mercredi 2 octobre 2024
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Dans l’intimité de la Cour d’honneur !

Tiago Rodrigues a offert une unique représentation de By Heart pour clore le Festival. Une pièce drôle et touchante, qui a recueilli les rires de son auditoire.

C’est un peu du Tiago Rodrigues à tous les étages. Dans ce (presque) seul en scène dans la Cour d’honneur, le directeur du Festival donne en spectacle sa propre création. Et s’il est accompagné sur scène de dix spectateurs volontaires (qui ce soir là n’étaient que des femmes) c’est bien lui la vedette de cette pièce drôle et si intime. 

Enchainant les saillies, il déclenche des éclats de rires à répétition. D’autant que le texte qu’il interprète à merveille – il le joue depuis dix ans – lui permet d’improviser à foison. Charmeur, il prend plaisir, se lâche, donne à voir et à entendre un humour toujours fin et complice, à grand renfort de références à son pays et à sa langue maternelle.

Mais c’est avant tout une pièce très personnelle, sur la vieillesse et l’oubli, qu’interprète Tiago Rodrigues. Dans  cette Cour d’honneur qui n’invite pas forcément à l’intimité, le metteur en scène parvient à narrer avec délicatesse l’histoire de sa propre grand-mère. Elle qui, bientôt aveugle, lui demanda de lui choisir un livre à apprendre par cœur : By heart.

Garder une trace

Tiago tente donc de faire la même chose avec les dix spectatrices présentes sur scène. Il devient leur chef d’orchestre et essaie de leur apprendre le Sonnet 30 de Shakespeare. Entre chaque groupe de vers qu’il enseigne à ses cobayes, il parle de sa grand-mère ,  de la résistance poétique de Boris Pasternak, des poèmes d’Ossip Mandelstam transmis par sa femme qui les a appris par coeur, pour résister aux effacements staliniens.Comme dans cet extrait de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury où, à l’ère des autodafés, chaque membre de la résistance apprend un livre par cœur pour en conserver une trace. C’est un peu ce que fait Tiago Rodrigues sur scène, en même temps qu’il immortalise le geste de sa grand-mère.

Avec cette pièce minimaliste dans son dispositif, Tiago Rodrigues désacralise la Cour d’honneur habituellement occupée par les spectacles les plus attendus de juillet. Entre moments graves et esclaffements collectifs, Tiago Rodrigues crée une synergie que l’on voit rarement au Festival. Une performance qui tranche clairement avec le reste de la programmation et offre une bouffée de fraicheur pour finir cette 77e édition en beauté.

Rafael Benabdelmoumene

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