lundi 10 novembre 2025
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Fernando Léon de Aranoa

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Et c’est le parrain du Festival Fernando Léon de Aranoa, auquel l’adjoint à la Culture de la Mairie de Marseille, Jean-Marc Coppola, a remis la médaille de la Ville, qui initiait ces rencontres. Avec un inédit – en compétition documentaire : Sintiéndolo Mucho.

Cinéma social

Hors des sentiers battus, comme à l’habitude de ce réalisateur multiprimé, qui  écrit et réalise ses films pour rendre compte du monde, « pour régler des comptes », et pour mettre, en quelque sorte la marge au milieu. Donner visibilité à ceux dont on ne parle pas, aux gens de peu, aux déclassés, « par admiration » « pour transmettre la dignité de la personne », comme l’écrivait Steinbeck, dans son discours de néo nobélisé en 62.

Cinéma social dans le sillage de la comédie italienne des années 70 plus que dans celui de Ken Loach ou des Dardenne. Barrio, Princesas, Amador, Loving Pablo, El buen patrón , Les Lundis au soleil  et A Perfect Day (ces deux derniers programmés dans la mini-rétrospective consacrée au cinéaste) : il y a sans contexte un « ton » dans cette œuvre. Un cocktail d’indignation, de causticité, de bienveillance, de curiosité et surtout d’humour. L’humour, devenant à la fois un outil pour distancer son sujet et s’en approcher.

Portrait d’artiste

Sintiéndolo Mucho ne traite pas d’un déclassé puisque le réalisateur y fait le portrait d’un des auteurs-compositeurs poètes les plus connus en Espagne : Joaqím Sabina. Mais le poète et le réalisateur ne sont  pas amis pour rien : ils partagent un esprit rebelle, le goût de l’écriture, du beau, et de l’autodérision. C’est un film qui ressemble à Joaqím et à Fernando.

Ce dernier, qui dans sa Master Class du 11 novembre aux Variétés,  disait jalouser les arts qui ne nécessitent pas un temps de création aussi long que le cinéma, a tourné ce documentaire sur 13 ans! créant ses propres archives, faisant côtoyer le Joaqím plus jeune, à la voix moins éraillée et le septuagénaire  qui chantera à la dernière image : « Pour faire le point sur ma vie et finir cette chanson/Et au lieu de verser du sel et du vinaigre dans les blessures/ je mordrai à nouveau la balle… »  Un sacré bonhomme que Fernando accompagne dans ses tournées, en coulisses, en studio, chez lui, à Ubeda, son village natal, dans la rue assailli par ses fans, en voiture, à la corrida et jusqu’à l’ambulance qui l’emmène à l’hôpital après sa chute à Madrid pendant un concert. Il filme le trac, le moment où le chanteur met son chapeau melon – en hommage au cinéma muet et entre sur scène et dans son rôle. Il montre le travail pour chercher la bonne rime, le bon son. Et fait entendre les rires sonores ponctuant ses punchlines. Le réalisateur est tiré du hors champ par son ami et l’interview devient conversation intime. Le film donne voix  à Salina. Rocailleuse, enrouée, puissante et lézardée, elle prend toute la place. Ce sont les textes de ses poèmes qui parlent le mieux de lui.  

ELISE PADOVANI

photo @elisepadovani

À Salon, on fête le cinéma « familial »

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Les rois de la piste © Apollo films

L’édito du Festival d’Automne le rappelle, le cinéma est souvent une affaire de famille. Les Frères Lumières bien sûr, les frères Dardenne plus tard, la dynastie Brasseur, ou celle des Fonda. La famille est aussi un thème récurrent du septième art, et reflète, au cours de son histoire, les évolutions de la famille « nucléaire » ou de sa représentation sur les toiles… Ainsi, du 14 au 19 novembre, l’association Ciné Salon 13 entend revisiter certains chefs-d’œuvre du cinéma autour de ce thème, et propose plusieurs avant-premières hexagonales.  

En piste

Six longs-métrages sont à découvrir en avant-première le temps du festival. D’abord avec Le Voyage en pyjama de Pascal Thomas le 14 novembre. Une comédie où l’on suit les aventures d’un professeur de lettres passionné de météo, interprété par Alexandre Lafaurie, qui se retrouve « enfermé » dehors en pyjama, et se laisse guider dans une déambulation joyeuse au gré des rencontres. Quelques jours plus tard c’est un film attendu que le festival va permettre aux cinéphiles de découvrir. Celui porté par Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz et Nicolas Duvauchelle, Les Rois de la Piste, où une famille de « bras cassés » se lance dans un cambriolage dont le butin dépasse de loin leurs attentes. 

Ciné-club

Le Festival d’Automne propose également de re-découvrir des films marquants de l’histoire du cinéma. Il projette notamment La huitième femme de Barbe-Bleue d’Ernst Lubitsch avec Claudette Colbert et Gary Cooper, le 16 novembre, présenté par Charlotte Garson, co-directrice en chef des Cahiers du Cinéma. On attend aussi La Famille, du maître italien Ettore Scola, où l’on suit l’histoire d’une famille qui traverse l’histoire mouvementée du XXe siècle. Le rendez-vous propose également un focus sur le sport, avec notamment le très réussi La Beauté du geste ou encore Marinette de Virginie Verrier, qui raconte la lutte de Marinette Pichon pour devenir la grande joueuse de football que l’on connaît. 

NICOLAS SANTUCCI

Festival d’Automne 
Du 14 au 19 novembre
Cineplanet, Salon-de-Provence
cinesalon13.com

Au nom des Rose

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Mystery Sonatas © Anne Van Aerschot

La chorégraphe flamande est incroyablement prolixe, musicale, précieuse. Mystery sonatas, création de 2022 dédiée aux Rosa, figures de femmes résistantes – de Rosa Luxembourg à Rosa Parks en passant par Rosa Bonheur – est en tournée en France depuis mars 2023, coexistant avec la tournée de Exit Above,  plus pop, où l’affirmation de la tempête  à laquelle le monde est confronté donne lieu à l’invention d’un langage chorégraphique plus tragique, en rupture, un peu hip hop. 

Mystery Sonatas s’inscrit davantage dans la musicalité habituelle d’Anne Teresa de Keersmaeker celle qu’on a pu voir à Montpellier régulièrement : la figure de la rose, qui évoque la femme, mais aussi la géométrie, la simplicité et la nature, a donné son nom à la compagnie et Rosas  a dansé depuis 40 ans dans les opéras montpelliérains, toujours avec des musiciens sur la scène ou dans la fosse, les plus grandes pièces de la chorégraphe, depuis les boucles répétitives de Steve Reich, les narrations de Ravel et Debussy, les suites pour violoncelles de Bach, les subtilités de l’ars subtilior médiéval…  

Epines et harassement

Les Sonates du Mystère, ou Sonates du Rosaire, d’Heinrich Biber, composées en 1678, sont un sommet de la musique baroque pour violon et ensemble, souvent interprétées avec les sonates de Bach écrites 50 ans après. C’est l’ensemble Gli Incogniti, dirigé et conduit par la violoniste Amandine Beyer, qui accompagne les sept danseurs de Rosas, au long des quinze sonates – 5 joyeuses, 5 douloureuses et 5 glorieuses, plus une passacaille virtuose – qui sont un exploit pour les musiciens, puisqu’il s’agit de jouer durant plus de deux heures, sur des instruments accordés inhabituellement (scordatura). Jouant sur cette difficulté et cet épuisement, ils emmènent les danseurs à travers les mystères de Marie, de la joie de l’Annonciation, à la douleur de la Crucifixion puis à la gloire du Couronnement. 

Harassantes pour les danseurs, même si ceux-ci se succèdent davantage que la violoniste qui n’a aucun temps mort, ces deux heures prennent le temps d’un trajet puissant et féministe, où le pétale de rose qui surplombe les interprètes brille et reflète les courbes et les orbes de la danse, mais aussi les épines d’une fleur qui sait se défendre, se colorer, s’ouvrir et exhaler des parfums puissants… 

AGNÈS FRESCHEL

Mystery sonatas, / for Rosa est programmé par MontpellierDanse et l’Opéra Orchestre National de Montpellier les 14 et 15 novembre à l’Opéra Comédie, Montpellier
opera-orchestre-montpellier.fr
montpellierdanse.com

Jeux d’ombres et de lumière

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L'Ombre des choses © Christopher Buehler

« Parfois il va faire sombre, prévient la comédienne de L’Ombre des choses, mais la lumière revient toujours ». Une sage précaution, car certains jeunes spectateurs du festival En Ribambelle ! sont encore à l’âge où le noir peut alimenter des inquiétudes. Mais très vite les enfants rient aux éclats, devant l’inventivité du spectacle proposé par le collectif franco-allemand Tangram aux quatre ans et plus. C’est fou tout ce que l’on peut faire avec des lampes torches, trois panneaux blancs, une table à thé et des éclairages judicieusement placés. Un petit bonhomme sort de l’ampoule, une cuillère se transforme en poisson ou en avion, les tasses dansent au son d’un mini-piano…

Apparente simplicité

Sarah Chaudon et Clara Palau y Herrero occupent la scène, parfois seules, parfois toutes les deux, tantôt avec leur ombre, tantôt sans. Et c’est tout l’intérêt de ce travail de précision très rythmé  que de jouer avec le décalage entre les attendus du public (le comportement « classique » des ombres, discrètement attachées aux formes), et les audaces qu’elles se permettent : bouger en décalé, se détacher, s’incarner en costume noir élastique… Pour les faire grandir ou se déformer, c’est simple comme bonjour en apparence, il suffit de se mouvoir soi-même, de déplacer soit l’objet soit la source de lumière, et elles s’animent ! En vérité, même si le résultat très fluide renforce cette impression de simplicité, savourée par les plus petits, les enfants un peu plus âgés et les adultes accompagnateurs sont bluffés par la performance technique de cette dramaturgie signée Tobias Tönjes

GAËLLE CLOAREC

L’ombre des choses a été vu dans le cadre du festival des arts de la marionnette et de l’objet En Ribambelle !, le 30 octobre au Théâtre Massalia, Marseille 

Maison Blanche affiche ses lauréats

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Disappearance © Mouna Saboni

Comme chaque année depuis 2011, le festival Photo Marseille et la mairie des 9e et 10e arrondissements offrent une mise en lumière aux jeunes talents de la photographie. Pour cette nouvelle édition, le jury – composé notamment d’Emmanuelle Hascoët de la Bibliothèque nationale de France ou de Nicolas Misery, Directeur des Musées de Marseille – ont choisi d’attribuer le premier prix à Henri Kisielewski pour sa série Non Fiction. On découvre aussi dans les jardins du parc Maison Blanche comme sur les murs de la mairie les travaux des trois autres lauréats, qui nous emmènent de la Jordanie au Nord de la France, en passant par la Sardaigne mystique.  

Non Fiction © Henri Kisielewski

Le parcours, lui, ne fait pas de mystère. Dès l’entrée du parc, au bord de l’allée, se dévoilent les photos du jeune artiste franco-anglais d’Henri Kisielewski. Un travail autour de la « frontière poreuse de la réalité et de la fiction », explique-t-il. Sur les cimaises, des triplettes regardent avec nonchalance l’objectif ; un autre joue d’un rideau et d’une paire de lunettes pour se donner des airs fantomatiques ; bien endimanché et moustache recourbée, celui-ci fixe le photographe d’un œil blanc saisissant. Toutes ces photos ont été prises par l’artiste au hasard de ses déambulations et des rencontres. Mises côte à côte, une narration se crée, les photos se répondent, et forment ensemble un récit « fictif » et déconstruit, né de rencontres bien réelles. 

Noir sur blanc

Plus loin dans le parc, judicieusement installé à côté du lac asséché pour travaux, on découvre le travail de Mouna Saboni, intitulé Disappearance, autour de la raréfaction de l’eau au Proche-Orient. L’artiste a suivi le fleuve Jourdain de la frontière libanaise à la mer Rouge. Et on assiste, effaré, à ce qu’est devenue cette ancienne source inépuisable de vie : un filet d’eau pollué, que l’on peut facilement enjamber. La cruelle réalité de ce que disent les clichés n’enlève rien à la beauté du travail de l’artiste, au contraire. Les photos sont brulées de lumière, renforçant encore ce spectacle de désolation, dans une fulgurante alchimie entre eau, pierre et soleil.  

À l’intérieur de la mairie, deux autres lauréats sont exposés. D’abord Andréa Graziosi pour sa série Animas, un sublime reportage dans la Sardaigne centrale, où d’anciens cultes revêtent costumes et masques stupéfiants de noirceur et de secrets. Puis À bout de souffle, de Jean-Michel André, qui nous emmène dans le bassin du Nord de la France où des visages pleins de vie répondent à ces montagnes mortes que sont les terrils. Tous ces artistes offrent à cette exposition une richesse et une diversité remarquables, à l’image du festival Photo Marseille, qui se poursuit dans une vingtaine de lieux jusqu’au 24 décembre. 

NICOLAS SANTUCCI

Prix Maison Blanche
Jusqu’au 19 novembre
Parc Maison Blanche, Marseille
laphotographie-marseille.com

Panorama nous fait redécouvrir l’Amérique

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Winter Break est présenté en ouverture du festival © Universal Pictures

Chaque année, Scènes et Cinés construit un Panorama autour de la cinématographie d’une région du monde. Événement transversal et fédérateur des cinq salles du réseau. Après un rendez-vous dédié en 2022 aux cinémas japonais et sud-coréens, la 14e édition, qui se déroulera du 10 au 19 novembre, se tourne vers l’Amérique du Nord. Et son cinéma, dit indépendant, qui cherche à s’affranchir des contraintes et du formatage des grands studios. Les chiffres attestent du foisonnement de cette proposition : 9 jours, 5 lieux, 35 films (dont 4 avant-premières et 3 films pour les plus jeunes) une exposition sur la thématique, et pas moins de 140 séances ! Et si l’idée de « panorama » implique une certaine hauteur et un ensemble à embrasser, pas question de survoler les œuvres, neuf intervenants-invités seront là pour expliquer, éclairer le travail des cinéastes et débattre avec le public. Ainsi s’enchaîneront dix soirées exceptionnelles. 

Au programme

L’ouverture d’abord, le 10 novembre, au cinéma l’Odyssée de Fos-sur-Mer, confiée au critique de cinéma Frédéric Mercier : en avant-première, Winter Break d’Alexander Payne. Un filmdrame, comédie ou conte de Noël qui réunit un professeur contraint de surveiller des étudiants sur un campus pendant les vacances de Noël, un étudiant turbulent et une cuisinière qui vient de perdre son fils au Vietnam. 

Le 11 novembre, au cinéma Le Coluche à Istres, on retrouve Frédéric Mercier pour nous parler de l’inclassableet talentueux Paul Thomas Anderson dont on reverra avec gourmandise le délicieux Punch-Drunk Love, prix de la mise en scène à Cannes en 2002. Histoire poétique d’un Américain moyen, tombant « ivre amoureux » par l’intermédiaire d’un harmonium.

Le 12, au Comœdia de Miramas une table ronde animée par Vincent Thabourey fera un arrêt sur image(s) du cinéma indépendant canadien, suivie de Testament de Denys Arcand (en avant-première), satire d’un monde « woke » que le protagoniste incarné par Rémy Girard ne reconnaît plus. Le 13 novembre, à l’Espace Gérard Philipede Port-Saint-Louis-du-Rhône, conversation sur les réalisatrices québécoises avec Alicia Arpaia et, nouvelle avant-première, grinçante à souhait : le « kitsch et trash » Bungalow de Lawrence Côté-Collins, en présence de la réalisatrice. Le cauchemar d’un couple de néo-propriétaires désargentés. 

Le 14 novembre à l’Espace Robert Hossein à Grans, on retrouvera Vincent Thabourey et, via deux films, Ida Lupino, star de la Warner passée à la production et à la réalisation dans les années 1950, fuyant le glamour hollywoodien : The Bigamist, subtil drame d’amour à trois côtés, et Outrage qui porte sur un sujet rare et scandaleux à l’époque : les traumatismes d’un viol. Le 15, à Miramas, Thomas Grignon démontera la « mécanique » Wes Anderson dont on pourra voir le déroutant Asteroid City au casting aussi étoilé que la Voie Lactée. Le 16 à Istres, présenté par Adrien Dénouette, le teen movie brillera dans les eaux sombres avec l’excellent Falcon Lake de Charlotte Lebon ou s’achèvera dans un rite d’initiation étrange avec Ham on Rye de Tyler Taormina. Le 17, à Grans, après une conférence d’Adrien Dénouette, le crépusculaire Killers of the Flower moon, de Martin Scorsese qui souffle sur la plaie toujours ouverte de la colonisation américaine et de la spoliation des Amérindiens par les pionniers blancs. Le 18 novembre, à Fos-sur-Mer, après l’intervention de Guy Astic, les Monstres de David Cronenberg seront lâchés à l’écran avec Chromosome 3 et Scanners. Enfin, le 19 novembre, on réfléchira à Port-Saint-Louis-du-Rhône à la déconstruction des mythes américains expliquée par Julie Assouly et étayée par les opus des géniaux Joël et Ethan Coen : The Big Lebowski et Fargo.

ÉLISE PADOVANI 

Panorama
Du 10 au 19 novembre
Divers lieux, Bouches-du-Rhône
scenesetcines.fr

À Aubagne, place aux écritures contemporaines 

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© collectif cocotte Minute

Devenu un rendez-vous annuel incontournable de la scène régionale, Place aux compagnies qui signe sa huitième édition, accorde visibilité et logistique aux troupes du territoire. Trois lieux de la ville d’Aubagne accueillent les artistes, le Théâtre Comœdia, la Médiathèque Marcel Pagnol et La Distillerie qui conforte ici sa mission de lieu de fabrique destiné aux artistes régionaux.

Effervescence artistique 

En résidence à La Distillerie, la Compagnie Le Vaisseau usera de l’arme du rire et de l’imagination face à l’incompréhensible et aux angoisses métaphysiques avec Le Cabaret des Oiseaux (restitution le 11 novembre). La Cie Chabraque va explorer le monde des secrets, dans In Petto, au secret des cœurs (18 nov.) La Compagnie La Briqueterie s’interrogera sur les peurs qui traversent notre société avec État d’urgence, tristement contemporain (25 nov.). André, play like an old gentleman, please sera l’injonction formulée par la Compagnie Totem doublée du Collectif Kari Bur pour brosser le portrait de l’acteur et metteur en scène André Wilms (2 déc.). Le Collectif L’Agonie du palmier transforme le numéro de clown en expérience humoristique dans le Showroom club [titre provisoire](9 déc.), la Bretzel Compagnie entreprend de défricher le foisonnement des informations qui nous inondent par le biais des réseaux sociaux, 2.0/ Comment internet m’a colonisée (16 déc). Ajoutons les lectures théâtrales mises en espace avec la Compagnie Dispensa Barzotti qui titre en toute simplicité La fin du monde, et le Collectif Cocotte minute, Le journal d’Anne Frank, récit d’une vie cachée. Enfin, une première de création sera donnée au théâtre Comœdia, Life par la Cie Iota (30 nov.). Tout ceci sans compter le goûter des créations (rencontre professionnelle le 14 novembre) et le concert de clôture de Tante Hortense (16 déc). Effervescence on vous l’a dit !

MARYVONNE COLOMBANI

Place aux compagnies
Du 6 novembre au 16 décembre
Divers lieux, Aubagne
04 42 70 48 38 / 06 19 36 30 53 
ladistillerieaubagne.fr

Musiques contemporaines au féminin

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Coline Dutilleul © Koen Broos

C’est à nouveau une série d’événements qui s’articule autour de Présences Compositrices en ce mois de novembre. Organisé par l’association du même nom, dirigée par Claire Bodin, le festival propose à Toulon concerts, conférences et autres temps d’échanges questionnant la place encore fragile des femmes dans le monde de la musique contemporaine.

Le festival s’ouvre le 9 novembre sur une conférence dédiée à la place de la percussion chez les compositrices, donnée à 19h30 au Conservatoire de TPM par le percussionniste Thierry Miroglio. La journée du 10 novembre permet de découvrir, à 14h30 puis à 17h30, différentes animations gustatives, musicales et familiales dans les rues de Toulon. À 19h, Thierry Miroglio donne au Conservatoire un concert intitulé « Est/Ouest, les couleurs des rythmes ». Les choses s’intensifient samedi 11 novembre avec une journée dédiée à la problématique « Programmer les compositrices » organisée à la médiathèque de Chalucet de 9h à 17h30. La soirée prolonge ce temps de rencontre avec un concert de Romances et Lieder donné par la pianiste Aline Zylberajch sur un piano-forte et la mezzo-soprano Coline Dutilleul

Pour les grand.e.s et les petit.e.s

Dimanche 12 novembre se tient de 10h30 à 17h30 autour du Musée national de la Marine une journée intitulée « Compositrices au long cours ». Après une visite dans les rues du vieux Toulon articulée autour de de l’héritage maritime toulonnais, l’équipe s’ammarera au musée de la Marine le temps de visites thématiques et de moments musicaux en tous genres.

Le 13 novembre est consacré aux jeunes publics, le temps d’actions scolaires fortes. Le Théâtre Liberté proposera cinq représentations de Babils du Nil, création dédiée à la petite enfance, à 9h30, 10h30, 13h30, 14h30 et 15h30. Composée par Manon Le Pauvre, cette pièce pour voix, accordéon et dispositif électronique réunira les forces d’Arnaud Mazorati et Anthony Millet, sublimés par la scénographie d’Angélique Croissant. Tandis que le Conservatoire accueillera à 10h et 14h un concert conçu par la compositrice Auristelle pour les élèves d’école primaire.

Le festival se conclut le mardi 14 novembre de nouveau au Théâtre Liberté à 20h avec un concert en trio, en compagnie de la comédienne Coralie Zahonero. Les percussionnistes Adelaïde Ferrière et Emil Kuyumcuyan prolongeront le fil rouge tiré dès l’ouverture par Thierry Miroglio, de nouveau en compagnie de l’accordéoniste Anthony Millet. De quoi ouvrir nos perspectives sous l’angle de la joie et de la célébration.

SUZANNE CANESSA

Présences compositrices
Du 9 au 14 novembre à Toulon
presencecompositrices.com

Sortir les musiques censurées du silence

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Vladik Polionov © X-DR

C’est une nouvelle fois sur les lieux des plus grandes dictatures du XXe siècle que le festival des Musiques Interdites nous emmène cette année, avec un détour inhabituel et bienvenu par le Sud. La dix-huitième édition du festival dirigé par Michel Pastore frappera fort avec deux dates importantes en collaboration avec l’Opéra de Marseille les 14 et 18 novembre. Le concert du 14 novembre se tiendra au Silo sous la direction de Lawrence Foster, à la direction de l’orchestre qu’il aura accompagné douze ans durant. La mezzo-soprano Aude Extrémo et le baryton Mathias Hausmann interprèteront chacun à leur tour les Kindertotenlieder de Gustav Mahler. Ces chants pour des enfants morts, inspirés par les poèmes autobiographiques de Friedrich Rückert, participeront à leur tour au destin tragique du compositeur. La jeune enfant de Gustav et Alma Mahler, Anna-Maria, décèdera en effet deux ans après leur création. Le Concerto à la mémoire d’un ange d’Alban Berg s’intercalera entre les deux lectures de ce cycle funèbre. Ici encore, c’est de perte qu’il est question : celle de la seconde fille d’Alma, Manon, proche du compositeur. Puis du compositeur Alban Berg lui-même, qui mourra en 1935, un an avant de voir ce concerto créé. La violoniste Albena Danailova donnera de la voix à ce concerto hanté, marqué par l’inquiétude de ces musiciens viennois face à la montée du nazisme.

De la Russie à l’Argentine

Le concert du 18 novembre se tiendra dans le foyer de l’Opéra de Marseille : les Poésies Populaires Juives de Dmitri Chostakovitch seront interprétées par Aude Extrémo, la soprano Charlotte Despaux et le ténor Samy Camps, accompagnés par le piano de Vladik Polionov. Le geste politique du géant russe, célébrant en 1948 la poésie yiddish au grand dam de la politique stalinienne antisémite, a gardé aujourd’hui toute sa force. La pièce pour piano Patrie de Vsevolod Zaderatski, composée deux ans auparavant, s’empare du langage musical pour dire l’horreur du goulag vécue par le musicien ukrainien. 

Deux autres dates s’annoncent également prometteuses. Celle du 8 novembre accueillera à partir de 18h au Musée d’Histoire de Marseille pour un documentaire dédié à Zaderatski, réalisé par Garard Monchablon, illustré en musique par le Prélude et fugue n°12 du compositeur, écrit lors de son internement au Goulag de Kolyma de tête – aucun piano n’étant évidemment alors à la portée du musicien – et interprété ici de nouveau par Vladik Polionov. 

Et celle du 16 novembre à l’Abbaye Saint-Victor unira de nouveau la voix lyrique d’Aude Extrémo à celle, récitante, de Violeta Sanchez, accompagnées par la guitare de Jérémy Péret. Les poèmes de Federico Garcia Lorca et Atahualpa Yupanqui, poètes brimés par les dictatures d’Espagne et d’Argentine, dialogueront avec les chansons populaires d’alors.

SUZANNE CANESSA

Du 8 au 18 novembre à l’Opéra de Marseille, au Silo, au Musée d’Histoire de Marseille et aux cryptes de l’Abbaye Saint-Victor

Ces corps qui nous disent

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Tendre carcasse © N.F Hernandez

L’adolescence n’est pas  de tout repos ! Cette période de la vie qui associe les transformations physiques et biologiques aux préoccupations psychologiques et sociales est elle libératrice ou contraigante, exaltante ou angoissante, définitive ou transitoire ? Comment se reconnaître dans une enveloppe aux variations incontrôlables, être en accord avec soi-même lorsque tout semble nous échapper ? 

Arthur Perole a mené en 2019 et 2021 un travail avec des collégiens et collégiennes de 4e puis de 3e au collège Général Ferrié à Draguignan, initiant alors ses recherches sur les questions qui se retrouvent au centre de sa pièce Tendre Carcasse « Comment notre corps nous définit-il ? Qu’est-ce qu’il raconte de nous-mêmes ? Comment l’histoire personnelle et collective transforme-t-elle notre corps ? ». La danse occupe une place privilégiée dans ce questionnement. Depuis ses premiers solos le chorégraphe entreprend une démarche singulière de biochorégraphie coécrite avec ses interprètes, et avec Nos corps vivants, sa création 202, il s’intéressait à la relation entre notre corps et les codes visibles de son langage, le transformant en nouvelle grammaire chorégraphique.

En train de grandir

Les réflexions nées lors de ces étapes ont conduit Arthur Perole à l’élaboration de son nouveau quatuor où il s’agit aborder par le corps « adulescens » (littéralement : en train de grandir) la place de la transformation corporelle  dans la construction de l’identité de chacun. Sa matière artistique se nourrit d’une collecte d’histoires, de gestes et sur scène mots et mouvements se rejoignent. Les récits évoquent les danses préférées, les manies, les tics, les gestes aimés ou détestés, la relation du corps au monde est présentée dans ses affects et ses rejets. Un sentiment d’urgence anime le tout, né de la nécessité de dire afin de comprendre, d’être pleinement soi.  Les interprètes Arthur Bateau, Matthis Laine Silas, Elisabeth Merle et Agathe Saurel, apportent leur expérience à l’écriture d’Arthur Perole pour ce travail délicat qui se refuse à tout compromis. 

MARYVONNE COLOMBANI

9 et 10 novembre
Pavillon Noir, Aix-en-Provence
preljocaj.org