mardi 22 avril 2025
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Jean-Marc Larché prend le ton des légendes

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Jean-Marc Larché © Jeff Humbert

Le son feutré, boisé, élégamment duveteux du saxophone ténor de Jean-Marc Larché nimbe les univers de son quartet d’une atmosphère propice au mystère. À l’éclosion de mélodies d’emblée évidentes, portées par des phrasés ostinato, étoffe moirée de songes où éclosent les souvenirs de contes et de récits. Voici le Casanova de Fellini, le saxophoniste sourit : « je l’imagine particulièrement dans la scène au cours de laquelle il danse avec une poupée, j’aime beaucoup cette petite valse ». Il y a quelque chose de malicieux dans l’introduction du récit mélodique, un petit sourire espiègle. Saxophone et violon se mettent à l’unisson, puis dévient de leur route commune, le piano rêveur s’empare d’une comptine, change de mode pour une interrogation réitérée et inquiétante. Les percussions (Michele Rabbia) soulignent de leur légèreté inventive les développements d’une intrigue qui se trame… Les quatre musiciens sont de subtils conteurs qui nous embarquent à la découverte des personnages qui les hantent, Barbe Bleue, le diable (ou plutôt les « narines du diable », fontaine à deux ouvertures accordée par la bonne fée d’une vallée de Franche-Comté où habite Jean-Marc Larché), Johannes Kreisler en souvenir de Schumann, le Titan de Malher… Il n’est plus de frontières entre les genres musicaux, les citations « classiques » ou « contemporaines » nourrissent le jeu. Piano aérien de François Couturier où l’on se plaît à retrouver quelques accents de Philip Glass, mais aussi de Schumann ou Debussy, violon (Régis Huby) qui sait s’envoler mais aussi exploiter la matière de ce qui le compose, bois, cordes, saxophone ténor dont la voix se meut en souffle, avant de s’emporter en rêveries fantasques, percussions enfin qui scandent des routes oniriques. On gardera longtemps en mémoire la composition de François Couturier en hommage au cinéaste Andreï Tarkovsky (auquel il avait emprunté son nom pour son Quartet, sans doute en raison des mots de Bergman, « Tarkovsky se déplace dans l’espace des rêves avec évidence », formation où jouait déjà un certain Jean-Marc Larché) et la sublime Pavane au rythme lent qui nous emporte hors du monde alors que le chant des baleines (scie musicale de Michele Rabbia) anime de ses respirations la coulée du piano et que le saxophone forge de nouvelles et pourtant déjà familières harmonies.
MARYVONNE COLOMBANI

Concert donné le 1er octobre au Moulin à Jazz (invité par Charlie Jazz), à Vitrolles.

Jazz(s) à bon Port

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Stéphane Kerecki©Anabelle Tiaffay

Rappel

À Marseille, le jazz invité par l’association quadragénaire Le Cri du Port, est passé, dans les années 80, par le Théâtre Toursky, l’Opéra de Marseille, la Salle Saint-Georges, La Criée et dans les années 90, par l’Espace Julien et la Cité de la Musique. À l’affiche de ces 20 premières années de programmation : Stan Getz – Chet Baker Quintet, Lionel Hampton Big Band, Dizzy Gillespie Quintet, Art Blakey Jazz Messengers, Archie Shepp, Didier Lockwood… ! Puis, en 2004, l’association trouve demeure au Parvis des Arts, ancien temple protestant du quartier Saint-Lazare, devenu théâtre. Dans l’ancienne salle de culte (135 places) elle invite Jacky Terrasson Trio, Wallace Roney Quintet, John Abercrombie Quartet, Ray Lema, une pléaide de jeunes guitaristes de la scène new-yorkaise, et, pour ses débuts professionnels, la jeune diva Cecil Mc Lorin Salvant ! 

À suivre

Antonio Farao © Roberto Cifarelli

Si vous avez loupé tout ça, tant pis pour vous, mais néanmoins pas d’inquiétude, ça continue ! Le samedi 17 septembre, un Concert sous la langue (entrée libre sur réservation) organisé dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, réunit trois musiciens issus du jazz, du rock, des musiques arabo-andalouses et des arts électroacoustiques (Chems Amrouche au chant, guitares acoustiques, Xavier Saïki à la guitare électrique, Serge Sana au Piano Wurlitzer, synthé basse, voix, percussions) pour des compositions brassant langues cosmopolites, musiques d’aujourd’hui et musiques du monde. Le 30 septembre, c’est le trio que le bassiste Stéphane Kerecki forme avec le pianiste new-yorkais Marc Copland et le batteur Fabrice Moreau. Un concert autour d’Out of the silence, son dernier album sorti chez Outnote Records, nourri de références au jazz lyrique des années 70. En octobre (le 20), le groupe Shijin (Laurent David, basse, Stéphane Guillaume, saxophone, Ivo Neame, piano et Fender Rhodes, Stéphane Galland, batterie) jouera les morceaux de Theory of everything, dernier album conciliant électrique et acoustique, improvisation et écriture, musique contemporaine et jazz traditionnel. Le mois suivant, deux concerts dans le cadre du festival Jazz sur la ville : le 13 novembre, le trio d’Antonio Farao, pianiste virtuose, accompagné de Yuri Goloubev à la basse et Vladimir Kostadinovic à la batterie, pour un post-bop très libre, privilégiant la musicalité et les couleurs. Le 24 novembre, un autre trio, celui de Baltazar Montanaro (Elsa Lambey, flûte traversière et voix, Adrien Channebault, batteries, percussions), en résidence les jours précédents au Cri du Port, propose un concert qui va dévoiler un volet de leur création en cours Exils, entre musiques improvisées et musiques traditionnelles. Clôture du trimestre avec le Charley Rose Trio, le 8 décembre, un jazz contemporain sans contrebasse, à l’inventivité acrobatique et facétieuse, lauréat du dispositif Jazz Migration #7.

MARC VOIRY

Le Cri du Port, Marseille
04 91 50 51 41
criduport.fr

Aix s’enflamme pour sa 5e saison

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Aix 100 Flammes, dans le cadre d'Une 5e saison © Maryvonne Colombani

L’effervescence de l’automne anime la 5e Saison aixoise. On se plaît aux hasards, aux rencontres éblouies au détour d’une place, d’un lieu…

Flamboiements

L’ouverture quasi wagnérienne du troisième mouvement de la biennale d’Aix-en-Provence avec « Aix 100 Flammes » reliait symboliquement le théâtre du Jeu de Paume au Grand Théâtre de Provence (GTP). Les auspices sont on ne peut plus clairs : c’est par la culture que la vie s’orchestre et prend son sens. Une culture populaire au noble sens du terme, commune et participative, renouant avec le bonheur des éblouissements collectifs. La compagnie Carabosse, chargée des illuminations, installait tout au long du parcours des milliers de pots de feu. Déposés à même le sol ou architecturés en orbes géantes, globes stylisés aux méridiens articulés. Des chaufferettes géantes, braseros dont le vent parfois disperse les cendres incandescentes, série de « marcels » pendus à hauteur de réverbère que les artisans des feux allument à l’instar du personnage du chapitre 14 du Petit Prince de Saint-Exupéry, « occupation très jolie », s’il en est, et qui est « véritablement utile puisque c’est joli ». Sur ce chemin de lumières, s’égrènent petits kiosques à musique et personnages de métal qui s’animent au gré de la chaleur des loupiotes : incroyables cyclistes funambules, têtes de réveil dont les longs membres prennent le rythme d’une marche sur place, énigmatiquement expressifs. Deux chevaux du théâtre du Centaure amorçaient une promenade sur les terrasses du GTP avant de s’enlacer tendrement dans la cour du théâtre. La foule avait répondu à l’invitation, séduite, étonnée, intéressée, renouant avec le partage d’un regard commun dans une atmosphère joyeuse et bienveillante.  

Aix 100 Flammes © MC

Utopies participatives

Repoussés trop longtemps par la crise sanitaire, des spectacles savaient fédérer professionnels et amateurs autour de créations qui drainaient un public multiple et enthousiaste.

Le propos mené par les Compagnie Anania Danses et Naïno Productions, 100 pas presque, rassemblait sur la place des Prêcheurs une troupe de danseurs (formés lors d’ateliers participatifs) dirigés ou plutôt accompagnés par le chorégraphe et danseur Taoufiq Izeddiou dans une marche dansée sur une centaine de mètres en une heure. Histoire de refuser la trépidation de notre société consommatrice, et de se connecter à un tempo plus intérieur et humain, vers les musiciens sur une composition originale de Pascal Charrier (musiciens pro et amateurs, initiés eux aussi lors d’ateliers en amont). Le résultat en fut saisissant de liberté, d’invention, dans un parcours qui alla jusqu’à une forme de transe dynamique poussant les personnes « sur scène » à convier les assistants à rejoindre la danse. Bonheur des partages !

La rencontre se tissait aussi au Bois de l’Aune (initiateur de 100 pas presque) entre cinq danseurs aixois (Marginalz Crew) et trois danseurs japonais (Strugglez Crew) qui proposèrent avec Voir à nouveau un spectacle de breakdance (création montée en une petite semaine). Les mouvements solitaires, dissimulés sous capuches et vêtements amples, soulignent la singularité de chacun malgré un discours à la grammaire et aux rythmes communs. Chaque danseur présente une facette de son savoir-faire, se mesure aux autres. Rares sont les instants où les pas se conjuguent et s’accordent. Un exercice plusieurs fois ovationné par le public du Bois de l’Aune.

Le même lieu recevait aussi le spectacle maintes fois reporté, Mastory, projet construit avec une intelligente empathie par Paul Pascot, comédien et metteur en scène et Lau Rinha, artiste hip-hop, (cette dernière était aussi cheville ouvrière de la rencontre de Voir à nouveau). Le travail débute en 2021, réunit les jeunes gens sélectionnés sur leurs passions (danse contemporaine, rap, cuisine, flamenco, chant, dessin…). Il les fait participer à des masterclasses, assister à des spectacles, lire la masse de textes proposés par les deux meneurs de jeu, choisir (chaque texte de Musset, Saccomano, Saint-Exupéry, Siméon, Sotteau, Alberoni, Sand… correspond à une émotion, un parcours de vie, évoquant l’intime et le pluriel à la fois), se libérer de l’angoisse de la scène, de se mettre en représentation, cette mise en danger de soi qui, sur scène, est un autre, certes, mais fragilise les êtres. La scénographie reprend le carré tournant de L’Amérique (jouée par Paul Pascot au Bois de l’Aune, il y a quelques années) et utilise de larges cubes de bois brut, qui se transforment en sièges, estrades, support d’un clavier. Le spectacle débute par la recension d’exercices de théâtre, regroupements, cercles, marche aléatoire. Les jeunes acteurs se cachent sous capuches et larges manteaux qu’ils abandonnent au fur et à mesure qu’ils se disent, se jouent, avec une fraîcheur et une sincérité bouleversantes. Les voix sortent, posées, justes, passionnées, modulées par le sens et l’intention donnée, les musiques naissent, slam, mélodies, accompagnées au clavier ou à la guitare, dans une éloquence touchante alors que la danse s’empare de certaines avec une fougue élégante. La puissance du spectacle (on ne peut que regretter qu’il ne soit joué qu’une seule fois !) tient à ce travail libératoire, à cette approche neuve et enthousiaste au sens fort. Le thème c’est l’amour, celui que l’on dit avec un grand A, peu importe s’il s’adresse à des êtres particuliers ou n’est qu’une idée, l’Amour ici est déjà celui du théâtre, une chute dont on ne se relève pas et c’est très bien ainsi !

Spectacles nouveaux

Le thème du Japon se déployait aussi au fil des manifestations. Ainsi le Conservatoire Darius Milhaud recevait la nouvelle création conçue par Agence Artistik de Laurence Patermo, Éléments, avec le Bamboo Orchestra de Makoto Yabuki et les danseurs Pierre Boileau-Sanchez et Sinath Ouk, chorégraphe de cet opus, baigné de sublimes clairs-obscurs. Les percussions et la danse trouvent dans la déclinaison des quatre éléments, terre, eau, feu, air, une fusion mise en scène avec brio, les danseurs devenant percussionnistes, les percussionnistes danseurs. Les corps s’animent, écoutent, s’assagissent puis s’élancent en irrépressibles élans allant jusqu’à la transe. La beauté de l’instrumentarium de bambous offre un cadre poétique aux évolutions. Les sonorités complexes passent du rythme à la mélodie portée par une flûte de bambou. La musique de Fauré par ce biais prend des allures oniriques propices à cette cosmogonie élémentaire. Bulle délicate.

La Manufacture se mettait aussi à l’heure japonaise, invitant Mauro De Giorgi pour une intéressante performance de peinture nippone à l’encre sumi-e. Les formes naissent comme par magie d’un effleurement, d’une tache, d’un trait… quelle finesse ! On apprenait aussi pourquoi les œuvres se trouvent sur des formats verticaux : les tremblements de terre incessants ne sont pas étrangers à la fabrication des tableaux : tout se doit d’être dans la légèreté… Suivait une performance réunissant la projection d’œuvres de la plasticienne Hitomi Takeda, la musique électro de Rubin Steiner et les haïkus de Jack Kerouac (le « King of the Beats », en raison de son livre Sur la route), dits et joués par le comédien Nicolas Martel. L’immédiateté du style que Kerouac nommait « prose spontanée » se trouve condensée dans ces poèmes de trois vers. La profondeur se condense en formules lapidaires, « Le son du silence/Est toute l’instruction/Que tu recevras » (« The sound of silence/Is all the instruction/You’ll get »). Le tout dans la cour extérieure de la Manufacture en une atmosphère délicieusement conviviale.

Où l’imagination fait sens

L’expédition végétale © MC

La fantaisie, l’invention, sont aussi les maîtres-mots de cette 5e saison qui se plaît à mailler finement l’espace public. L’Aéroflorale et son équipe de scientifiques parcourt le monde à la recherche de plantes afin d’en étudier l’énergie phytovoltaïque. Les spécialistes décrivent aux passants le projet génial de cette nouvelle source d’électricité, expliquent leurs missions à Madagascar, île pauvre en ressources, et donc fortement intéressée par ce procédé peu onéreux. Ils détaillent les vertus des végétaux, « l’électricité est puisée au racines le plus souvent, mais en ce qui concerne les plantes grasses, on peut récupérer l’énergie dans les feuilles »… Un peu de musique pour améliorer l’humeur des plantes, des ateliers de recherches en cours, des démonstrations bluffantes (ainsi une toute petite plante verte alimente sons et lumières !), l’ensemble sous la construction géante (qui a atterri sur la place des Prêcheurs), imposant assemblage de métal soutenu par des ballons et des hélices sans cesse en action. Les savants sortis d’un roman de Jules Verne s’activent, grimpent sur les hauteurs de cette architecture improbable, en descendent en rappel. Magique simplicité, évidence… Quoi ! Il n’y a pas eu de vol dans les airs à l’instar du Château ambulant de Miyazaki ? Les plantes présentées ne produisent pas grâce à leur électricité les montages ingénieux exposés ?  Il n’y a pas de scientifiques dans l’aventure, mais de vrais comédiens de la compagnie La Machine ? Foin de ces rabat-joie ! Le bonheur d’une belle histoire, la beauté du dispositif, réveillent notre appétit de merveilleux, notre besoin d’imaginaire, de magie, de sens aussi, car l’Aéroflorale répond à des questionnements actuels concrets et prégnants. D’ailleurs, certaines recherches, sérieuses cette fois-ci travaillent sur le principe des piles microbiennes : la matière organique rejetée dans le sol par les plantes lors de la photosynthèse sert de nourriture à des micro-organismes qui libèrent des électrons lorsqu’ils se nourrissent. Ces électrons recueillis par des électrodes génèrent de l’électricité. Le dispositif, valable uniquement dans des milieux saturés en eau, est commercialisé par une entreprise hollandaise Plante-e (on arrête la pub gratuite ici !).

Rêver le monde, quelle entreprise fantastique ! Ce rêve se concrétise au cœur de l’église de la Madeleine grâce au Museum of the Moon de Luke Jerram. Avec un diamètre de sept mètres, cette lune conçue à partir d’images détaillées de la NASA et éclairée de l’intérieur semble flotter dans les airs, comme portée par les sons surround concoctés par le compositeur Dan Jones avec un parfum de Debussy. Les mythologies se refondent dans cette représentation tangible et onirique.

La lune n’est plus à promettre.

MARYVONNE COLOMBANI

Une 5e saison
divers lieux, Aix-en-Provence
aixenprovence.fr

Museum of the Moon, église de la Madeleine jusqu’au 8 octobre
Banquet, Haïku et Cie, bibliothèque Méjanes-Allumettes, 23 septembre
Performance de peinture japonaise, Fondation Saint-John Perse, 23 septembre
Éléments, Conservatoire Darius Milhaud, 25 septembre
Voir à nouveau, théâtre du Bois de l’Aune, 27 septembre
Mastory, théâtre du Bois de l’Aune, 27 septembre
100 pas presque, place des Prêcheurs, 21 septembre
L’expédition végétale, place des Prêcheurs, 23 au 26 septembre

Marseille déroule la pellicule pour l’outre-Rhin

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Plus que jamais d'Emily Atef © Samsa productions

Le cinéma de langue allemande se porte bien, et avec lui le festival qui lui est dédié, KinoVisions. Pour sa septième édition, le temps fort marseillais fait une fois de plus découvrir des cinéastes et leurs œuvres au public des Variétés mais aussi de La Baleine. L’emblématique salle du cours Julien accueille ainsi le 29 septembre Helena Wittmann pour échanger autour de Human flowers of flesh. Très remarqué au festival de Locarno, le second long-métrage de la réalisatrice est donné en avant-première, en partenariat avec le festival actoral. Les autres séances sont proposées au cinéma Les Variétés, avec au premier plan des avant-premières. La soirée d’ouverture le 28 septembre propose une projection très attendue : Corsage de l’Autrichienne Marie Kreutzer, variation autour du personnage de Sissi incarnée par l’immense Vicky Krieps. L’actrice est également à l’affiche du dernier opus d’Emily Atef, Plus que jamais : le film la réunit à Gaspard Ulliel dans son ultime rôle. Le festival se clôture sur une dernière avant-première le 2 octobre : Axiom, de Jöns Jönsson. D’autres films sortis en 2022 sont à (re)découvrir : Exil de Visar Molina le 29 septembre, Rabiye Kurnaz contre George W. Bush d’Andreas Dresen et A Piece of Sky en présence du réalisateur suisse Michael Koch le 30 septembre ; et enfin la comédie amoureuse berlinoise de Nicolette Krebitz A E I O U – Un Rapide Alphabet de l’amour le 1er octobre.

SUZANNE CANESSA

KinoVisions
Du 28 septembre au 2 octobre
Cinémas Les Variétés et La Baleine, Marseille

À Correns, les points cardinaux se rejoignent

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Roses des vents, duo Nawal et Catherine Braslavsky © Zoé Lemonnier

Au Chantier de Correns, le jeune duo – elles ont commencé à travailler ensemble il y a deux ans – Nawal et Catherine Braslavsky proposait un cheminement inspiré entre l’Afrique et l’Europe nourri des traditions soul et soufi : Roses des vents.

Les instruments disposés sur scène offraient un raccourci des univers abordés : gambusi, guitare, daf, halo pan, bols tibétains, sanza, grand dulcimer des Apalaches, tanbura de voyage, bendir, grand tambour, bobre. Les époques se mêlent aux géographies, faisant coexister objets du XVIIIe siècle comme du XXIe. Le concert rassemblait quasiment exclusivement des créations des deux musiciennes, certaines composées avant leur rencontre, d’autres, conçues ensemble.

Dans l’ombre des commencements, pépient des oiseaux, une onde ruisselle, le souffle du vent doucement glisse ses vibrations que nouent les percussions légères. Pressée contre le plexus solaire de Nawal, la calebasse du bobre (arc musical de la Réunion) fait corps avec son instrumentiste. La matière devient spirituelle, le chant se coule dans un Kyrie eleison, scellant l’accord entre les êtres et le monde, tandis que retentit l’appel à la paix, « en particulier la paix intérieure », Aman, au cœur des harmoniques larges du tanbura unies à celles plus sèches, de la kora qui porte la mélodie, reprise par un sublime duo vocal.

« La scène est un espace sacré »

Nawal s’indigne de l’usage guerrier des religions qui sont pourtant porteuses de messages de paix et de concorde, les deux artistes s’élancent vers « le neuf » souhaitant une liberté qui se déploie avec leurs chants en un émouvant duo a cappella. Les oiseaux sont invoqués dans un texte en grec d’avant la koinè – langue liturgique grecque –, découvert en 1945 parmi les manuscrits de Nag Hammadi en Égypte, « plus proches du ciel que nous ».

La voix de Catherine Braslavsky se meut sur les hauteurs dans des volutes qui évoquent celles de la grande chanteuse grecque Savina Yanatou. Les souffles soufis s’abreuvent des accents de la musique traditionnelle de l’Inde, tandis que l’appel à la mère Terre, sublime invocation des racines et des mémoires communes de l’humanité, croise les rythmes des Indiens d’Amérique. Le mysticisme de l’ensemble dépasse le cadre strict d’une croyance monolithique mais développe un humanisme empathique : « Dieu ne peut être ni “ il ”, ni “ elle ” puisqu’il est le tout, il ne peut avoir de genre » … Une berceuse pour la Terre clôt cette parenthèse d’harmonie.

« La scène est un espace sacré, on y est autre. Elle est comme un temple, il faut que chacun s’y oublie afin que l’on ne soit qu’un. La présence du public permet d’exister, de donner du sens au terme “ ensemble ”, sourient les deux musiciennes après le spectacle. Avant la virtuosité, nous recherchons d’abord la plénitude de chaque note, et de leurs résonnances, parfois le son se joue de nous et se met à exister sans le support des instruments ou des voix, seulement par les harmoniques. C’est là qu’il devient intéressant, dans sa qualité vibratoire, car c’est cette vibration qui nous emmène. C’est pourquoi la polyphonie est essentielle : elle nous conduit sur tous les étages de l’être… »   

MARYVONNE COLOMBANI

Roses des vents, création née au Chantier, a été jouée le 23 septembre à la Fraternelle de Correns

À La Ciotat, on passe l’automne en short

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Lucienne dans un monde sans solitude © Miles Cinema & Insolence Productions

Durant vingt ans, le Best of International Short Films Festival a proposé à La Ciotat le meilleur du court. Du 29 septembre au 2 octobre, l’aventure continue mais sous une nouvelle forme. Cet automne à l’Eden Théâtre, Le Best of et Ça arrive près de chez vous lancent avec énergie leur premier Le Cri du court.
L’occasion de voir cinq programmes compétitifs de films primés durant l’année dans les plus importantes manifestations internationales. Parmi lesquels The Headhunter’s Daugther de Don Josephus Raphael Eblahan, Grand prix de Sundance ; Les Mauvais Garçons d’Elie Girard, César du meilleur court ; Paloma de Hugo Bardin, meilleure musique au Music & Cinéma de Marseille, ou encore Les Tissus blancs de Moly Kane, Poulain d’or fiction court métrage au Fespaco de Ouagadougou.
En partenariat avec Itinéraire Danse Festival de l’association Arts Oseurs / Arts Osés, est présentée une séance cubaine. Le cinéaste Geordy Couturiau, invité, présente son diptyque, Lucienne mange une auto et Lucienne dans un monde sans solitude ainsi que son dernier film, La Flute enchantée avec le musicien Muddy Monk.
Comme chaque année, la tâche du jury qui attribue les prix Or, Argent et Bronze ne sera pas facile, mais le jury jeunes et le public pourront aussi pousser leur cri du cœur.
ANNIE GAVA

Le Cri du Court
Du 29 septembre au 2 octobre
Au cinéma Eden-Théâtre, La Ciotat
06 87 57 76 56 lecriducourt.com

Quelle folie !

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La Comédie-Française à Marseille ! Quoi de plus évident ? Comme le dit Dominique Bluzet, initiateur de l’événement, « la république des arts appartient à tous les Français ». Dans la deuxième ville de France mais aussi dans toutes les régions, les droits culturels ne doivent pas être au rabais, en deçà de ceux des habitants de la capitale dont l’exode prend d’ailleurs une ampleur inédite. En cette année de célébration des trente ans de la création du label de scène nationale, l’ambition de décentralisation culturelle doit être réaffirmée, renforcée, revitalisée.
Même si le service public de la culture n’est pas celui le plus à plaindre dans une France qui vit au rythme des reculs sociaux et démocratiques. Si Zébuline se bat pour exister et perdurer – ce qui est loin d’être gagné – ce n’est pas seulement pour prescrire des « sorties culturelles » en ces temps de morosité et d’incertitude. Si nous nous accrochons pour résister aux fléaux de l’uniformisation, de la concentration et de la marchandisation, c’est avant tout pour apporter notre part de réflexion à la construction d’une société irriguée, transcendée par les enjeux d’égalité, d’émancipation et d’épanouissement que véhiculent la création artistique et la pensée culturelle. Une visée qui n’est pas, comme on l’entend encore trop souvent y compris dans la sphère progressiste, une lubie de bobos déconnectés des aspirations populaires.
Les acteurs et actrices du champ culturel sont des travailleurs et des travailleuses du monde réel. Ils sont nombreux à prendre part à l’appel à la grève du 29 septembre. Que ce soit pour une revalorisation salariale, l’arrêt des suppressions d’emplois ou une transition écologique socialement juste. Avec l’arrivée au pouvoir d’un parti néofasciste en Italie, le bubon pesteux poursuit sa gangrène de l’Europe.  Si elle n’est pas un antidote miracle à l’extrême-droitisation du débat politique et sociétal, la culture est un traitement au long cours dont les effets peuvent durablement élever les esprits. C’est sur le terrain d’un journalisme culturel qui affranchit les consciences que notre titre se positionne. Résolument.
Après les parutions de Zébuline le mag et le lancement de Zébuline le web, nous faisons un nouveau pari. Zébuline l’hebdo paraîtra tous les mercredis dans les pages de La Marseillaise, et en tiré à part disponible en kiosque le jeudi. Un hebdomadaire culturel en Provence ? « Mais quelle folie ! », diront certains. Nous leur répondrons avec les mots d’Alain Damasio: « La folie n’est plus folle dès qu’elle est collective ».

LUDOVIC TOMAS

Espiègleries jazzées à Gréoux

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Le "JB5" © Patrick Bourcelot

La huitième édition du Gréoux Jazz Festival concoctée par l’association FestiGréoux déclinait cette année encore, avec le même talent, une série de concerts qui, par leur variété, offraient une palette jazzique éclectique fondue dans une même exigence de qualité. Après l’enthousiasme suscité par le groupe montpellierain The Big Marteen’s et la performance des danseurs de swing, William, Maeva, Stacy et Ludovic, et précédant la soirée de jazz manouche, revenait le génial pianiste et compositeur Julien Brunetaud (sacré meilleur pianiste de blues d’Europe par les trophées France Blues en 2005 et 2006 et surtout, marseillais d’adoption depuis quelques années) en une formation de quintette. Au trio initial, le JB3, avec Sam Favreau (contrebasse) et Cédrick Bec (batterie), deux artistes majeurs de la scène jazz marseillaise avec lesquels le pianiste vient de sortir son cinquième album, Feels like Home (un petit bijou qui s’écoute en boucle), se joignaient deux comparses, aussi issus de la région, Vincent Strazzieri, saxophone ténor, qui a fait ses études de jazz au Conservatoire d’Aix-en-Provence et le tromboniste Romain Morello (à la tête du département jass du Conservatoire de Marseille). Le « JB5 » donc, arpenta avec un bonheur complice les terres du jazz, passant du regretté pianiste Junior Mance qui nous a quittés en janvier 2021 à des standards de Duke Ellington, des échos de Loockwood, le rythm and blues de Johnny Otis band et un parfum de blues de la New Orleans avec ses bayous, ses histoires… Les instruments s’orchestrent entre soli, trio (le groupe fondateur), quintette, épousant avec une élégante intelligence les tempi et l’esprit de chaque univers. La voix très « Nashville » du pianiste se glisse avec humour dans le tissu des chansons tandis que trombone et saxophone se livrent à de subtiles cadences. La batterie en un jeu très précis et fin soliloque avant de laisser la contrebasse duettiser en une émulation joyeuse avec le piano. Ce dernier s’envole parfois en solitaire, explorant les contreforts d’une âme en notes rêveuses ourlées de souvenirs de Debussy. Un boogiewoogie endiablé transporte la salle avant un lever de soleil annoncé par le jeu léger des baguettes, conclusion douce qui referme le propos de sa poésie onirique.

MARYVONNE COLOMBANI

Concert donné le 15 septembre au Centre de Congrès l’Etoile, à Gréoux-les-Bains, dans le cadre du Gréoux Jazz Festival

Abondance culturelle

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La parenthèse, aussi grisante et libératrice soit-elle, des festivals de l’été ne ternit jamais le plaisir de retourner dans les salles. De retrouver les plateaux de nos lieux fétiches. De renouer avec les esthétiques toujours plus transdisciplinaires et décloisonnées, assemblées avec justesse et sensibilité par les programmatrices et programmateurs. De reprendre enfin le fil des récits tissés par les artistes dont l’appréhension et l’absorption du monde contribuent à forger notre pensée, notre rapport aux autres comme à soi-même. Car lorsqu’on l’observe ce monde, on se dit plus que jamais qu’il y a besoin d’artistes et de créateurs·trices pour en traduire la complexité. À rebours des discours à l’emporte-pièce, formulés par certain·e·s responsables politiques pour déplacer notre regard, fausser notre réflexion et souvent faire injure à l’intelligence collective.
Après « la bamboche, c’est terminé », c’est au tour de « l’abondance » d’être mise au placard.

Tous en rêve !


De crise sanitaire en crise énergétique, de mesures inadaptées mâtinées d’autoritarisme en inflation à la justification douteuse, le peuple finit toujours par payer l’addition. Taxer les superprofits ? Interdire les jets privés ? Augmenter les salaires ? Quelle plaisanterie de populace ! La répartition des richesses ? Mais elle saute aux yeux… entre déjà riches ! Pour les autres, pensez à baisser le chauffage. Décidément méprisant à chacune de ses sorties, le président de la République ferait bien de décrypter le propos subtil et radical de celles et ceux qui font œuvre sur scène, dans leurs mouvements ou leurs récits.
Un mot enfin sur Zébuline. Votre titre grandit vite. Nous nous sommes activé·e·s tout l’été pour vous offrir un site internet (journalzebuline.fr) que nous espérons attractif, réactif et intuitif. Entre vos mains, cet exemplaire consacré aux saisons est le troisième numéro sur les quatre qui paraîtront chaque année au format magazine. Dès le 28 septembre, une nouvelle publication, hebdomadaire cette fois, viendra boucler notre projet éditorial de renaissance d’un journal culturel, populaire, impertinent… et indépendant du Sud-Est. Notre abondance à nous, elle est culturelle ! Et notre mot d’ordre poétique : tous en rêve ! Au spectacle comme dans la rue.

LUDOVIC TOMAS

Dans l’esprit d’Éloi

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Éloi©Apolline Baillet

Depuis quelques mois, c’est la dernière trouvaille des amateurs de pop-électro. De celles que l’on ne refile qu’à des amis dont on estime vraiment les goûts musicaux. Cette découverte c’est Éloi, ou Éloïse Leau. Une jeune artiste parisienne qui manie l’art des sons comme des mots dans un déchaînement de mélancolie brute.

Zébuline. Vous commencez à avoir du succès, faire beaucoup de dates, répondre à des interviews… Comment vit-on ce moment charnière d’une jeune carrière ?

Éloi. Ça tombe bien par rapport à là où j’en suis de ma vie. On a donné de l’importance à ma musique au moment où j’étais capable d’en donner sans me prendre la tête. L’année dernière, j’étais encore très stressée avant chaque live, il fallait faire deux jours de répétition avant, j’angoissais au moindre souci. Après une vingtaine de concerts, ça commence à être plus facile. Même s’il y aussi des choses angoissantes car l’industrie musicale n’est pas du tout simple. Il faut être très vigilant, parano, c’est dur de rester indépendant donc j’y travaille beaucoup. Savoir prendre le lead sur les décisions et ne pas se laisser marcher dessus. Il y a aussi ces moments intenses où je prends le train, je vois plein de gens et ensuite je me retrouve trois ou quatre jours seule chez moi… Je vais devoir apprendre petit à petit. Je suis super bien mais je sais qu’il faut faire attention et prendre du temps pour soi.

Être de plus en plus écoutée, ça vous touche ?

Ça me touche beaucoup. Ma musique c’est quelque chose de très intime, personnel, je ne prends pas vraiment de recul quand j’écris. Avant je la vivais très seule, je ne la faisais pas forcément écouter. Le fait que les gens écoutent et que ça les touche, ça me fait sentir moins seule.

Est-ce qu’on écrit différemment quand on sait qu’on va être beaucoup plus écoutée ?

Non je ne pense pas. J’essaie vraiment de garder un truc super instinctif. Je ne vais pas faire ce qu’on attend de moi. Par exemple dans ce que j’ai fait récemment, je sais que ça va être surprenant.

« Je ne vais pas faire ce qu’on attend de moi »

Crédit photo : Apolline Baillet

Justement votre musique est très hybride, on passe de l’eurodance à la synthpop en passant par du new wave. Pourquoi cet éclectisme ?

Je pense que ça se fait assez naturellement, je n’intellectualise pas trop dessus. J’ai besoin de réinjecter mes inspirations dans mes projets. Et j’écoute beaucoup de choses, donc ça part dans plein de sens. Je suis souvent sur SoundCloud, j’écoute de la synthpop, du rap, du rock, de la drum and bass, beaucoup de chanson française… J’essaie de ne pas me limiter.

Vous jouez de la guitare et du piano, comment ces instruments sont entrés dans votre vie ?

Mon père est musicien, il travaillait dans la chanson française et la musique à l’image. Il est guitariste, donc j’ai appris la guitare mais ce n’était pas mon principal instrument. J’ai fait du piano classique avec ma grand-mère qui a été professeure pendant dix ans, c’est ce qui me prenait le plus de place. C’est elle m’a ouvert à la musique.

À partir de quand avez-vous commencé à écrire votre propre musique, vos propres textes ?

J’ai commencé à écrire des textes avec le rap. Adolescente, je faisais un peu n’importe quoi, et je n’avais plus le temps d’aller chez ma grand-mère pour faire de la musique classique. J’ai rencontré des potes qui rappaient et ils m’ont tout de suite mise à l’aise. J’ai eu de la chance car dans le rap ce n’est pas simple pour les femmes. J’ai très vite posé, j’avais beaucoup de choses à dire donc ça m’a stimulée. Ensuite j’ai rencontré des potes qui produisaient de la musique, et j’ai commencé à faire du son avec eux. Mais les prods de rap, de trap, ne me convenaient pas vraiment, j’avais envie d’autre chose. Donc dès que j’ai eu mon ordi, j’ai téléchargé Logic [un logiciel de musique assistée par ordinateur, ndlr], et j’ai commencé à faire beaucoup d’instrus.

Je travaillais avec mon meilleur ami avec qui j’ai créé Criskat Palace [son ancien groupe, ndlr] et on écrivait du rap très personnel, mélancolique. Mais à un moment, être à deux me prenait beaucoup d’énergie, et lui voulait apprendre la production de son côté. Donc je me suis dit « je fais mon projet toute seule ». J’étais déterminée et j’ai sorti Acedia [son premier EP, ndlr]. C’était le début du covid, je venais de changer d’école et de rompre, je me suis dit que ça allait me faire du bien. Je n’ai fait aucune promo, mais en école d’art il y a beaucoup de gens qui écoutent de la musique, et le bouche à oreille a fonctionné.

« Montrer mes sons comme j’en ai envie »

Vous avez donc fait les Beaux-Arts, quelle discipline artistique pratiquiez-vous ?

J’en ai fait plusieurs. De base, je dessine beaucoup : du traditionnel, à l’encre, au crayon et peinture. J’ai d’abord fait l’école des Arts Décoratifs où je faisais du dessin d’animation, mais j’avais envie de faire autre chose et dans cette école, c’est un peu cloisonné par secteur. J’ai décidé d’aller aux Beaux-Arts, où j’avais plus de temps car il n’y a pas de cours, seulement un atelier dans lequel on travaille. J’ai pu faire mes dessins, du volume, de la musique. Ça m’a permis de lier toutes mes pratiques artistiques ensemble.

Crédit photo : Dominique Gaucherand

Beaucoup de gens vous ont découvert avec votre reprise de Wejdene Jtm de ouf, comment l’idée est venue ?

Je n’écoutais pas trop Wejdene, seulement ses premiers sons, mais je trouvais que c’était toujours la même chose, donc je n’étais pas trop attentive. Petit à petit beaucoup de potes à moi ont fait des reprises d’elle et je me suis remise à l’écouter. Et à ce moment-là, j’ai rencontré ma copine, on l’écoutait ensemble, c’était marrant. Puis avec mon grand frère qui fait aussi de la musique, on s’est dit de faire chacun une reprise de ce morceau. Lui a fait du baile funk et moi j’ai tout refait de A à Z, sans sample. Je l’ai offert en cadeau à un ami à moi, et mes amis ont commencé à l’écouter. À chaque fois, j’ai besoin d’un peu de reconnaissance pour avancer.

Vous allez jouer à Marseille pour le festival Utopia, est-ce difficile de retranscrire votre musique en version live ?

Au début je n’avais pas les capacités techniques. Mais à cette époque, je jouais dans des squats et des scènes undergrounds, donc je n’avais pas forcément besoin de donner des fiches techniques et d’expliquer comment je fonctionnais. Alors je faisais un peu n’importe quoi. C’était plus un DJ set chanté où je balançais mes morceaux. Puis petit à petit, mes potes m’ont dit que ce serait bien que j’ai un instrument en plus pour varier, qu’il y ait plus de couleurs. À ce moment-là, j’ai rencontré Mia Mongiello aux Beaux-Arts. Ma copine était dans le même atelier qu’elle et la rencontre s’est fait naturellement. À la même époque, j’ai rencontré mon agent qui nous a proposé une première grosse scène à La Villette. On a travaillé tout l’été, ça marchait très bien, elle a ramené sa création et ça m’a stimulée. Le concert s’est bien passé mais en termes techniques, il y avait encore beaucoup de chose à gérer. Alors j’ai demandé à mon ami Sammy Hammoum qui est musicien et ingénieur du son de m’accompagner. Donc on est une équipe de trois pour le live. On a repris ensemble tous les sons, et moi j’ai pu travailler la performance : faire un show et montrer mes sons comme j’en ai envie.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

Éloi est sur la scène de l’Utopia festival, le 24 septembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille.