mercredi 2 octobre 2024
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« Neandertal », une quête scientifique et poétique

Dans « Neandertal », donné au Festival d’Avignon jusqu’au 12 juillet, David Geselson nous embarque à la recherche de nos origines, proches comme lointaines

Tout commence par une petite pierre noire. Celle que le spectateur se voit remettre à l’entrée du théâtre. Un fragment de météorite, nous dit-on, venue d’on ne sait trop où. « D’où venons-nous ? » ou « Pourquoi sommes-nous là ? ». Deux des questions qui taraudent quatre scientifiques lancés dans un défi : celui d’identifier la séquence génétique de l’homme de Neandertal à partir d’os préhistoriques. Une quête intelligente, drôle et poétique.

Ce sont tout d’abord Luca et Rosa, un couple de chercheurs californiens, interprétés par David Geselson lui-même et Laure Mathis, qui s’embarquent dans l’aventure avec Lüdo (Elios Noël). Le directeur de laboratoire allemand vit pour ses recherches sur l’origine de l’Homme -et pour son amour pour Rosa. Ils sont épaulés par Adèle (Adeline Guillot), guide raisonnable de Lüdo et atteinte d’une maladie dégénérative de la mémoire. Ils vont trouver sur leur route Jan, le père de Ludo interprété par Dirk Roofthooft, qui tente de reconstruire le lien avec son fils. Mila (Marina Keltchewsky) est quant à elle la conservatrice du musée de Zagreb dont Adèle va tomber éperdument amoureuse.

Les histoires personnelles s’entremêlent et, chacune à leur manière, racontent une partie de la grande Histoire. Le tout donne une fiction dense mais extrêmement fluide. L’auteur-metteur en scène fait résonner le conflit israélo-palestinien avec la recherche scientifique, un trio amoureux ou encore l’adversité face à la maladie. Tout s’entrelace parfaitement bien, comme les molécules d’ADN entre elles.

L’identité des os ?

David Geselson n’hésite cependant pas à pointer du doigt l’hypocrisie que peut prendre la recherche scientifique. L’absurdité, par exemple, de courir après des os de plusieurs dizaines de milliers d’années pour tenter de répondre à des questions existentielles quand les corps des charniers de la guerre des Balkans attendent d’être identifiés à quelques kilomètres de là.

La scénographie fouillée et esthétique de Lisa Navarro s’ajoute aux dessins réalisés en direct par Marina Dillard et projetés sur scène, tandis que le récit est accompagné de vidéos d’archives du processus de paix israélo-palestinien de 1993. Et de son échec. En ce sens, c’est aussi la montée de la violence et des conflits basés sur la religion ou le racisme que dénonce David Geselson. Car Neandertal est aussi une ode à la tolérance. L’ADN nous renvoie à nos racines communes et nous rappelle que nous sommes tous des descendants de migrants.

Rafael Benabdelmoumene

Néandertal sera joué jusqu’au 12 juillet à l’Autre Scène – Vedène.

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