mercredi 2 octobre 2024
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Luxe®, FlammeTM et Corbusier©

Marseille, suivie par les autres villes qui accueilleront la flamme, s’apprête à vivre un grand moment de son histoire. Faut-il pour autant bouder son déplaisir, et se joindre au chœur presque unanime pour chanter avec Sopra l’arrivée du Belem© ? 

Cet hebdomadaire du 8 mai relève des contradictions récurrentes : cette Olympiade culturelle fait courir les citoyens et expose les Champions aux archives municipales mais promeut Coca-Cola®, pourvoyeur de plastique et d’obésité. Décidément, ouvrir l’espace public à tous et l’animer d’événements culturels ne peut aujourd’hui se faire sans les grandes entreprises qui redorent leur image en s’associant à des financements majoritairement publics. 

Sponsoring et mécénat défiscalisé constituent désormais un apport indispensable pour les grands événements culturels, et le mélange des genres peut s’avérer détonnant, ou équilibré. Ainsi La CitadelleTM construite pour surveiller et punir les Marseillais et fermée durant 360 ans leur est enfin ouverte, grâce au Groupe SOSTM, et au mécénat qui sait rester discret de la CMA-CGM®. L’esprit du lieu patrimonial n’est pas dévoyé, ni même simplement conservé, mais sublimé, loin des aberrations historiques et écocides du Rocher MistralTM.

Haute-culture ? 

Sur le toit de la Cité Radieuse© et au fort Saint-Jean une autre partie s’est jouée, celle du luxe, et de Chanel®. L’exposition de la Galerie 19MTM au Mucem, bâtiment public d’Etat, promeut les intérêts de la 3e fortune française en faisant l’apologie des métiers créatifs de la haute couture. Quant à la présentation de sa Collection croisière, animée par une prestation, poing levé, du Ballet national de Marseille, il signe l’accaparement  définitif de l’utopie du Corbusier. Son toit-terrasse qui devait accueillir des services publics et des promeneurs ne s’ouvrira-t-il que pour des événements lucratifs pailletés ? L’État, dès 1952, vendait ses duplex conçus en 1945 pour un habitat social collectif et un partage actif des parties communes. Que reste-t-il de son manifeste architectural et politique, dont le génie consistait dans l’usage ? 

Les industries françaises du luxe caracolent en tête du CAC 40. En 2023, les redistributions de dividendes et d’actions ont atteint le record de 97 milliards. Les actionnaires ont donc encaissé en un an près d’une fois et demi le budget de l’État (69 milliards). Le chiffre est sidérant, abyssal : si l’État français taxait les revenus du capital comme il taxe ceux du travail il n’y aurait plus aucun déficit public. Faut-il dans ce contexte économique inédit accepter les dons intéressés des industries du luxe et participer à leur promotion ? 

AGNÈS FRESCHEL

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