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Les « Procès du siècle » au Mucem visent l’utopie 

Tous les lundis jusqu’au 17 mars, le Mucem reprend son dispositif des « Procès du siècle », avec comme fil rouge pour cette édition « Oser l'utopie »

Quatrième saison : les Procès du siècle sont une formule qui dure au Mucem. Il faut dire que ces rendez-vous hebdomadaires ont trouvé leur public ; chaque lundi à 19 h, l’auditorium Germaine Tillon ne désemplit pas. Sur le papier, ils se placent « au croisement du débat, du théâtre et de l’instruction judiciaire » pour former un espace de délibérations citoyennes. Dans les faits, il s’agit plus, pour les journalistes chargés d’animer la soirée, de dresser un état des lieux sur des questions de société, avec des invités réunis au plateau, puis de passer le micro dans la salle pour quelques questions. Un format somme toute assez classique, mais avec une spécificité : sont régulièrement « appelés à la barre » deux ou trois témoins, amenés lors d’un atelier collaboratif préalable à formuler argumentaires et témoignages. Ce qui donne lieu à des prises de parole parfois fortes, souvent émouvantes. Pour participer à ces « commissions d’enquête », pilotées par Grégoire Ingold (metteur en scène) et Fabienne Jullien (comédienne) le week-end précédant chaque Procès, il suffit de s’inscrire à l’adresse reservation@mucem.org.  

Nouvelle saison, nouveau thème

« Féminismes, genres, minorités », « Luttes en partage »… Chaque année amène son lot de problématiques intéressantes à aborder dans un musée de société, à mesure que les crises sociales et environnementales se corsent. Un processus souvent déprimant, tant les raisons de se réjouir manquent. De quoi donner envie de chercher, parmi toutes les actualités, quelques lueurs d’espoir d’un monde meilleur. Alors décidément, les grands esprits se rencontrent, comme le veut l’adage populaire, et l’utopie inspire bien des cycles de réflexion à Marseille. Après le festival de sciences sociales Allez Savoir, Opera Mundi, et l’Upop, le Mucem s’empare donc de ce terme, né au XVIe siècle sous la plume de l’humaniste anglais Thomas More pour désigner une représentation d’un système idéal, opposé aux systèmes réels imparfaits. Rappelons la définition qu’en donne le dictionnaire Le Robert : « Idéal, vue politique ou sociale qui ne tient pas compte de la réalité – Conception ou projet qui paraît irréalisable. » Un préalable à garder en tête, mais non destiné à tempérer l’enthousiasme de qui voudrait suivre les Procès du siècle de cette année, puisqu’ils proposent justement « d’explorer les utopies concrètes et réelles, les nouveaux modèles à inventer pour avancer vers plus de démocratie, plus d’écologie, plus de solidarité ». Tant il est vrai que garder les deux pieds ancrés dans le principe de réalité permet de voir suffisamment loin pour œuvrer.

L’utopie comme stimulant

Partir du réel, de l’existant, c’était bien l’objectif de l’ouverture de saison, le 18 novembre. L’écologie, un combat de riches ? Point du tout ! Pour traiter de ce sujet, Paloma Moritz, journaliste de Blast, était entourée de Sanaa Saitouli, cofondatrice de Banlieues Climat et Axelle Cuny, coordinatrice de Marseille PACA – Action contre la Faim. Deux femmes résolues, venues, sans se voiler la face sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées, défendre l’action collective dans les quartiers populaires en matière écologique. Très émue de voir dans le public des représentants de L’Après M, emblématique « fast social food » des quartiers Nord de Marseille, la première invitée promeut une éducation aux enjeux écologiques dans les cités, avec une école ouverte cet automne à Saint-Ouen (93) qui ne demande qu’à essaimer. La seconde décrivait un marché bio et local implanté à La Viste (13015), lequel permet aux habitants d’accéder à d’excellents produits pour se nourrir, tout en garantissant aux paysans un revenu leur assurant de vivre dignement de leur activité. Deux projets nés de la société civile, qui pouvaient paraître improbables tant les pouvoirs publics peinent à prendre la mesure de l’urgence, mais qui démontrent qu’en visant l’utopie, on arrive à obtenir des résultats valables, stimulants, et partageables. De toutes façons, « il n’y a que l’entraide qui peut nous permettre de surmonter les chocs à venir », rappelait Paloma Moritz en conclusion. « La guerre de tous contre tous ne peut que nous enfoncer. »

GAËLLE CLOAREC

Les Procès du siècle – Oser l'utopie
Jusqu'au 17 mars 2025
Mucem, Marseille
Le prochain Procès, intitulé Moi aussi, ensemble, reviendra sur le mouvement Me Too et aura lieu le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale des violences faites aux femmes.

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