mercredi 2 octobre 2024
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Fred Nevché : le printemps est arrivé 

Avec une qualité d’écriture remarquable, le musicien marseillais nous invite dans une soirée fantasmée à la Villa Valmer, entre impressionnisme électro et mélodies accrocheuses

Il nous avait accompagné au printemps 2021 avec son excellent concept-album sur la vie de Lou Reed, au côté de French 79. Il est de retour, deux ans plus tard, cette fois non pas adossé à un monument de la musique, mais à une bâtisse bien connue des Marseillais. Dans Villa Valmer, Fred Nevché nous réinjecte une pop-électro douce et dansante, ponctuée de réflexions acides, et baignée d’un soleil enivrant. Quatre chansons en français, parfois livrées en spoken word (les paroles sont clamées plutôt que chantées), une technique qu’il utilise depuis ses débuts, toujours avec classe et subtilité. 

Poétique et politique 
Avec Villa Valmer, Fred Nevché nous embarque le temps d’une soirée dans cette villa du XIXe siècle, qui domine fièrement la Corniche. Un lieu qui est aussi à l’origine de nombreuses tensions, entre ancienne et nouvelle majorités municipales, et projets immobiliers privés. Pendant un temps, il était même question d’y faire une guinguette, où musiques et cocktails trinqueraient les soirées d’été. Vous en rêviez ? Fred Nevché l’a fait. 

Le disque s’ouvre avec son titre éponyme, et des paroles bien cisaillées. « J’ai le cœur paradis fiscal, l’âme qui flotte à découvert, mes poumons ne sont qu’une escale, qui mène à toi, Villa Valmer ». Dans une instrumentale mêlant la guitare chère à l’auteur, les percussions et des onduleux habillages électro, il déclare son amour à la villa : « Je veux te protéger des yakuzas », « au ciel je braque les cinq étoiles qui planent sur toi », en référence au projet d’hôtel de luxe qu’on lui avait promis.  

Dolce vita
Cette entrée en matière, gentille et mélodieuse, laisse place sur Dixon à un Fred Nevché cette fois plus incisif. Si la guitare est toujours présente, on sent que la fête passe un cap et le BPM augmente sensiblement. Sur la suivante, Tout est fluo, l’auteur nous expose une nouvelle fois ses qualités de mélodiste. Un morceau qui, sans ses attributs électro, ne ferait pas tâche dans un album de chanson française – on pense à Laurent Voulzy parfois. 

La soirée se termine avec Chalalas, une sucrerie pleine de malice : « Luxe, brutal, Benoît a révélé l’affaire, […] Jean-Claude en scred te braque pour R ». Avant de peindre avec acidité la « dolce vita » marseillaise : « autour de moi c’est chalalas, jeunesse dorée […] vieux beaux et milfs, queen of the beach. » On sort de cet album avec une image impressionniste finement gravée dans notre esprit, une escapade festive et politique évoquée par touches, en quatre morceaux solaires et accomplis. 

NICOLAS SANTUCCI

Villa Valmer, de Fred Nevché
IN/EX - Alter-K distribution
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