mercredi 2 octobre 2024
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Le duo Parant-Combas s’expose à Arles

Entre quatre zieux met en scène, au cœur de la chapelle du Méjan, l’étonnante aventure artistique de Jean-Luc Parant et Robert Combas

Si l’exposition Entre quatre zieux est joyeuse, elle reste néanmoins marquée par deux décès : celui de Jean-Luc Parant, poète, plasticien, performeur, survenu en juillet dernier, à l’âge de 78 ans, et celui de Jean-Paul Capitani, éditeur, co-fondateur d’Actes Sud, le 4 avril dernier, également à 78 ans, et auquel la chapelle Méjan rend hommage. 

Le tandem artistique Parant – Combas est né en 2019 à Anglet, au Centre d’art contemporain de la Villa Beatrix, où Robert Combas avait été invité à travailler et exposer avec Ben, et a proposé que son voisin de Sète Jean-Luc Parant se joigne à eux. Résultat : des papiers de Combas recouverts d’écritures de Parant, des boules de ce dernier en cire cosignées par Ben, et des sculptures anthropomorphes réalisées à six mains. Parant et Combas ont décidé de poursuivre l’aventure : leurs dessins, peintures et installations, réalisées entre 2019 et 2021, ont ensuite été présentées à Paris et à Sète notamment. À Arles, sur les deux niveaux de la chapelle du Méjan, s’y ajoutent de nouvelles œuvres réalisées en 2022, jusqu’au décès du poète. Le parcours est clair : au rez-de-chaussée, dans les alcôves du côté droit, des œuvres de Parant, dans celles du côté gauche, d’autres de Combas, croisement d’œuvres au niveau du chœur. Et au premier étage, les œuvres réalisées ensemble.

Vues de l’exposition © Baptiste Bondil – Association du Méjan

Si loin, si proche

Deux artistes qui, dans leurs pratiques respectives, semblent assez éloignés l’un de l’autre : Combas, c’est de la couleur vive (ici il a décidé de présenter plutôt des œuvres peu colorées « pour laisser la place d’exister aux œuvres de Jean-Luc Parant »), des tableaux grands formats, des figures tout en contours et en traits épais, de la truculence et de la potacherie, dans ses peintures comme dans les quelques lignes qu’il écrit pour accompagner ses titres. Parant, c’est, dans des formats plutôt modestes, du noir et blanc ou des couleurs terre, une obsession métaphysique de la rotondité, de la cire à cacheter noire mêlée à de la filasse, des sculptures de boules vaguement avachies, et des multitudes de lignes d’écritures. On se décourage d’ailleurs assez vite à lire les innombrables lignes des tapuscrits ou manuscrits découpés qui tapissent ses productions plastiques, écrites de la main droite ou de la main gauche, adroitement ou maladroitement, les yeux ouverts ou fermés, en rangs serrés et minuscules, parfois en grand les unes par-dessus les autres, en couleur, orientées dans tous les sens. Elles font vibrer des dessins d’où se détachent des formes pariétales, empreintes de mains ou d’étranges animaux, végétaux, chimères, aux contours enfantins. 

Combas a choisi de faire avec ses peintures un clin d’œil contextuel à la dimension antique d’Arles (Le penseur fatigueur, La tête à gouleLe buste sans tête, Herman et Afrodite…) et un autre à ce lieu qui fut autrefois un dépôt de laine du syndicat des éleveurs de moutons mérinos, avec un Chameau de mai. À l’étage, on est accueilli par la voix de Parant, accompagné du groupe de musique Les Sans Pattes formé par Robert Combas et Lucas Mancione, qui lit son texte Robert dans l’univers, provenant d’une vidéo projetée en boucle dans une petite salle en retrait. Et en présence des œuvres communes, accrochées par séries, thématiques. On devine la jubilation qu’ils ont eu à les réaliser, et finalement ce qui les rapproche : un certain côté art brut, ou singulier, le goût du jeu, un intérêt commun pour le corps, les sens, la chair, et une tendance au all-over, saturation de l’espace, quasiment systématique. On y voit des têtes de totems sur fonds de boules dessinées, ou de toile de jute, des éboulements, des nus féminins aux tenues érotiques, des portraits les yeux ouverts ou fermés, des animaux chimériques, des pièges à poulpes, des vases antiques, des masques recto-verso, et des cadavres exquis. 

MARC VOIRY

Entre quatre zieux
Jusqu’au 4 juin
Chapelle du Méjan, Arles
lemejan.com
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