Face à la faillite du projet urbain « Quartiers Libres », piloté par la Métropole d’Aix-Marseille Provence, depuis 2010, les associations ont repris le flambeau et se sont réunies pour une présentation le 11 avril 2024 à CinéFabrique. Les partenaires, qui ont travaillé ensemble à l’écriture du projet, comptent la Fondation Abbé Pierre, Yes We Camp, JUST, Artagon, Parallèle, AN02/CH03 et CinéFabrique. Ces acteurs, qui interviennent dans des champs complémentaires, sociaux et culturels, apportent une haute valeur ajoutée, technique et participative, au 3e arrondissement de Marseille.
Un arrondissement qui constitue le quartier le plus pauvre en France (Hors Dom-Tom). et qui continue de s’appauvrir considérablement. Une réalité socio-économique qui repose sur une histoire de peuplement.
Désindustrialisation
La Belle de Mai porte l’histoire de vagues migratoires et ouvrières structurelles du peuplement de Marseille, reposant sur la notoriété emblématique de grandes entreprises comme la Manufacture des Tabacs, les usines de raffinement de sucre (Sucres Saint-Charles 1830) et de fabrication d’allumettes : le déclin industriel a laissé d’immenses friches industrielles, doublées de friches militaires.
Si certaines ont su se convertir en friche culturelle telle que la Friche de la Belle de Mai, d’autres bâtiments restent en partie inoccupés, alors même que les besoins d’espaces de vie sociale, de développement économique et de mise à l’abri manquent cruellement à Marseille. C’est dans une dynamique d’urbanisme d’amorçage que Nicolas Détrie, directeur de Yes we camp imagine le développement d’un nouveau tiers lieu au service des habitants et des institutions.
Renouveau de l’action collective !
Éric Semerdjian, conseiller municipal en charge de l’innovation sociale et la coproduction de l’action publique, s’appuie sur le bilan de Coco Velten pour soutenir l’initiative. L’expérience de la Porte d’Aix a fait ses preuves depuis 2019, et a laissé la place au projet de pérennisation portée par la ville, alliant mixité sociale et mixité d’usages sur 4000 m2 de logement social, d’hébergement d’urgence, et d’actions sociales et culturelles. Eric Semerdjian attend désormais que les autres collectivités, l’État et les entreprises suivent.
Pour Francis Vernède de la Fondation Abbé Pierre, il s’agit de valoriser l’implication de la société civile en répondant aux besoins d’hébergement d’urgence. Plus de justice sociale, d’insertion professionnelle, soutien aux pratiques artistiques émergentes et de contribution des habitants, tous.tes s’engagent à veiller à la défense et la promotion des actions en faveur des habitants du 3e et du développement de leur territoire.
La question de la dimension éphémère du projet est évoquée pour indiquer l’urgence et la nécessité de projets durables dans un contexte économique où tous les indicateurs sont au rouge. Il y a urgence à élaborer au plus vite, dans la perspective de pérenniser.
Samia Chabani