mercredi 2 octobre 2024
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Durance Luberon : Macbeth sauvé des eaux. Pas Nabucco

Le festival Durance Luberon n’a pas été épargné par la pluie cette année. Après la soirée Chopin déjà fort perturbée, la soirée Viva Verdi n’a pas pu aller à son terme

On le sait, il a plu, parfois tragiquement ces derniers jours. Et les festivals n’ont pas été épargnés. Dans la cour si prisée du château de Mirabeau (ouverte quasi exclusivement pour le festival Durance Luberon), le public se presse, amateur de voix lyriques et habitué à celles qui allaient le charmer. Celle de la soprano Cécile Perrin qui fut élève de Régine Crespin et arpente les scènes nationales et internationales et celle du baryton Florent Leroux-Roche qui collectionne les prix et revient régulièrement au Festival Durance Luberon

Pour les accompagner, le pianiste Vladik Polionov quitte son rôle de grand soliste et suit finement les respirations des chanteurs, soulignant les traits, dessinant les atmosphères, le tout avec une intelligente élégance. Bref, un cadre idyllique, des interprètes de choix, un programme qui nous conduit de l’opéra Macbeth à d’autres extraits verdiens, air de Léonora (La Force du Destin), air de Renato (Un bal masqué), du prélude du troisième acte de La Traviata au duo émouvant entre Nabucco et Abigaïlle, Donna, chi sei

Rideau

Un océan de parapluies tapisse la cour du château. Chacun bien décidé à servir d’abri dans la grande tradition brassenssienne, le paradis en coin et la bonne humeur de potaches. En attendant que « cela se calme », Florent Leroux-Roche entonne un air, Vladik Polionov esquisse les premières mesures d’une pièce de Rachmaninov malgré le tonnerre, et le spectacle débute sous l’averse. Les musiciens bravent vaillamment les éléments et pour ceux qui écoutent, le duo entre Macbeth et sa terrible épouse Mi si affaccia un pugnal, l’air de Lady Macbeth Perche mi sfuggi… La luce langue à laquelle répond l’air de Macbeth Pietà, rispetto, amore, trouvent une concordance troublante entre les éléments déchaînés et le propos dramatique.

Les voix, superbes, malgré l’humidité (l’un des ennemis des chanteurs) savent se glisser avec justesse et expressivité dans les grands rôles qui leur sont offerts. Animé par la passion de son personnage, le baryton semble, tendant la main vers les cieux, cueillir les éclairs. Le sublime duo Vi trovo alfin trouve surtout des sièges emplis d’eau qui se vident de leurs occupants. Les parapluies craignant de se transformer en paratonnerres fuient allègrement, se moquant bien des références poétiques à Brassens. L’entracte scelle la fin prématurée du spectacle. Débandade à l’italienne, après tout, de Verdi à Fellini, la géographie reste la même. On ne peut que saluer les efforts titanesques des artistes pour offrir malgré tout un concert de qualité.

MARYVONNE COLOMBANI

Le spectacle Viva Verdi a été – presque – donné dans la cour du château de Mirabeau, le 18 août, dans le cadre du festival Durance Luberon.

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