mardi 16 septembre 2025
No menu items!
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Plus d'infos cliquez ci-dessousspot_img
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
Accueil Blog Page 232

Le caprice, un exercice de liberté

0

Dans ce troisième disque, paru sous le label Mirare, le pianiste  se penche sur les inventions formelles  de compositeurs aussi divers que Bach, Brahms, Fauré, Reynaldo Hahn (avec Mignouminek en premier enregistrement mondial), Ohana, Rachmaninov ou Alkan. 

La  Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov contredit la tradition de l’opus soliste -mais n’est-ce pas le propre du caprice ?-, cette pièce concertante réunissant autour du pianiste le Sinfonia Varsovia dirigé par Aleksandar Marković. Leur dialogue nourri sait traduire l’espièglerie autant que la mélancolie qui traverse l’œuvre et rend la succession des 24 variations avec une éloquence qui semble parfois improvisée tant le ton en est juste. 

Le thème du Dies Irae que l’on retrouve dans cette pièce est sans doute une référence à la légende qui voudrait que Paganini ait vendu son âme au diable contre sa virtuosité exceptionnelle et l’amour d’une femme… 

En écho, les Variations sur un thème de Paganini opus 35, livre 1, de Brahms, éblouissantes et techniquement redoutables -Clara Schumann les qualifia de « variations de sorcier »-, dressent leurs falaises dont l’instrumentiste se joue avec aisance, laissant percevoir la fraîcheur et la légèreté d’un conte. 

Infinité d’analogies et d’hommages

Le Caprice sur le départ de son frère bien-aimé de J.S. Bach endosse un ton narratif : attristé par le départ de son frère, il composa cette œuvre en guise d’exutoire. Elle suit toutes les étapes de la préparation au voyage pour la Suède où Johann Jacob devait intégrer la garde d’honneur du roi Charles XIII en tant qu’hautboïste. Les histoires personnelles interfèrent…

Nathanaël Gouin aborde aussi des pièces de Maurice Ohana : le Caprice n° 1,  clin d’œil au legs que Jean-Claude Pennetier, maître de l’artiste, les Préludes, qu’il avait travaillées avec le compositeur. 

De même, le peu connu Charles-Valentin Alkan, qu’il qualifie de «  Liszt français »  a toujours séduit l’interprète par son « humour et sa profondeur ». 

L’« infinité d’associations » sur le thème du caprice offrait un champ large à ce poète du piano qui rend hommage au regretté Nicolas Angelich auquel l’opus est dédié, et à «  son si communicatif amour de la musique de Johannes Brahms ». 

Un disque très personnel, poétique, inspiré, profond et enjoué !

MARYVONNE COLOMBANI

Caprice, Nathanaël Gouin, 
label Mirare, 20€

ou le portrait impossible du cousin discret

0
...et Pierre Jeanneret de Christian Barani © X-DR

Dans la catégorie des inconnus méritants, Pierre Jeanneret occupe une place de choix.

Il n’est pas inconnu des spécialistes et des experts, mais totalement du grand public.

Christian Barani s’attache dans son film à nous en suggérer un portrait, histoire, peut-être, d’inverser la position des points de suspension du titre.

Ces points de suspension originels effacent les noms célèbres qui précèdent habituellement celui de Pierre Jeanneret. On les citera quand même, pour une contextualisation minimale, dans l’ordre :  Le Corbusier, Charlotte Perriand, et selon les projets, on parlera aussi de Jean Prouvé, de Yannis Xenakis… 

Donc, Pierre Jeanneret fut l’architecte principal de la construction de la ville de Chandigarh, capitale du Punjab, nouvel état issu de l’indépendance de l’Inde.

Le Corbusier est son cousin plus âgé d’une dizaine d’années. Ils travaillent ensemble depuis l’avènement du modernisme : à l’aîné la lumière, au petit cousin, la discrétion.

Auteur d’une ville, avec ficelles

On apprendra donc que le discret était aussi acharné à sa tâche, et qu’elle fut immense :  Construire une ville moderne, sans l’imposer par la force à ses futurs habitants, et sans industrie, sans matériau moderne, sans rien que des convictions, pour une population enthousiaste, avec des bouts de ficelle.
On voit beaucoup de bouts de ficelle dans le film, et beaucoup de ces gens qui habitent là maintenant, en portraits souvent vibrants, et eux toujours simplement heureux, reconnaissants. 

On verra aussi les œuvres de Pierre Jeanneret, même s’il refusait de les signer : aussi bien les espaces publics, bibliothèque, complexe sportif, université, que les espaces privés : longues rangées de logements de brique rouge rythmés par des accès immaculés, maisons individuelles émergeant de jardins aussi sobres de composition que luxuriants de végétation.

On apprendra aussi de la mélopée du commentaire d’Emmanuel  Adely que Jeanneret fut un amoureux aussi digne que malheureux, et nous sera suggérée la corrélation probable entre son inflexible fidélité à son œuvre et la tristesse infinie de cet amour unique et inaccompli.

En revanche, on ne verra rien de l’œuvre du cousin, ainsi nommé quasiment toute la durée du film. Si on veut la voir, il faut y aller. 

MAURICE PADOVANI

Le film …et Pierre Jeanneret de Christian Barani, produit par Image de ville devrait sortir en salles l’an prochain

Terrible voyage en absurdie

0

Le festival nouv.o.monde ouvrait une nouvelle plage horaire cette année, le samedi matin afin de recevoir « un coup de poing ou un coup de cœur » expliquait Sylvia Vaudano, sa directrice. Sélectionné par Un certain regard à  Cannes en 2023, Chroniques de Téhéran est indéniablement un coup de poing. Il présente la forme d’un « film à sketches », brossant au cours de neuf portraits un panorama de la vie quotidienne dans la caitale iranienne, depuis la naissance jusqu’à la mort : déclaration ubuesque d’une naissance, le prénom David étant refusé car non-iranien et trop occidental ; convocation d’une jeune fille surprise en compagnie d’un garçon  par la directrice de son école ; habillage d’une petite fille qui se voit affublée d’un véritable carcan alors qu’elle aime danser devant le miroir ; entretiens d’embauche qui virent au chantage sexuel pour l’une et à l’interrogatoire religieux pour l’autre ; refus de son scénario à un réalisateur qui se voit dans l’obligation d’en déchirer la plus grande partie… Chaque saynète est filmée en plan fixe, caméra dardée sur un personnage, laissant celui qui incarne l’autorité en hors-champ, sans chair et sans visage, procédé deshumanisant qu’emploient tous les big brothers adeptes de verre sans tain et d’écarns qui espionnent.

Résister, jusqu’à la peau

La construction menée avec brio répond, roublarde et impertinente, à la nécessité de contourner la censure féroce instaurée par l’État islamique : les acteurs et actrices ignoraient tout des autres, chacun pensant tourner un court-métrage ! C’est cette présentation qui a permis en sept jours le tournage de l’œuvre entière. Mais depuis qu’elle a été projetée au festival de Cannes, ses réalisateurs sont en danger : la cinéaste iranienne Mehrnoosh Sahranavard, invitée pour évoquer le film à l’issue de la projection, informe qu’Ali Asgari s’est vu retirer son passeport dès son retour en Iran. Il est prisonnier dans son appartement, tandis qu’Alireza Khatami vit pour sa part au Canada. 

La fin, sur la mort d’un vieillard assis devant un bureau inondé de dossiers, s’orchestre en un tremblement de terre qui rappelle la sourate 99 Al Zalzala (La secousse) réclamée par le préposé à l’embauche au demandeur d’emploi. Secousse qui est celle du jugement dernier… La poésie tatouée sur le corps de l’un des protagonistes devient le dernier lieu de résistance, comme les artistes iraniens qui refusent de se taire, réalisateurs de Téhéran, ou Prix Nobel  de la Paix.

MARYVONNE COLOMBANI

Chroniques de Téhéran a été projeté le 14 octobre en avant première dans le cadre  du festival Nouv.o.monde de Rousset 
Sortie prévue en salles en mai 2024

À La Ciotat, un Cri du cœur

0
Le Cri du court - En piste d'Émilie de Monsabert © DR

L’associationÇa arrive près de chez vous propose pour la deuxième année son festival Le Cri du Court. L’occasion de découvrir le « meilleur » du court métrage, dont de nombreux films primés dans les festivals internationaux. Un cri poussé dans le plus vieux cinéma du monde, l’Éden Théâtre de La Ciotat où 34 films en compétition sont soumis à un jury qui attribuera les Couronnes d’Or, d’Argent et de Bronze.

Courts-métrages, long programme

Parmi les courts, Grand Prix de Clermont Ferrand, Will My Parents Come To See Me ? de Mo Harawe, où, en Somalie, on suit une policière accompagnant un prisonnier qui va être exécuté. Prix du public au festival Music & Cinéma de Marseille, En piste ! d’Émilie de Monsabert : une journée qui devait sortir de l’ordinaire pour Pauline, témoin de mariage, mais… On pourra voir aussi l’Ours d’or de la 73e Berlinale, Les Chenilles de Michelle Keserwany et Noel Keserwany, un film qui fait la part belle aux femmes ainsi que Astel de la Franco-Sénégalaise Ramata-Toulaye Sy, Grand prix au Off du Festival du film d’Odense (2022), le plus ancien festival de cinéma au Danemark…

Une carte blanche intitulée « Les Courts des grands » est donnée à l’association Art et essai Lumière :Cinq courts-métrages de grands cinéastes, Johanna Hogg, Pablo Almodovar, Sofia Coppola, Joachim Trier et Youssef Chebbi sont projetés le samedi 21. Le lendemain, c’est le Festival International de Clermont Ferrand qui proposera sa carte blanche, « A Court de rôle » où l’on pourra voir entre autres Kacey Mottet Klein, naissance d’un acteur d’Ursula Meier.

L’actrice et réalisatrice invitée, Bérangère Mc Neese présentera, vendredi 20, trois de ses courts : Le Sommeil des Amazones, Les Corps purs et Matriochkas, Magritte du meilleur court métrage de fiction 2020, où l’on suit Anna, 16 ans, vivant avec Rebecca, sa jeune mère, au rythme des conquêtes de celle-ci. Outre les projections, le rendez-vous propose également tous les soirs un apéritif musical dans la cour de l’Éden.

ANNIE GAVA

Le Cri du Court
Du 19 au 22 octobre
Éden Théâtre, La Ciotat
lecriducourt.com

Automne en librairies : Rivages de la littérature de demain

0
Joséphine Tassy à la librairie Mon Chat Pitre © S.C

Comme chaque année, le festival programmé par l’Association Libraires du Sud a permis à un public nombreux, divers et enthousiaste de rencontrer des œuvres et surtout des auteurs et autrices issus de différents horizons.

Un premier roman plein de promesses

À commencer par une primo-romancière peu commune : Joséphine Tassy, parisienne d’origine marseillaise et martiniquaise à peine âgée de 26 ans, venue lire parmi les huit félidés de la librairie aixoise bien nommée Mon Chat pitre un extrait de L’Indésir. Le temps d’échanges avec un lectorat curieux, elle évoque ce récit étrangement lumineux émis à la première personne par Nuria, jeune femme apprenant à faire le deuil d’une mère qu’elle n’a que peu connu. Récit entièrement fictif, témoignera la mère de Joséphine, venue applaudir cette jeune fille aujourd’hui chercheuse en économie du développement. Deux jours plus tard, d’autres extraits sont lus par le comédien Raphaël France-Kullmann à la librairie istréenne L’Arbre Monde, avant que ne soit projeté au Coluche Paterson, ode de Jim Jarmusch au pouvoir de la poésie. Le style de Joséphine Tassy puise lui aussi autant dans le langage poétique que dans l’oralité, et alterne dialogues, descriptions, vers et prose sans discontinuer. Autant dire qu’on risque d’entendre vite reparler de récit composite, déjà volontiers qualifié de générationnel par la critique, et de son enjouée autrice.

Célébrer la jeunesse

Autre temps fort du festival, la rencontre croisée entre les autrices Laurine Roux et Camille Monceau. Organisé à la librairie marseillaise Vauban puis aux Parleuses niçoise, ce double entretien permit à un public familial de réexaminer les enjeux de la littérature jeunesse, tout en constatant l’étendue considérable de ses possibles aujourd’hui. 

Autrice déjà acclamée en littérature générale, Laurine Roux signe avec Le Souffle du Puma son premier roman destiné aux adolescents, commandé par l’Ecole des Loisirs. Basé sur des faits réels, Le Souffle du Puma narre la découverte de momies d’enfants vieilles d’un demi-millénaire en Argentine. Trop déprimant ? Selon l’autrice, ce qui différencie foncièrement la littérature générale de la littérature jeunesse ne réside pas dans le choix du sujet, mais bien dans la nécessité de « maintenir l’attention, et donc la tension ». L’autrice, également enseignante, pense toujours à ses élèves avant de leur ménager une digression ou un recentrage du récit. 

Camille Monceaux s’est quant à elle toujours inscrite dans les marges, de la littérature jeunesse comme de la fantasy. Si  Laurine Roux évoque un « aller simple sur les lieux du crime », Camille Monceaux confronter son souvenir ou son fantasme dupays et de l’époque de son livre : elle a consacré les trois – et bientôt quatre – tomes de ses Chroniques de l’érable et du cerisier au Japon du XVIIe siècle. Le temps de nombreux voyages, elle a documenté, et même « sur-documenté » son récit. « Mon conjoint, spécialiste des cultures japonaises, et mon éditrice m’ont souvent fait remarquer que telle parenthèse sur une tradition culinaire ou une technique précise de peinture ne feraient plaisir qu’à moi … » Elle conclut, avec cette gourmandise qui aura caractérisé tout l’échange : « Mais quand je commence, j’ai du mal à m’arrêter ! » 

SUZANNE CANESSA

Automne en librairies, organisé par Libraires du Sud, s’est déroulé dans toute la Région Sud du 11 au 14 octobre

Brahms, le coeur battant

0
© X-DR

Elitistes l’opéra, la musique classique, orchestrale, chorale ? Dans les faits ils le restent trop souvent, comme si cette musique ne s’écoutait pas sans le préalable d’une éducation bourgeoise. C’est clairement ce préjugé  que l’OONM s’applique à démonter, en particulier avec les sessions immersives proposées au lendemain des concerts symphoniques ou lyriques.  Le 14 octobre l’orchestre reprenait donc la 4e Symphonie de Brahms donnée la veille au Corum, remplaçant le mouvement lent, le deuxième, par le Chant du destin où le chœur national  rejoignait les instrumentistes sur scène. Et le public.

Corps à cors

Car c’est tous ensemble, assis en cercle autour de la cheffe Yi-Chen Li, que les spectateurs deviennent des auditeurs vibrants. S’asseoir à côté d’une contrebasse, regarder comment le percussionniste aiguise ses triangles et ses mailloches, plonger au cœur des pupitres de violonistes ou du souffle des vents et des cuivres, cela change la perception, cela parle aux corps qui reçoivent une vague physique d’émotions. Les enfants, nombreux, petits,  s’étonnent, et un lien se tisse entre les spectateurs et les musiciens. D’individu à individu, mais aussi, collectivement, avec cet instrument étrange qu’est un orchestre, polyphonique mais parlant aussi d’une même voix.

Ecoute augmentée

Les deux médiateurs vers cette expérience commune sont la cheffe, qui règle les volumes, donne les départs, sourit aussi lorsque des petits miracles surgissent… et rattrape très efficacement les légers décalages dus à l’inhabituelle, et peu pratique, disposition en cercle. L’autre médiateur, c’est  Tristan Labouret, qui en parfait musicologue pédagogue fait entendre les différents pupitres, les couches orchestrales qui se complètent, quelques petits repères pour guider l’écoute, ensuite, de chacun des mouvements de la 4e Symphonie. Dont la passion éclate comme jamais, avec ses volumes nuancés, son âme romantique et sa forme classique, ses cors lyriques et ses cordes puissantes. 

 AGNES FRESCHEL

Au cœur de l'orchestre, sessions immersives de l'Orchestre National de Montpellier soir la direction de la cheffe YI-Chen Li se sont jouées le 14 octobre au Corum, Montpellier 
À venir
Le 27 octobre, Philippe Jaroussky  dirige pour la première fois l’OONM pour un programme consacré à Mozart, enfant prodige. Des oeuvres de jeunesse, écrites lors de son voyage en Italie, alors qu’il avait entre 14 et 16 ans.
opera-orchestre-montpellier.fr

CINEMED : Films de Méditerranée 

0
Eté 93 de Carla Simon © Pyramide distribution

À l’honneur du Festival Cinéma Méditerranéen Montpellier, comme le suggère l’affiche dont la photo est empruntée à Eté 93 de Carla Simón, la nouvelle vague catalane : six films et une rencontre avec les réalisatrices Carla Simón (Nos Soleils) Clara Roquet (Libertad) Neus Ballus (La Plaga) Elena Martín Gimeno, des productrices María Zamora, Valérie Delpierre, de la directrice de la photo Gris Jordana et de la monteuse Ariadna Ribas.

Et ça commence !

Grande nouveauté : c’est un film d’animation qui sera présenté en ouverture le 20 octobre à l’Opéra Berlioz, They Shot the Piano Player, en présence de Fernando Trueba et Javier Mariscal : une enquête sur la disparition inexpliquée du pianiste brésilien Francisco Tenório.Jr, une ode au Brésil et à ses musiques, un film contre les dictatures. Puis, tout au long de la semaine, le public n’aura que l’embarras du choix : entre hommages, rétrospectives, cinéastes invité.es, tables rondes, rencontres, longs et courts métrages, fictions et documentaires en compétition ou en panorama. 

Une rétrospective

Splendor dEttore Scola

Une grande rétrospective sera consacrée à Ettore Scola, un des maitres de la comédie italienne. 24 films. Si tout le monde connait Nous nous sommes tant aimés, Une Journée particulière, Affreux, sales et méchants, on pourra découvrir des films moins connus comme Splendor (1989) avec Mastroianni sur la fermeture d’un petit cinéma de province ou Nos héros réussirontils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? avec Alberto Sordi, Bernard Blier. Une table ronde lui sera consacrée ainsi qu’une exposition au Corum 

Des avant-premières

On pourra découvrir, près d’une vingtaine de films accompagnés par les cinéastes, comme Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré  qui nous rappelle qu’on peut s’aimer au-delà des modèles imposés par la société ou La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung qui va représenter la France aux Oscars. Ou encore Orlando, ma biographie politique de  Paul B. Preciado, un témoignage créatif de toutes les possibilités d’être au monde. La nouvelle femme de Léa Todorov, raconte la rencontre d’une célèbre courtisane parisienne et de Maria Montessori. Des documentaires aussi : celui de Pierre-Henri Gibert, Viva Varda qui évoque le destin vraiment exceptionnel de cette cinéaste ou encore Madame Hofmann  de Sébastien Lifshitz,  qui nous fait connaitre Sylvie, cadre infirmière depuis 40 ans à l’hôpital Nord de Marseille.

Des compétitions

Mais sans ses compétitions de longs, de courts, de documentaires, de films en région soumis à des jurys, dont celui de l’Antigone d’Or présidé par Pascal Elbé, CINEMED ne serait pas CINEMED ! Neuf films venus de Bosnie-Herzégovine,  Espagne, France, Kosovo, Israël, Italie, Maroc/Tunisie, Turquie sont en lice. Excursion d’Una Gunjak, un film sur l’adolescence ; Creatura d’Elena Martín Gimeno qui était à la Quinzaine des cinéastes à Cannes ; Six pieds sur terre le premier long métrage de  Karim Bensalah. Notre monde de Luàna Bajrami raconte l’histoire de deux cousines qui, se sentant coincées dans leur village au Kosovo, décident de voler un tas de ferraille, puis de se rendre à Pristina pour s’inscrire à l’université. Présentés au festival de Locarno, Le Déserteur de Dani Rosenberg qui nous fait partager 24 heures d’un jeune déserteur israélien et La belle Estate de l’Italienne Laura Lucchetti. Autre film italien, Anna de Marco Amenta nous emmène en Sardaigne où une femme lutte contre un pouvoir plus fort qu’elle. Il y aura aussi le nouveau long métrage tuniso-marocain, Backstage d’Afef Ben Mahmoud et Khalil Benkirane ainsi que un thriller d’ Özcan Alper,  Nuit noire en Anatolie

La Belle Estate de Laura Lucchetti

Pour ceux qui veulent passer une nuit blanche et aiment frissonner, le 27 octobre, La Nuit en enfer avec cinq films dont Inferno de Dario Argento.

Et pour finir en beauté, samedi 28 octobre, après la cérémonie de palmarès, le dernier film de François Truffaut, Vivement dimanche en copie restaurée.

Comme chaque année, à CINEMED, chacun pourra trouver son bonheur parmi tous ces films et rencontrer tous ceux qui les font. Et La fête continue ! (comme le titre du dernier Guédiguian, présenté en avant-première)

ANNIE GAVA

Un hommage

Trente ans que le cinéaste libanais Maroun Bagdadi est mort accidentellement à 43 ans. On pourra voir plusieurs de ses films dont le documentaire Beyrouth ô Beyrouth (1975) ainsi que les fictions  Hors la vie (1990) et La Fille de l’air que présentera Hippolyte Girardot.
Des invité.e.s

Yolande Zauberman,  initiée au cinéma auprès d’Amos Gitaï. signe en 1987 un premier documentaire, sur l’apartheid en Afrique du Sud, Classified People, présenté en copie restaurée. On pourra voir aussi Would You Have Sex With An Arab? qui avait été sélectionné à la Mostra de Venise ainsi que sa première fiction, Moi Ivan, toi Abraham en présence de la cinéaste bien sûr  sans oublier une rencontre publique le 22 octobre à 17h.

Mohammad et Saleh Bakri, père et fils, dignes représentants du cinéma et du théâtre palestiniens seront présents en compagnie de Costa Gavras. Ainsi on pourra voir Hanna K. de Costa Gavras où Mohammad incarne Sélim Bakri, un réfugié palestinien. Son fils, Saleh révélé en 2007 par La Visite de la fanfare d’Eran Kolirin, joue avec son père dans le film d’Annemarie Jacir, Wajib, tourné à Nazareth, qui permet de voir la société palestinienne à travers un regard à la fois intérieur et extérieur. Regards  croisés.
CINEMED
Montpellier
20 au 28 octobre
cinemed.tm.fr

Comment devient-on écrivain ?

0

Le texte de l’écrivain belge d’Antoine Wauters se lit comme une bio-graphie, au sens littéral, en ce que l’auteur associe à son existence les vices et vertus des mots, leur rôle vital pour un enfant qui se sent fondamentalement étranger au monde et à lui-même. Dans Le plus court chemin, la prose entremêle événements, grandes pliures d’une vie d’enfant, et saisie éprouvante par les mots, dans la campagne wallonne et ses figures familiales, toujours brossées avec tendresse.

L’auteur cherche, de pages en pages, à capter la racine de son destin d’écrivain et à y rapporter l’ambivalence de l’acte d’écriture : « L’écriture m’a beaucoup donné et elle m’a beaucoup pris. Ce qu’elle m’a donné de meilleur ? Une voie parallèle. Ce qu’elle m’a pris de plus précieux ? La voie principale, celle qui menait aux autres. » De fait, l’état qui précède l’entrée en écriture est un paradis perdu, la source du souffle et de l’inspiration, d’où naissent des mots plus vrais que nature. 

L’écriture ou le musée du plus grand que soi

L’une des clés récurrentes avancées par l’auteur est la conscience vive de ne pas être « un », définitif et saisissable, mais « plusieurs », à la faveur des diverses bifurcations de l’expérience.

Une nostalgie constante attache à la succession des décennies (de 1980 à 1990 surtout) une critique des nouveaux fétiches sociaux : high-tech, grosses voitures, consommation, anonymat, etc., à rebours du monde de l’enfance, authentique, que l’écrivain essaye de retenir par les mots.

Sur le plan formel, des paragraphes sont couchés sur des pages aérées, aux grandes marges, exprimant le silence de l’écriture. À la manière d’un journal intime, d’un carnet de bord, le propos retrace le travail du souvenir, celui de la trace écrite sur le papier, à même de pallier l’épreuve de la dissociation identitaire. Ces courtes séquences, autant d’historiettes, saisissent l’être essentiel de l’auteur, réglé étroitement sur le flux de l’écriture : « Le lieu de l’écriture est ce qui m’est le plus propre. Il arbitre tout ce que je suis, c’est-à-dire aussi tout ce que je ne suis pas et tout ce que je voudrais être. C’est le musée du plus grand que soi. » 

FLORENCE LETHURGEZ

Le plus court chemin, d’Antoine Wauters
Éditions Verdier (Collection jaune) - 19,50 €

Pour que vive Claude McKay

0
Kay, lettres à un poète disparu © R.Arnaud

Près d’un siècle après le séjour de Claude McKay dans la cité phocéenne, Marseille continue de célébrer cet auteur touche-à-tout. De son passage à Marseille de 1924 et 1928, entre ses séjours successifs à Harlem, Londres, Moscou, Berlin ou Tanger, Claude McKay avait tiré un récit récemment republié aux Éditions Héliotropismes : Romance in Marseille, écrit en 1933 à Tanger, se déployait dans le quartier de la Fosse. 

« Ce fut un soulagement que d’aller vivre à Marseille parmi des gens à la peau noire ou brune, qui venaient des États-Unis, des Antilles, d’Afrique du Nord et d’Afrique occidentale, et se trouvaient tous rassemblés pour former un groupe chaleureux», écrivait-il au sujet de ce séjour marseillais aujourd’hui immortalisé par un passage jouxtant le Vieux Port. 

Création plurielle

Le poète, musicien et conteur Lamine Diagne s’est déjà adonné à des lectures de Claude McKay lors de la republication de cet opus rare et précieux. Il s’est depuis attelé à la conception d’un spectacle musical intitulé « Kay ! Lettres à un poète disparu ».

Proposée par Les Voies du Chant, cette création s’articule autour de textes de Claude McKay et de Lamine Diagne lui-même, également à l’écriture de la partition musicale. Sur scène, la création visuelle de Matthieu Verdeil, soutenue par la scénographie et l’installation vidéo d’Eric Massua, accueillera ce récit pensé comme une adresse à cet auteur encore méconnu. La contrebasse de Christophe Lincontang, les claviers de Ben Rando, la batterie de Jérémi Martinez et la guitare de Wim Welker s’érigeront comme autant de voix auteur de cette poésie singulière. À ne manquer sous aucun prétexte !

SUZANNE CANESSA

Kay, Lettres à un poète disparu
dans le cadre du festival De Vives Voix 
Le 21 octobre 
Cité de la Musique, Marseille 
festivaldevivesvoix.fr

L’Après M : Get up, stand up

0

Le McDonald’s de Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord de Marseille, a été réquisitionné par ses salariés au printemps 2020. S’en est suivi un long conflit avec la multinationale, une intense mobilisation populaire, avec une multitude d’énergies fédérées autour de Kamel Guemari, ancien sous-directeur du restaurant. Son désir : en faire un projet de développement du territoire par et pour les habitants, avec la solidarité pour mot d’ordre. Durant la crise sanitaire, les lieux ont servi de plaque tournante pour un réseau de distribution alimentaire impressionnant, évitant la famine à d’innombrables bénéficiaires. Depuis, L’Après M, racheté par la Ville de Marseille pour permettre  la pérennité du projet,  s’est mué en un « fast social food », avec l’ambition de former et employer ceux qui peinent à trouver du travail, dans un contexte post-pandémie où la précarité explose.

Du burger au gratin

Le proje a mûri. Pour asseoir financièrement l’entreprise, sous forme de SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif), l’équipe n’a jamais hésité à faire appel à de grands noms : L’Ovni, burger gastronomique conçu par le chef étoilé Gérald Passedat, figure au menu, et la crème du hip-hop marseillais y empoigne régulièrement le micro. 

L’ancien temple de la malbouffe fricote aussi avec le gratin culturel de la région ! Mi-octobre, dans le cadre du temps fort Un musée dans la ville, L’Après M « faisait son show » au Mucem : le musée proposait de déguster les fameux Ovnis, en écoutant DJ la Mèche et Bouga, les bénéfices lui étant reversés. 

Le Théâtre Gymnase-Bernardines initie quant à lui  un partenariat autour du stand up. Des dîners-spectacles se tiendront régulièrement dans l’ancien McDo, en entrée libre et sans réservation, pour assister à ces formats comiques très en vogue qui prennent l’auditoire à témoin.

Le 20 octobre, c’est un pro de l’impro, Malik Fares, qui donnera le coup d’envoi. Autour de lui, les humoristes marseillais Moustazon, Clément Dufour, Slimane Kaisa, Alisson et Lila So alterneront les vannes. En parallèle, le partenariat implique une série d’ateliers qui initieront un groupe de personnes à l’écriture et la pratique du stand up.

Coopérer, développer

Nul doute que les habitants du quartier ou les spectateurs venus d’ailleurs se presseront à L’Après M, qui compte sur ces soirées et sur une programmation événementielle de plus en plus dense pour s’assurer une trésorerie et pérenniser les emplois créés depuis sa renaissance sous forme coopérative. Car tout autour, continue de se développer le projet dit « V.I.E », pour Village des Initiatives d’Entraide : un groupement de collectifs en tous genres visant à soulager les plus précaires.

GAËLLE CLOAREC

L'Après M Comedy Club
20 octobre
L'Après M, Marseille
04 91 24 35 24
lestheatres.net