mercredi 2 octobre 2024
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Since Charles se succède à lui-même

Après un premier EP maîtrisé, l’artiste marseillais poursuit son travail autour de l’électro-pop dans Portamento

Il y a deux ans, Since Charles sortait Sans raison. Un premier EP abouti, où la musique de l’artiste marseillais semblait déjà avoir trouvé sa voie, passant par la pop et l’électro, à cheval entre un Étienne Daho et Paradis. Il est de retour avec Portamento, un six-titres dans la lignée de son précédent opus, avec un engagement électro plus prononcé et une qualité de production supérieure. Une nouvelle page écrite avec une encre plus noire et plus profonde, quitte à faire quelques taches, toujours bienvenues. 

Le portamento est un terme italien désignant un glissement d’une note à l’autre, exécuté par un instrument non fretté : la voix, le violon, le trombone… Mais de quel glissement nous parle Since Charles ? Celui par lequel la vie semble couler sous ses notes ? Celui d’une forme de pop gentille vers une électro plus tranchée ? À l’écoute, le titre éponyme nous donne quelques éléments de réponse. D’abord avec la caisse claire martiale qui ouvre le morceau, rapidement rejointe par un clavier grave et saturé, et de lancer ensemble un titre très justement monochromique. Une locomotive qui ne tirera sur les freins que le temps de passer un pont, avant de reprendre sa route vers des sommets d’orchestrations électriques. 

Since-rité

Avant cette clôture de l’EP, Charles nous a déjà emmenés dans bien des contrées. Une première fois avec Langueure, qui ouvre le disque. Sa ligne de basse, qui n’est pas sans rappeler le tube de College & Electric Youth A Real Hero, offre une nostalgie qui irrigue l’ensemble du morceau. La ligne mélodique au chant vient mettre le dernier coup de pinceau à un ensemble parfaitement harmonieux, aidée d’une guitare qui trouve toujours précisément sa place dans l’instrumentarium. Vient ensuite Des nuits de ça, certainement le morceau le plus « dansant » de l’album. On sent ici toute la maîtrise de l’artiste pour faire un titre qui « fonctionne », même si, en miroir, il apparaît peut-être comme le moins intéressant pour l’auditeur-canapé – on repassera une bière à la main. 

Pour finir, on soulignera aussi le travail de Charles autour des paroles. Car s’il a décidé d’angliciser son nom, passant de Sinz à Since, comme un hommage à la musique anglo-saxonne qu’il a toujours écoutée, c’est bien en français qu’il a choisi de s’exprimer. Une option qui témoigne d’un certain courage et d’un besoin de sincérité qui irradie l’ensemble du disque.

NICOLAS SANTUCCI

Portamento, de Since Charles
Grand Bonheur – In/Ex

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