mercredi 2 octobre 2024
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Mucem : deux collections face-à-face  

Avec Passions partagées, la Collection Lambert d’Avignon s’invite au musée marseillais

Marie-Charlotte Calafat et Stéphane Ibars, commissaires de l’exposition Passions partagées, qui s’ouvre au Mucem jusqu’en septembre, ont eu pour mission de faire dialoguer deux collections. Celle, d’art contemporain, constituée au fil des décennies par le galeriste Yvon Lambert, né en 1936 à Vence (Alpes-Maritimes). Et celle du musée, axée sur les arts, techniques et traditions populaires en Europe et Méditerranée. Ils ont choisi de se focaliser sur « l’histoire intime que l’on entretient avec les objets », qu’ils soient conçus pour la vie quotidienne, ou reconnus comme œuvre d’art. D’un côté, « la relation indéfectible qu’entretiennent les artistes avec leur environnement quotidien, la manière qu’ils ont d’en révéler la beauté, d’en transformer l’expérience ». De l’autre, la grâce des créations humaines usuelles, quand la forme répond parfaitement à la fonction, ce qui en décuple le plaisir d’utilisation.

Une résonance et des limites

Les fonds du Mucem sont riches d’items surprenants, souvent émouvants, parfois propres à secouer : aussi mettre au mur d’une exposition, sur le même plan, un tableau de Jean-Michel Basquiat, aux prises avec ses démons, et l’œilleton de métal du centre pénitentiaire des Baumettes, d’un bleu presque Klein, frappe l’esprit. Les procédés scénographiques conçus par George-Henri Rivière, à l’origine des missions ethnographiques des musées de société, favorisent cette résonance. Dès l’entrée, un costume de gardian Camarguais soutenu par des fils de nylon, sans mannequin, chevauchant un cheval fantôme, impose une présence-absence forte. Mais au-delà de certaines juxtapositions efficaces, de par la qualité des œuvres ou la pertinence de leur mise en perspective, le parcours peine à convaincre. Les visiteurs non familiers de l’histoire de l’art ou des missions du Mucem pourront être déroutés : il est facile de passer à côté de l’intention ou du fil rouge. D’autres seront étonnés par le ton des textes de la poétesse Ryoko Sekiguchi, invitée à rédiger le texte de vingt et un « cartels imaginaires ». Dommage, car les centres d’intérêt d’Yvon Lambert, notamment tout ce qui a trait à la culture méditerranéenne, ont indéniablement des points de convergence avec le travail des conservateurs. 

GAËLLE CLOAREC

Passions partagées
Jusqu'au 23 septembre
Mucem, Marseille
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