mercredi 2 octobre 2024
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Nicole Ferroni : cagole mon amour  

Malgré des thèmes parfois rebattus, l’humoriste parvient à tenir un spectacle réjouissant avec fluidité et poésie

On la sent chez elle, hélant le spectateur à son entrée dans la salle, toutes lumières allumées : « Commencer à l’heure pour un spectacle qui parle de Marseille, n’est-ce pas un peu bizarre ? Il y a des Parisiens dans la salle ? Je ne les sens pas, faut dire que certains se frottent au fenouil pour se fondre dans la masse »… Les vannes fusent et donnent le ton de la soirée.

Nicole Ferroni reprécise ensuite le concept du spectacle qui va suivre, pour dissiper tout malentendu : c’est bien de la poésie que l’on vient entendre ce soir, et à en croire le nombre de doigts levés, nombreux sont les spectateurs qui l’ignoraient ! Sur invitation du Théâtre du Gymnase, c’est en effet à une tournée des bars qu’elle s’est livrée au printemps dernier pour y présenter des textes en vers, dont une Intégrale non exhaustive nous est présentée sur scène en cette fin d’année. 

Oh l’éculé !
Après quelques poussives digressions autour d’une opérette brodant sur le mythe de Gyptis et Protis, c’est bien quand l’autrice livre ses propres textes qu’elle est la meilleure. Rompue à l’exercice – on reconnaît le ton rythmé de la chroniqueuse radio –, sa verve s’accommode plutôt joliment à l’alexandrin de rigueur. Et si les thèmes sont un peu éculés – la Bonne Mère, les rats, l’OM, les bobos –, ils ont le mérite de revisiter à la sauce Ferroni un folklore attendu, comme un tour en petit train dans les dédales du Roucas Blanc : même si l’on en connaît le panorama par coeur, on se délecte de la vue à chaque tournant.

De francs éclats de rire fusent autour du commentaire composé d’un texte de l’inénarrable groupe de rap Bande organisée, ou encore de la gentrification en cours dans certains quartiers de la ville. Le verbe est espiègle et alerte, le regard est plus tendre que caustique. Et si l’exercice semble parfois un brin trop appliqué – concernant notamment l’exhumation d’anecdotes autour de Louise Michel et Simone de Beauvoir, ou encore de faits historiques sur les cigarières de la Belle de Mai, extraits d’archives à l’appui –, l’artiste réussit honorablement à faire s’enchaîner les séquences de la manière la moins artificielle possible, clôturant la soirée sur une flamboyante ode à la cagole dans laquelle se niche avec panache le propos le plus féministe du spectacle. 

JULIE BORDENAVE

L’intégrale est donnée jusqu’au 23 décembre au Théâtre des Bernardines, Marseille. 

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