mercredi 2 octobre 2024
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Deux visions du couple à Toulon

La scène nationale Châteauvallon Liberté pointe du doigt la multitude de représentations du couple, qui sont avant tout des constructions sociales


Deux expositions qui ne font pas la paire ornent les murs du Théâtre Liberté à Toulon, à l’occasion de son dernier théma intitulé couple(s). Celles de la photographe Arianne Clément et de l’auteur de bandes dessinées Fabcaro, présentées jusqu’au 2 mars. C’est d’ailleurs avec ce dernier que débute le parcours sur les planches de Moins qu’hier (plus que demain). Différentes saynètes qui décrivent de manière caricaturale la vie d’une dizaine de couples. Loin des moments langoureux, Fabcaro cherche à dépeindre avec humour ce qu’il y a d’ennuyeux, mais à grossir autant le trait, ça ne marche pas. On retrouve ainsi Fabien qui se rend compte au fur et à mesure de la BD que sa femme a plié bagages sans lui. Ou encore Agathe qui reproche à Bernard d’être « chiant » car « toujours positif ». Au-delà du caractère humoristique qui plaira ou ne plaira pas, il y a des choses qui clochent dans ces cases. Déjà, l’hétérocentrisme certain de la bande dessinée pose problème, aucun couple homosexuel n’étant représenté. De plus, les prénoms des partenaires « Émeline et Philippe », « Inès et Guillaume », « Louise et Florian » (etc.) font état de l’absence de personnages racisés dans la BD. Une étonnante hétéronormativité et blanchité de la part de cet auteur que l’on a connu plus inspiré.

« En corps, en vie »

En continuant le parcours, on tombe sur un projet qui prend le contrepied de celui de Fabcaro. C’est en partenariat avec l’association des Petits Frères des Pauvres, qui lutte contre l’isolement des personnes âgées en situation de précarité, qu’est née l’exposition d’Arianne Clément. L’artiste canadienne spécialisée dans les photographies du troisième âge est allée à la rencontre de nos aîné·e·s. À travers ses photos de nus et des propos recueillis, elle dépeint une beauté, des couples et des sensualités que la vieillesse tend d’ordinaire à rendre tabou. On y découvre l’histoire de Ravi, 70 ans, qui pratique le tantra et le tao sexuels avec son épouse. Lyette, 74 ans, témoigne elle être fière de s’être mise « à nue » face à l’objectif. Merutzah dit quant à elle se sentir « très bien dans [s]a peau » à 70 ans, malgré un accident de la route et un cancer du sein. Le couple lesbien de Mélodie et de « la rouquine » passe aussi à l’avant plan, les deux amoureuses posant peau à peau pour l’expo. À respectivement 69 et 74 ans, ces dernières ont toujours une « vie sexuelle active », rendue possible par une « passion […] encore très présente ». L’exposition En corps, en vie d’Arianne Clément et des Petits Frères des Pauvres ouvre les perspectives d’un couple souple, non hétéronormé et sans âgisme. Comme un bol d’air frais venu du large. De mer il sera d’ailleurs question dans le prochain Théma (#46) avec l’artiste Aglaé Bory et ses photos sur le quotidien des travailleurs de la mer.

RENAUD GUISSANI

Moins qu’hier (plus que demain)
et En corps, en vie
Du 12 janvier au 2 mars
Le Liberté, scène nationale, Toulon
chateauvallon-liberte.fr
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