vendredi 30 août 2024
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Divorce à l’espagnole

Présenté à la Quinzaine des cinéastes, le dernier film de Jonàs Trueba propose une variation savante et réjouissante de la crise du couple

« Un 22 septembre, au diable vous partîtes / et depuis chaque année à la date susdite / je mouillais mon mouchoir… »chantait Brassens en son temps qui n’est pas celui du jeune réalisateur Jonás Trueba, fils de Fernando, et dont la valeur n’a pas attendu le nombre des années. Après Eva en août, voilà Septembre sans attendre, un long-métrage tendre et drôle sur le couple et le cinéma, où s’entremêlent films vécus et vies rêvées. Comédie romantique de mariage ou de re-mariage voire de dé-mariage, déconstruite-reconstruite, sous les tutelles entre autres de Stanley Cavell, Blake Edwards, Rohmer, Truffaut et bien sûr celle de son père, qui joue dans le film et serait à l’origine du projet par sa boutade : « les couples devraient fêter les séparations plutôt que les unions. » 

Ale (Itsaso Arana) et Alex (Vito Sanz), qui après 14 ans de vie commune sont devenus pour leur entourage un modèle de longévité conjugale, décident de se séparer et d’organiser une grande fête pour célébrer cette séparation. Chacun de leur côté ou ensemble, ils vont annoncer la nouvelle à leurs parents et amis et les inviter à les rejoindre le dernier jour de l’été pour rire boire et chanter car « on se sépare pour aller mieux ». Le film se structure sur la répétition  de l’annonce et les réactions perplexes parfois cocasses qu’elle suscite. Car Ale et Alex semblent très bien s’entendre, « on se sépare mais tout va bien » précisent-ils sans cesse. La cause de cette décision ne sera jamais révélée. Pas plus que leur histoire. Tout juste voit-on à travers des vidéos retrouvées, les images filmées par Ale d’un voyage en amoureux à Paris. Filmer la vie, c’est le travail d’Ale, réalisatrice qui est en train de finaliser un film qui est justement le film qu’on est en train de voir ! Plus que mise en abyme, ce jeu humoristique permet des changements d’axes pour le jeune réalisateur qui met le montage, au cœur de son écriture et de son propos. Et si on pouvait monter sa vie ? Le cinéma, n’est-il pas « une version améliorée de la réalité » ? 

Jonás Trueba dit ne pas savoir réaliser des scénarios « circulaires » qui referment l’histoire ou « linéaires » qui vont droit vers un but annoncé. Ici, alors qu’on croit connaître la fin, le doute s’immisce peu à peu. On passe d’un orage gris menaçant à Madrid aux lumières de la fête finale. Entre les deux, le film s’est fait sinuoïdal mais comme la flèche de Cupidon, il a atteint très sûrement notre cœur.

ÉLISE PADOVANI

Septembre sans attendre, de Jonás Trueba
En salles le 28 août

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