », est en quelque sorte une « conspiration » qui s’oppose à l’anti-noirceur et à la reproduction du capitalisme racial et au marché de l’art. Les œuvres que je vais présenter sont des machines de guerre qui sont là pour contrer toute cette infamie. Les artistes invités s’exprimeront sur plusieurs formes. Gwladys Gambie présentera son film, Alice Dubon dansera et il y aura une discussion avec le curateur David Démétrius.

En quoi la recherche sur l’art contemporain en Guyane est-elle importante ?
Elle est importante parce qu’elle n’est pas faite, du moins pas académiquement. Une des premières personnes qui a commencé à écrire sur le sujet est une artiste guyanaise, Roseman Robinot. Elle trace tous les points forts que je prolongerai dans ma thèse. Pour autant, dans mon travail, je n’attends pas grand-chose des institutions. Celles-ci sont intégrées à l’État colonial. Ainsi mon directeur de thèse, Carlo Célius, est une sommité de l’histoire de l’art haïtienne, mais c’est moi le doctorant guyanais, qui suis convié, c’est-à-dire quelqu’un issu des prétendues « colonies réussies » de l’Empire français.

Quel regard portez-vous sur l’état du secteur de la recherche en France ?
On est pauvres ! J’ai pu faire de la recherche aux États-Unis et là-bas, mis à part ce qui concerne les frais d’inscription, c’est le luxe. La plupart des universitaires qui sont passés par là ne veulent pas partir. Moi j’ai voulu parce que je porte un discours radical, je préfère parler de mon sol. La pensée, pour reprendre un terme de Glissant, vient des petites villes, des petits lieux, comme la Guyane. Ce qui m’intéresse c’est de construire mes propres institutions noires qui puissent élever ma communauté.

ENTRETIEN RÉALISE PAR RENAUD GUISSANI

Programmation de vidéos et performances par le chercheur Paul-Aimé William dans le cadre de Un champ d’îles - Temps Fort Outre-mer
3 février
Friche La Belle de Mai, Marseille

Une création aux petits oignons

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Le repas des gens ©Christophe Raynaud de Lage

Robert et sa femme (elle ne sera jamais nommée) ne sont jamais allés au théâtre. Leur cousin éloigné, directeur d’une salle, les invite à dîner sur scène devant un public. L’argument de base du Repas des gens de la Compagnie L’Entreprise a de quoi laisser songeur… et pourtant ! Ce qui avait l’air d’un freak show pour bourgeois cultivés s’avère être, grâce à la totale bienveillance de François Cervantes à l’égard de ses personnages, une surprenante réflexion sur le théâtre et surtout sur le rôle de spectateur.

Une histoire de conventions
Les personnages – le couple (Catherine Germain et Julien Cottereau) et le régisseur du théâtre (Stephan Pastor) – correspondent à des stéréotypes, mais dans des versions poussées à d’invraisemblables extrêmes : ils ne sont jamais sortis de leur quartier, il n’est presque jamais sorti du théâtre. Chacun découvre un monde de conventions qu’il ne connaît pas et tente de faire au mieux, doute parfois de la légitimité de sa présence, mais jamais ne rechigne à cette découverte. Le public devient alors le spectacle, voire l’objet d’étude des personnages qui dînent sur scène, nous renvoyant à l’aspect fondamentalement contre-nature du comportement attendu de la part des spectateurs.

« Vous écoutez ? Vous parlez pas ? Faut avoir confiance hein… » s’exclame l’épouse en découvrant le public dans les premières minutes de la pièce. Et il semblerait que c’est justement cette confiance aveugle du spectateur acquis aux conventions théâtrales que s’emploie à remettre en question l’auteur en subvertissant les codes et en créant la surprise par des retournements de situation qui rendent cette mise en abîme jouissive et inclassable.

Pour celleux qui n’auraient pas pu s’inviter au Repas des gens à Marseille, il sera servi et resservi tour au long du Festival Off d’Avignon cet été !

CHLOE MACAIRE

Le Repas des gens a été créé du 16 au 27 janvier au Théâtre de la Criée

« Toujours prêts » !

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Vue de l'exposition ©FCDM

La Fondation du Camp des Milles accueille une exposition retraçant le parcours des Éclaireuses et éclaireurs israélites de France durant la Seconde Guerre Mondiale

En 2023 les EEIF, association scoute française d’éducation juive, fêtaient leur centième anniversaire. Le président du camp des Milles, Alain Chouraqui, souligne l’importance de l’intituél de l’exposition  : « Les EIF durant la Seconde Guerre Mondiale : résister, survivre, bâtir – un engagement entre hier et aujourd’hui »…  Résister initie toute la suite.

Les deux commissaires de l’exposition, Marie Aboulker, experte territoriale Action Cœur de Ville à la Caisse des Dépôts, et Benjamin Bitane, responsable de formation au Camp des Milles, sont tous deux anciens chefs scouts des EEIF. Ils ont collationné un important corpus d’archives comprenant publications, papiers officiels, photos,  journaux intimes, et les ont orchestrés chronologiquement : une frise du temps court le long des vingt-quatre panneaux didactiques.

Rester éveillé
L’histoire des EEIF, leur action dans le sauvetage d’enfants, leur implication dans la résistance prend alors du relief. On apprend qu’ils ont participé à la libération de Castres et Mazamet. Émergent les figures du fondateur des EIF, Robert Gamzon ou de Fanny Loinger dont la fille, Tamar Loinger, expose le rôle au Camp des Milles : assistante sociale, elle se fait engager dans le camp en cachant sa judaïté, et contribue à sauver des centaines d’enfants. Karen Allali, commissaire générale des EEIF, rappelle que dans le terme hébreu signifiant jeunesse, se retrouve la racine du mot « éveillé ». Alain Chouraqui insiste aussi sur l’engagement et sa nécessité face à la montée des fascismes. La prise de conscience, l’alerte sur les risques, ne suffisent plus aujourd’hui : « il y a un devoir d’engagement », pour « l’altruisme, la compréhension et la solidarité entre les peuples »

MARYVONNE COLOMBANI

Jusqu’au 1er mars (entrée libre)
Camp des Milles
04 42 39 17 11 campdesmilles.org

Diviser pour reconquérir

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Les tracteurs montent vers Paris et bloquent nos autoroutes, accompagnés par une police soudain devenue aimable, financés par une chambre agricole qui fait fi de son rôle, relayés par les médias Bolloré qui se posent en redresseurs de torts. Mais qui donc a tort ? 

Si les confédérations paysannes accusent les marges des grands distributeurs, l’importation massive et le poids des normes administratives, CNews désigne à l’opprobre les mangeurs de tofu, les bobos du bio et autres défenseurs du bien-être animal. Bref, les Ecologistes.

Le RN, ou le rapt mémoriel

Au jour anniversaire de la libération d’Auschwitz, alors que pour soutenir la ministre AOC Valeurs actuelles appelait à la fois à « sauver l’école privée » et à soutenir le « combat social » des agriculteurs, Le Point publiait des témoignages de rescapés, qui renforçaient  encore l’analogie tacite entre les attentats abominables du 7 octobre et le génocide nazi. 

Jusqu’ici les instances juives avaient toujours refusé de relativiser le génocide, mais elles construisent aujourd’hui une analogie qui amène la France à une position unique internationalement : un silence assourdissant sur les crimes de guerre commis à Gaza et dans les colonies, un aveuglement sur les causes de l’antisémitisme inacceptable qui monte en France, où le RN s’empare sans vergogne de la mémoire de la Shoah. Et où tous ceux qui remettent en cause la politique d’extrême-droite du gouvernement israélien sont taxés d’antisémitisme, y compris quand ils sont juifs et sionistes. La cible désignée : la France Insoumise. 

Un combat culturel

Que reste-t-il à gauche après l’assaut ? A l’EMD Business School de Marseille, où le management s’apprend entre deux messes tendance Opus Dei, on reçoit la Manif pour tous rebaptisée Syndicat des familles  pour une conférence sur le « wokisme, un danger pour la famille ».  Une façon comme une autre de réarmer la natalité  par la formation des élites managériales ? Réarmer le combat contre le mariage pour tous, porté par les Socialistes, c’est certain. 

Que fait la gauche face à ces attaques incessantes, sur tous les fronts, de chacune de ses composantes, dressées grossièrement, mais efficacement, les unes contre les autres ? 

 La critique des pensées énoncées dans la sphère publique est, plus que jamais, un combat culturel que la démocratie doit mener, dans la nuance et le dialogue. En promouvant, diffusant, explicitant les pensées complexes qui réfutent analogies, raccourcis et oppositions manichéennes, pour construire des raisonnements.

AGNES FRESCHEL

[Spécial Saisons] THÉÂTRE DE FONTBLANCHE / GUY OBINO : Vitrolles prend la culture au sérieux 

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IAM © DR

Le théâtre municipal de Fontblanche et la salle de spectacles Guy Obino proposent une pléthore de représentations dans leur seconde partie de saison. Si la majorité des spectacles sont des pièces de théâtre, la danse et le cirque parviennent tout de même à se frayer un chemin dans la programmation. 

Pluridisciplinaire 

Alors que les circassiens n’avaient pas eu voix au chapitre en première partie de saison, ces derniers émergent avec force en 2024. Du 6 février au 15 février, jonglage, cirque sous chapiteau et acrobaties se succèdent (Der Lauf, Elle/s, Citizen) dans un rythme effréné. De quoi ravir les férus de cirque contemporain qui auront d’ailleurs le dernier mot, puisque la saison se clôturera avec la venue des acrobates de Machine de cirque et leur spectacle Robot infidèle (le 28 mai à 20h30). 

Avec trois dates prévues, la danse n’est pas en reste. Cela commencera doucement avec Molo Kheya, qui a pour ambition de mettre autant la philosophie que la chorégraphie en avant (le jeudi 22 février et le vendredi 23 février). Puis la compagnie des Demoiselles du K-barré électriseront l’ambiance en proposant un spectacle humoristique où il faudra faire preuve de lâcher-prise (le vendredi 8 mars à 20h30). Enfin, le chorégraphe français Hervé Koubi amènera sa compagnie à Guy Obino pour Ce que le jour doit à la nuit (le mardi 9 avril à 20h30). Parmi les douze interprètes la majorité viennent de la danse de rue, ce qui promet une représentation au tonus considérable. La programmation sera ponctuée par deux spectacles de théâtre d’objets libellés « Jeune public », Ici et là (le 26 et le 27 mars) et Okilélé (le 18 et le 19 avril). 

Dans la ribambelle de pièces de théâtre qui se joueront au domaine de Fontblanche, un spectacle d’arts numériques se démarque des autres : Pourquoi Jessica a-t-elle quitté Brandon ? (le 16 avril à 20h30). Bien que le nom de la pièce fasse croire à une comédie banale, il n’en est rien. Pour comprendre les raisons de la rupture, les personnages vont mener l’enquête en s’emparant au passage de divers outils numériques. Une manière de dénoncer avec humour notre société hyperconnectée. 

RENAUD GUISSANI 

Théâtre de Fontblanche
Vitrolles
vitrolles13.fr

IAM et la musique locale à Vitrolles !
C’est un grand coup que frappe la direction culturelle de Vitrolles. L’emblématique groupe de rap marseillais IAM repart en tournée pour 14 dates, et commence par la salle de spectacles vitrollaise Guy Obino. Akhenaton et ses comparses y résideront une semaine afin de préparer au mieux leur concert du 3 février. Des artistes locaux des musiques électroniques et actuelles s’empareront à leur tour de la salle de spectacles (le 12 avril à 21h) puis du Stadium de Vitrolles (le 13 avril à partir de 16h). Il s’agit de la première édition du festival Basses fréquences pour les cultures Queer et Underground,organisé par Parea Production. À ne pas manquer ! R.G.

[Spécial Saisons] LE COMOEDIA : Le Comoedia veut faire rire aux éclats

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La délicatesse © Fabienne Rappeneau

La saison 2023-2024 sur le thème « Littérature, personnages et/ou personnalités » se poursuit au théâtre Comoedia d’Aubagne. Cette thématique se glisse dans presque tous les genres représentés, qu’il s’agisse du théâtre, de la musique ou encore de l’humour. Dans la pièce Les Voyageurs du Crime écrite par le dramaturge Julien Lefebvre par exemple, où l’on suit huit comédiens dans l’Orient Express qui deviendra le théâtre d’un mystérieux enlèvement (le 31 janvier à 20h). Le thème se retrouve aussi à travers les personnalités du jazz Kadri Voorand et Mihkel Malgand qui feront halte à Aubagne, lors d’un concert à l’âme nordique (le 7 février à 20h). Ou bien en la personne de l’humoriste Antonia de Rendinger dont le quatrième spectacle – qui a reçu un accueil très chaleureux dans la critique – sera joué au Comoedia. 

La gravité au bagne

Le monde est dans un sale état, or le Comoedia a décidé de s’inspirer du dicton : « mieux vaut en rire qu’en pleurer ». C’est ainsi qu’avant le spectacle d’Antonia de Rendinger on retrouve le stand up Renversée d’Amandine Lourdel et sa multitude de sujets qu’elle aborde avec légèreté (le 29 février à 19h). La dérision continue le 29 mars en la compagnie de la célèbre Cécile Giroud et de son acolyte Yann Stotz. Et pour clôturer la saison en beauté, la deuxième édition du Aubagne Comedy Fest débute à partir du 22 mai. La précédente édition du festival avait été une réussite, notamment grâce à la présence du chanteur Oldelaf ou encore de l’humoriste Roman Doduik, le youtubeur « star des ados ». L’identité des têtes d’affiche et des artistes émergents n’est pas encore connue, la programmation n’étant pas encore complète. À l’issue de l’événement le second trophée « Fada » – une distinction qui récompense les découvertes humoristiques – sera décerné à l’un ou l’une de ces têtes montantes. Une chose est sûre, le Comoedia compte bien faire rire son public. 

RENAUD GUISSANI

Le Comoedia
Aubagne
04 42 18 19 88

[Spécial Saisons] ESPACE CULTUREL DE CHAILLOL : Dans les hauteurs musicales de Chaillol

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Kapsber'girls © P. Morales

Pas un mois sans musique à l’Espace culturel de Chaillol ! De janvier à juin, six propositions, souvent assorties d’un volet d’action culturelle en direction des habitants, seront déclinées dans diverses communes des Hautes-Alpes. Chaque projet est joué plusieurs fois au cœur de divers lieux, églises, salles des fêtes… Se dessinera cette saison, comme pour les précédentes, un fil que chacun se plaira à comprendre à sa façon, guidant les auditeurs à travers l’éclectisme des esthétiques et des formes. S’y posent les questions des héritages musicaux et de leur lignée, de la place des femmes dans la création et la transmission, de la résonnance entre les géographies terrestres et humaines et de sa transmutation en un art vivant et partagé. 

Après avoir ouvert l’année avec Héritages par le Quintet Bumbac, qui nous conviait à un « libre voyage dans les musiques des Balkans », répertoire de compositions originales et de musique traditionnelle orchestrées par David Brossier, on revient à la chanson française avec Noëmi Waysfeld (23 au 25 février). la chanteuse de Soul of Yiddish qui, accompagnée des deux violoncellistes Juliette Salmona (Quatuor Zaïde) et Louis Rode (Trio Karenine), distille les accents en épure de sa voix ambrée sur des textes de Barbara, célébrant au pluriel la « belle Dame brune ». La thématique féminine s’ourle d’un parfum tragique avec le Quatuor Psophos (19 au 31 mars) qui s’empare avec finesse et vivacité du lyrisme poignant de Schubert dans La Jeune Fille et la Mort avant de sublimer ses élans avec le Quatuor n° 11 de Nicolas Bacri, commande du Festival de Pâques 2020. 

Compositions intimes

En écho malicieux aux Dames Brunes, les Kapsber’girls (25 au 28 avril), dont le nom est un clin d’œil au compositeur italien du XVIIIe, Hieronymus Kapsberger, (Alice Duport-Percier, soprano, Gabrielle Varbetian, mezzo-soprano, Garance Boizot, viole de gambe et basse de violon, Albane Imbs, cordes pincées et direction musicale) déclineront avec espièglerie les « brunettes », ce sous-genre musical désignant des chansons strophiques simples très mélodiques qu’affectionnèrent les XVIIe et XVIIIe siècles. La contrebasse jazz d’Yves Rousseau (24 au 26 mai)arpentera en solitaire compositions intimes et réminiscences, dont une sublime reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel. Enfin, Saraï (27 au 30 juin) concocté par Baltazar Montanaro (violon baryton), Sophie Cavez (accordéon diatonique) et Juliette Minvielle (chant et percussions) reprend des« textes de chansons cueillis du Moyen Âge à nos jours, poétiques et féminins (car presque tous écrits par des femmes), et traitant de la question non encore résolue de nos jours, celle de l’amour »(B. Montanaro). Quel programme !

MARYVONNE COLOMBANI

Espace culturel de Chaillol
En itinérance dans les Hautes-Alpes
festivaldechaillol.com

[Spécial Saisons] ESPACE NOVA : SuperNoVa de fin de saison

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Storm © Studio Delestrade - Avignon

L’espace NoVa de Velaux a débuté son année sous le signe de la solidarité, avec un concert caritatif au profit des Restos du Cœur le 25 janvier dernier. D’entraide il en sera toujours question dans la pièce Babïl de la compagnie Du Jour au Lendemain (le 23 février). Les comédiens Raphaël Bocobza et Antoine Laudet y interprètent Tohu et Bohu, des habitants d’un pays qui a décidé de s’unir pour ériger une tour, symbole de sa multitude. Le 9 mars c’est le célèbre compositeur nigérian Keziah Jones qui viendra, affublé de son habituel chapeau, faire bouger l’Espace. Ses chansons pop-rock sont empreintes de messages politiques dénonçant la vision occidentale d’une Afrique guerrière et en proie à la famine. Le natif de Lagos désire au contraire porter la voix de ce continent jeune et urbain, où une culture moderne et contemporaine bat son plein. De Lagos à Lorient il y a une trotte, mais qu’il s’agisse de Keziah Jones ou du groupe FFR, tous deux passent par Velaux. Les incontournables du festival interceltique prévoient d’électriser un peu plus l’ambiance (le vendredi 15 mars). Sur un ton plus calme mais pas moins entrainant, la compagnie Les Estivants se plonge dans la vie de Molière, pleine de rebondissements et d’aventures (le vendredi 29 mars).  Un spectacle qui s’inscrit parfaitement dans la thématique de saison Elles puisque toute la distribution du spectacle, des comédiennes à la régie son en passant par la production, est entièrement féminine. Autre femme, humoriste cette fois, Laurie Peret présente à l’Espace NoVa sa vie rocambolesque le samedi 13 avril. Et pour finir la saison en beauté, les treize danseurs du Ballet de l’Opéra Grand d’Avignon présente sa création Storm le vendredi 17 mai.

Un espace associatif novateur 

Rien de tout cela ne serait possible sans les femmes et les hommes que l’Espace NoVa désigne comme « Citoyens, solidaires et engagés ». Grâce à l’association Culture’mania, d’ailleurs majoritairement constituée de « citoyennes », les soirs de spectacle se déroulent sans accrocs. Ces maniaques de la culture prennent aussi part à la confection et à la mise en place de la programmation culturelle. Pour avoir accès aux rétrospectives des dernières saisons et celle de cette année, c’est vers Clin d’œil qu’il faut se tourner. Les photographes de l’association mettent au premier plan les femmesà l’Espace NoVa. 

RENAUD GUISSANI 

Espace NoVa
Velaux
04 42 87 75 00
espacenova-velaux.com

[Spécial Saison] LE CHANTIER : À l’écoute du monde

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Tant Que Li Siam © Thomas Bohl

« Cultiver les singularités du monde à travers des résidences de création, transmettre au jeune public, polliniser les territoires avec des bonheurs d’oreille » … les propos de Frank Tenaille, directeur artistique du Chantier donnent le cap des propositions de ce lieu unique dans notre région. Après un mois de janvier qui aura suivi les chants des chemins de muletiers du Nord au Sud de l’Italie, on mettra le cap sur les Balkans et la fantastique réserve de musiques de régions qui font se rencontrer Orient et Occident. Le Jarava Sextet (23 février), nous invitera à un Voyage au pays d’Orphée mêlant inspirations bulgares, grecques, macédoniennes et tziganes. S’évadant du giron de Correns, le Chantier propose aussi des concerts buissonniers : le flamenco/électro de Rocío Márquez (15 mars) déploiera ses mélodies associées aux élans de l’ancien batteur punk Santiago Gonzalo alias Bronquio à la Croisée des Arts de Saint-Maximin. 

La musique au sommet

Ce sont les chemins et les chansons « de traverse » que le groupe Tant que Li Siam (Marie-Madeleine Martinet, Audrey Peinado, Mickaël Portalès, Mario Leccia) arpentera grâce aux polyphonies du Ventoux auxquelles auront été initiés quelque cent élèves de la Provence Verte. Entre-temps, Kady Coulibaly et Lucas Rizzotti (avril) conjugueront, lors d’ateliers itinérants de territoire, percussions dunduns, kora, électro, traditions du Burkina Faso et modernité, dans leur duo Aôn (« nous » en diaoula). Les ateliers autour des chansons et musiques populaires du Brésil menés par la parolière, chanteuse et mandoliniste Claire Luzi et le compositeur guitariste et tromboniste Cristiano Nascimento s’adresseront à une classe de 5e du collège de Carcès tandis qu’une autre résidence de création (tous les ensembles cités bénéficient de ces temps indispensables) accueillera en mai le projet « « Ukulele Paradise » avec Ies Miss’u (Isabelle Temple, Véronique Fis, Cécile Lasfargues, Gérard Vedeche)… « Aloha » !

MARYVONNE COLOMBANI 

Le Chantier
Correns
04 94 59 56 49 
le-chantier.com