mercredi 2 octobre 2024
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À deux Doha du dégoût

Il est trop tard pour crier au scandale. L’outrage de la 22e Coupe du monde de football n’a pas démarré le 21 novembre mais douze ans plus tôt. Au moment de l’attribution de l’organisation de l’événement sportif le plus suivi au monde au Qatar. Micro-État dépourvu de culture footballistique, ce régime gazo-monarchique du Golfe cumule surtout tous les ingrédients d’une gabegie morale annoncée : despotisme politique, esclavagisme déguisé, discrimination généralisée, irresponsabilité environnementale…

C’est donc en toute connaissance de cause que la Fifa, avec notamment la complicité juteuse de la France, s’est fourvoyée, a déshonoré un sport dont la financiarisation et la corruption franchissent un pallier supplémentaire. Les instances internationales auront-elles retenu la leçon ? Pensez-vous ! En désignant l’Arabie saoudite comme pays hôte des Jeux asiatiques d’hiver en 2029, celles-ci adressent un nouveau bras d’honneur à l’éthique du sport, à ce qu’il transmet encore de valeurs solidaires et émancipatrices.

La Coupe de la honte

Alors que faire ? Boycotter ces manifestations intrinsèquement populaires ? À part procurer un sentiment de dignité personnel, cela n’empêchera pas ces compétitions de se dérouler, d’étaler leur indécence sur les écrans du monde entier et de remplir les caisses d’organismes et de pouvoirs qui se moquent bien de nos examens de conscience individuels. Même tardif, le vaste mouvement de contestation et de remise en question de pratiques rétrogrades a le mérite de nous rassurer sur la capacité d’indignation des peuples, passionnés de ballon rond compris. Et de nous persuader qu’il n’y a pas de fatalité à ce système marchandisé qui pourrit par la tête. Le monde politique, sportif, associatif doit à présent se mobiliser pour imposer de nouvelles règles dans l’attribution des grands événements, guidées par l’exigence de transparence, d’indépendance et d’intransigeance quant aux droits humains et à l’urgence écologique. Le sport et la politique ne feraient pas bon ménage, a tenté de nous faire croire Emmanuel Macron. Les gestes valeureux des équipes iranienne et anglaise lors des premiers matchs de cette coupe de la honte n’ont pas manqué de lui rappeler le contraire.

LUDOVIC TOMAS

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